Le lendemain de notre arrivée à
Soller, nous repartons pour Palma : une journée
de navigation en contournant l'île par l'ouest.
Avec ses falaises à l'aplomb de la mer,
la côte de Majorque offre un cadre assez
spectaculaire!
Nous ferons presque toute la route au moteur
: le vent a trop soufflé au début
du mois, il est bien fatigué maintenant!
Ligne de traîne sortie, nous prenons le
temps de zigzaguer pour passer sur les bancs de
thons : mais sans succès : pas une seule
prise!
Grenouille longeant les falaises
de Majorque
Soudain, odeur de caoutchouc brûlé
à l'intérieur!!!! C'est dans le
compartiment moteur : le frigoboat, système
de production de froid entraîné par
le moteur, est grillé!!!! Problème
de thermostat ou autre, il a du tourner sans arrêt
depuis notre départ!!! Heureusement, il
nous reste le frigo sur batteries!
C'est la rentrée des CE2 (Philippine)
et le deuxième jour de classe pour les
autres.
Séance coiffeur + Panne Moteur !
S'ensuit une grosse séance de coupe de
cheveux : Juliette et Philippine passent en premier,
sous les doigts experts de Carole. Excédée
par le temps passé à coiffer ces
cheveux emmêlés par le sel et le
vent, Carole avait annoncé l'imminence
de l'événement. Le jour est arrivé!
La coupe est radicale, et les filles repartent
dans leur cabine en râlant!
C'est ensuite au tour de Carole. Mais alors qu'elle
m'explique la théorie d'un carré
réussi, le moteur s'arrête! Impossible
de redémarrer! La situation est très
mauvaise: sans moteur le long d'une côte
rocheuse: ça risque de mal tourner. Je
repasse dans ma tête ma mini-formation en
mécanique mais cela reste sans effet sur
le moteur qui reste muet!
Heureusement, Grenouille est à moins d'un
mille devant nous! Nous les appelons par radio
mais pas de réponse! Vite le GSM! Ouf ils
répondent!
Quelques minutes plus tard, nous sommes remorqués
par le bateau-ami. Merci les Grenouille! Nous
vous devons une fière chandelle!
Mais tout n'est pas réglé : reste
à trouver le moyen de ramener Apache à
bon port! A la queue-leu-leu, nous recherchons
un endroit où mouiller aussi spacieux que
possible pour permettre la manuvre. Bien entendu,
nous ne trouvons pas. Entre-temps, le vent a fraichit,
ajoutant un peu de tension...
Grenouille nous laisse au large, le temps d'aller
repérer une petite crique. Il annonce la
couleur: elle est petite, et il y a du monde,
mais en jouant serré, ça devrait
passer! De toute façon nous n'avons pas
le choix.
Nous nous approchons autant que possible à
la voile, puis affalons. Coup de chance, 2 bateaux
sortent de la crique, libérant un peu d'espace!
Grenouille nous remorque alors au ralenti, face
au vent, et vire au dernier moment pour éviter
les rochers. Nous larguons le bout de remorque,
puis jetons l'ancre en croisant les doigts pour
que ça tienne du premier coup. Ouf, tout
se passe bien: le bateau est immobilisé.
Il est tard : nous remettons la résolution
de la panne au lendemain et profitons de la soirée:
assez d'émotions pour aujourd'hui!
Escale forcée à Palma de Majorque
-Séance coiffeur, suite - 1ère dent
de Fleur
Le lendemain, le moteur démarre sans problème
: nous arrivons au port de Palma 1 heure après,
moteur à 1500 t/mn pour limiter le risque
de nouvelle panne.
Nous nous mettons aussitôt à la recherche
d'un mécanicien pour nettoyer le réservoir
de gasoil : car la cause du problème est
à priori identifiée : il y a un
dépôt important au fond du réservoir:
lorsqu'une saleté est aspirée, elle
vient couper l'alimentation en gasoil... et le
moteur par la même occasion.
Le nettoyage du réservoir était
sur notre interminable "TODO" avant
le départ, mais nous avions décidé
de décaler l'opération. Mal nous
en a pris!
Entre deux travaux forcés à Palma,
Carole a droit à sa coupe de cheveux :
beaucoup moins raté que ma précédente
tentative il y a quelques années, mais
le verdict des enfants est sans appel: "c'est
horrible!".
Un peu plus tard, nous découvrons la première
dent de Fleur! Super-Fleur : pas de pleur ni de
fièvre à l'arrivée de cette
dent : c'est une bonne nouvelle pour la suite!
