Formentera: Puerto de
la Savina
Il est 7h30. Bien que nous ayons appuyé
sur les freins toute la nuit, nous arrivons un
peu tôt et la station service n'est pas
encore ouverte. Il y a 2 bateaux à couple
devant la pompe... Et les 2 marinas du port sont
complètement saturées... Nous nous
installons, avec la naïveté dont savent
faire preuve les Français en voyage, sur
le seul ponton libre...
Ça ne rate pas: 1/2h avant l'ouverture annoncée
de la station service, un policier jaune fluo
et noir avec lunettes de soleil et oursins sous
les bras nous demande de dégager illico
car "c'est un ponton commercial, pas pour
la plaisance". Oui mais on attend pour aller
faire le plein". "Vous ne pouvez pas
rester ici"... "Oui mais c'est libre!
On ne va pas tourner en rond en attendant que
la station ouvre"! " Ce n'est pas mon
problème, vous ne pouvez pas rester ici".
On fait durer comme ça un bon quart d'heure,
et en voyant une place se libérer devant
la station service de la deuxième marina
(il faut le faire: 2 stations à 100m l'une
de l'autre!), nous disons adios à cet aimable
policier et allons patienter tranquillement le
1/4 d'heure suivant devant l'autre station service.
Bien sûr, "si tous les bateaux faisaient
comme ça"!... Mais nous notons encore
une fois la différence d'accueil des bateaux
de voyage entre ici et "là-bas".
Ici nous faisons partie de la masse et redevenons
des plaisanciers comme les autres. A côté
de tous ces bateaux rutilants dont beaucoup sont
de location, on passe pour des "gens du voyage"
et imaginons sans peine ce qu'ils ressentent en
arrivant dans un nouvel endroit...
Pendant l'attente, petit tour en "ville"
pour faire quelques courses dans les rares magasins
ouverts et récupérer les mails.
Plein fait (de gasoil seulement: pas d'eau à
cette station service, et Mr oursin sous les bras
nous a interdit de prendre l'eau aux robinets
voisins...), nous filons sur Espalmador, à
moins de 30mn, en croisant les doigts pour qu'il
y ait une bouée disponible: déjà
en octobre dernier, il y avait du monde!
Espalmador : Playa Espalmador
En arrivant, nous découvrons avec plaisir
que Yann-Emilie, Semeda et Texas (rencontrés
aux Açores), sont là eux-aussi!
Et il y a quelques bouées libres! Nous
en prenons une et montons rapidement l'annexe,
pliée sur le pont depuis Les Bahamas et
nos problèmes de carburateur. Nous ne l'avons
pas testée depuis la réparation
aux Açores.
Cool, ça démarre!... :-) et puis...
pas cool, ça s'arrête!... le moteur
ne veut plus rien savoir... :-(
L'équipage du bateau voisin qui partait
à la plage, vient nous proposer de nous
remorquer: avec plaisir! D'autant que nous sommes
à plus de 200m du bord, face au vent!
La plage est toujours aussi belle. Et même
si le mouillage est quasi saturé (malgré
l'interdiction, il y a presque autant de bateaux
sur ancre que sur bouées), la plage est
grande et loin d'être surpeuplée.
Même les énormes catas promène-c...,
qui échouent sur la plage, sont trop loin
de nous pour gâcher notre plaisir! Espalmador,
un peu d'Antilles en Méditerranée!
Peu après dans la matinée, arrive
Bellegaff (aussi rencontré aux Açores).
Les 5 équipages se retrouvent sur la