Nous profitons de cette escale pour essayer de
régler le problème de VHF: nous
nous sommes aperçus à l'occasion
de cette panne de moteur que sa portée
était très limitée. Problème
de VHF proprement dite? D'antenne? De câble
entre les deux? Ça a l'air tout simple mais rappelons
qu'une vingtaine de mètres séparent
la VHF de l'antenne, dont 15 dans le mât,
durement soumis aux intempéries. Difficile
d'identifier la cause du problème.
N'ayant pas les appareils des professionnels permettant
de mesurer la qualité du signal, nous devons,
pour tester chacune de nos opérations,
appeler une station (capitainerie, club nautique,
marina...). Mais lorsque cela répond, cela
ne veut pas dire que le problème est réglé
car ces stations ne sont pas toujours suffisamment
éloignées, et lorsque cela ne répond
pas cela ne signifie pas forcément que
cela ne marche pas : il peut très bien
n'y avoir personne au bout du fil!
Nous tentons également sans succès
de trouver quelqu'un pour réparer le frigoboat,
mais sans succès!
Bref, si on ajoute à cela les averses
pendant qu'on est en tête de mat, la tension
qui monte dans le bateau car les sorties sont
à nouveau limitées par (tout) le
temps consacré aux travaux, une multitude
d'autres petits ennuis qui nous tombent dessus
tous en même temps, et le tarif à
la nuit du port (90 euros!), vous comprendrez
que nous sommes heureux de pouvoir enfin quitter
Palma après 4 jours de cette escale forcée!
La veille du départ, les travaux enfin
terminés, nous faisons une rapide visite
de Palma.
Nous retiendrons 3 choses :
1. Palma est une ville très riche.
2. Après la sortie de l'école, les
Mamans boivent une bière dans les bars
installés au milieu des parcs pour enfants.
3. pendant ce temps ces derniers grignotent un
goûter salé (des pipas).
Petite promenade à Palma
22 septembre - Traversée Majorque - Ibiza
Pas de vent: les 10 heures de traversée
se font à nouveau au moteur! Ça devient
lassant et nous n'imaginions pas la voile ainsi!...
Mais positivons : au moins, nous pouvons vérifier
que le problème de moteur est bien réglé!
Dans le carré, l'école est maintenant
bien organisée, mais Domitille manque d'occupation
et perturbe un peu la classe. La maîtresse
me l'envoie pour une séance de lecture
: aujourd'hui, le "é"!
Les réflexes de sécurité
commencent aussi à s'installer : les enfants
n'oublient plus de demander l'autorisation à
chaque entrée/sortie du carré/cockpit.
Même si nous sommes plus conciliants avec
Juliette et Philippine en navigation côtière
par temps calme, le réflexe gilet de sauvetage
est lui aussi bien acquis par tous pour les traversées.
D'ailleurs, vers 14h, lorsque j'appelle "dauphins!",
les enfants arrivent très vite, gilets
mis, et pendant quelques minutes, 5 dauphins sautent
et font des vrilles devant l'étrave du
bateau. Je mets plus de gaz espérant atteindre
une vitesse adaptée à leurs jeux,
mais ils finissent par se lasser et disparaissent
comme ils sont arrivés!
Ibiza
- 23 au 27 septembre 2007
23 au 25 septembre - Cala Portinatx - Marin
et Domitille enlèvent les bouées
- Premier bain de Fleur
Nous sommes bien secoués pendant les derniers
milles de la traversée Majorque - Ibiza.
Alors qu'on pensait qu'elle se plaignait simplement
parce qu'elle ne voulait pas travailler, Philippine
finit par vomir.
Domitille gère très bien ces moments
: dès que ça bouge, elle va s'allonger
et dort pendant des heures. Quand elle se lève,
elle est en pleine forme!
Nous arrivons vers 18H à la Cala Portinatx,
jolie crique à la pointe nord de l'île
d'Ibiza.
Le soir, nous nous offrons un restau avec les
Grenouille, où les adultes se partagent
en terrasse la pêche du jour : 2 sars, 1
dorade et 4 rougets (la pêche du coin, pas
la nôtre: nous n'avons rien péché
depuis notre départ de France!). Pendant
ce temps, les enfants mangent une pizza à
l'intérieur en regardant "Mission
Impossible" en espagnol!
Nous sommes les seuls clients du restau : arrivés
trop tôt pour l'heure espagnole? Non, le
patron nous confirme que la saison est quasi finie
: il marche encore à plein à midi,
mais le soir c'est vide.
Nous sommes encore très secoués
toute la nuit.
Séance
détente
Le lendemain, c'est le premier vrai jour de détente.
Nous profitons de cette piscine aux eaux turquoise.
Domitille se baigne sans bouées, palmes
aux pieds, et s'en sort très bien. Marin
rechigne à essayer, mais finit par trouver
ça super et veut aussi enlever les palmes!
Il réussit à faire quelques mètres!
C'est rassurant car nous comptons bien qu'ils
se débrouillent tous les deux très
vite à la nage!
C'est aussi le premier bain de Fleur depuis le
départ!
Le soir nous recevons un BMS (Bulletin Météo
Spécial) annonçant un gros coup
de vent (7 à 8 Beaufort) plus au nord de
la zone. Nous décidons par prudence de
nous éloigner le lendemain du mauvais temps
et d'aller trouver un abri à l'ouest de
l'île.
25 au 27 septembre - San Antonio - Mer forte -
2ème dent de Fleur
Nous arrivons à San Antonio dans l'après
midi. Pas terrible comme abri : avec cette houle,
impossible de fermer l'il de la nuit! Le vent
se lève et vers 4H du matin, craignant
un dérapage sur un bateau tout proche,
je monte veiller jusqu'au matin.
Les enfants s'accommodent beaucoup mieux que nous
de ces conditions et dorment très bien,
eux!
Le lendemain, quelques achats au seul ship du
coin et quelques courses. Le vent ne faiblit pas
et nous préférons rester une nuit
de plus plutôt que reprendre la mer.
San Antonio en fin de journée
Mais cette fois, nous prenons les devants et
mettons en pratique la "méthode de
l'ancre traversière" enseignée
par les Grenouille : cela consiste à placer
une deuxième ancre sur le côté
du bateau, et de tirer dessus de façon
à désaxer légèrement
le bateau du lit du vent, jusqu'à trouver
un compromis correct entre la prise au vent (qui
augmente avec l'angle du bateau par rapport au
lit du vent) et l'effet de la houle (qui augmente
avec l'angle du bateau par rapport au sens de
la houle).
Sur le coup, l'opération s'avère
miraculeuse : le bateau ne bouge plus!
Mais dans la nuit, le vent tourne et le bateau
lui offre alors tout le flanc... nous remontons
l'ancre traversière pour éviter
le dérapage.
Vaut-il mieux passer ses nuits à essayer
d'adapter son mouillage aux changements de météo
où à supporter ces changements?
Après cette nouvelle nuit pourrie, et la
fatigue qui commence à nous peser, nous
nous posons la question!
Le lendemain matin, nous partons avec Alex en
annexe chercher du pain pour le petit-déjeuner
: à l'arrivée, il y a une barre
pas facile à négocier avec une telle
embarcation : à l'aller, nous manquons
de peu de chavirer, et au retour, nous enfournons
: résultat: la moitié du pain est
trempée! Il n'y a que des Français
pour aller chercher du pain dans des conditions
pareilles!
Pas question de rester une nuit de plus! Après
avoir vérifié la météo,
nous quittons San Antonio dans l'après-midi.
Remontée de l'ancre difficile: la chaîne
se coince dans le guindeau (moteur qui remonte
la chaîne). Impossible de la décoincer.
Il faut remonter les 20 derniers mètres
à la main! Heureusement, Carole m'aide
bien à la barre et cela se fait sans trop
de mal.
Ensuite, pendant 2 heures, nous faisons face
au vent et à des creux de 4 mètres.
Pour la première fois, nous nous sommes
assurés avec les harnais. Régulièrement,
des vagues déferlent et couchent le bateau
: c'est à la fois très impressionnant,
et rassurant de constater le bon comportement
du bateau dans ces conditions.
A l'intérieur, l'école s'arrête
car ce n'est vraiment pas tenable.
Nous nous inquiétons pour Fleur car le
bateau tape régulièrement au creux
des vagues: elle doit rebondir de tous les côtés
dans sa bannette! Carole va jeter un il : elle
dort à poings fermés, ça
bouge, mais ça va. Et puis elle est protégée
par la toile antiroulis d'un côté,
et par des tonnes de paquets de couches partout
ailleurs!
A propos de Fleur, plus tôt, nous avons
découvert qu'une deuxième dent commençait
à pousser! Brave Fleur qui supporte tout
ça avec le sourire!
Après avoir contourné une presqu'ile,
notre nouveau cap nous offre immédiatement
des conditions de navigation plus confortables
: si les creux sont toujours là, les vagues
et le vent vont maintenant dans le même
sens que nous.
Nous descendons vers le sud de l'île, passant
entre la côte et des petits ilots aux reliefs
très impressionnants: un d'eux culmine
à près de 400m de hauteur pour à
peine plus de long!
27-28 septembre - Cala Llentresca
ufs ou galets ?
Nous mouillons dans la Cala Llentrisca, qui
présente une succession de petites plages
de galets blancs, le tout avec une eau transparente...
sitôt mouillés, sitôt baignés!
Le lendemain, courses d'annexes et PMT (palmes,
masque, tuba) sont au programme pour les plus
"sportifs".
Dans une crique, nous trouvons un morceau de crâne
avec un trou sur le dessus: vraisemblablement
celui d'un dauphin, ce trou devant correspondre
à l'évent.
Formentera
- 28 septembre au 2 octobre 2007
28-30 septembre - Espalmador : Plage de rêve
et petits hommes verts
Petite île située au sud, entre
Ibiza et Formentera, Espalmador nous offre la
plus belle plage depuis le départ: sable
blanc, eau turquoise à 26° (nous sommes
partis de Canet il y a quinze jours, et l'eau
était à 18°, ce qui n'était
déjà pas si mal pour une fin de
saison). De plus les bouées "européennes"
(subventionnées par l'Europe sous prétexte
que tous les européens vont polluer les
plages Espagnoles) ont le double avantage d'être
sécurisantes car solidement amarrées
au fond, et gratuites!
Revers de la médaille: il y a beaucoup
de bateaux, et les fonds sont jonchés de
déchets plastiques. Comment les gens qui
ont la chance de profiter d'endroits pareils peuvent-ils
les polluer ainsi?
En fin de journée, nous nous baladons
sur la plage et profitons de la jolie lumière
du soir pour faire des photos.
Nuit excellente, enfin!
Le matin, nous allons voir une épave sur
la côte: à proximité, nous
découvrons une des bouées européennes.
La bouée s'est décrochée,
laissant le bateau s'échouer sur les rochers!
Qui a dit que ces bouées étaient
sécurisantes, déjà? Il est
d'ailleurs étonnant que personne n'aie
pensé à enlever cette bouée
depuis l'accident!
Sur la plage nous voyons soudain sortir des buissons
un défilé d'extra-terrestres! En
regardant mieux, on finit par reconnaître
des êtres humains. Mais pourquoi sont-ils
verts? Et tout nus?
Ces trois couples de nudistes sortent en fait
d'un bain de boue!
L'après-midi, nous partons à la
recherche de cet endroit. L'île étant
très étroite, nous découvrons
très vite un grand marécage d'eau
de mer quasi à sec. Les quelques flaques
sont saturées de sel, lequel leur donne
des teintes rouge et vert.
Malgré l'odeur pestilentielle, nous voilà
quelques minutes plus tard vautrés comme
des cochons dans la boue!
De retour à la plage, à notre tour
de jouer les extra-terrestres!
Des Apache
et des Grenouille sont cachés  
sur cette photo...
30 septembre - 1er octobre - Formentera
Formentera est à moins d'1/2h d'Espalmador.
Nous passons faire le plein au nord de l'île,
au port de la Savina. Puis nous rejoignons à
l'Est la Cala Pujols, une anse protégée
du vent par une petite falaise d'une vingtaine
de mètres. L'eau est vraiment transparente
: nous voyons très nettement notre ancre
à 10 mètres de fond!
Juliette, Marin et Domitille jouent les intrépides
en sautant du haut des plongeoirs offerts par
la paroi rocheuse.
Le soir, petite virée dans la ville d'Es
Pujols, à 5mn en annexe. Nous passons dans
un cybercafé récupérer nos
mails. Beaucoup nous demandent des nouvelles.
Nous avions promis un site web à cet effet,
et plus de 15 jours après notre départ,
toujours rien!
Il faut dire que le manque de sommeil nous empêche
de trouver l'énergie nécessaire
à la tâche. Egoïstement, la
nuit quand nous pouvons, nous essayons de dormir!
Et les journées passent tellement vite!
Mais promis, c'est pour bientôt!
Retour
des Baléares - 2 octobre 2007
Nous traversons au plus court, direction le cap
de la Nao : une dizaine d'heures de navigation
plein ouest avec 10 à 15 nuds vent arrière.
La houle nous fait rouler fortement et à
mi-parcours, c'est l'empannage accidentel! Grand
bruit sec : quelque chose s'est cassé.
Coup de chance, rien de grave: ce n'est
que le rivet de fixation du hale-bas à
la bôme qui a sauté. Je fais une
réparation provisoire avec un rivet un
peu petit; on fera quelque chose de plus sérieux
à l'arrivée!
Je commence à prendre un peu plus part
à l'école et Carole un peu plus
à la navigation et la conduite du bateau.
Tout étant allé très vite
jusque là, chacun s'est concentré
sur ses propres domaines, et la répartition
des tâches est à mon avantage: en
quantité comme en intérêt!
D'un commun accord, nous décidons d'équilibrer
tout cela. Je promets de faire mon possible
mais il faut se rendre à l'évidence:
il y a des domaines où Carole est nettement
plus efficace!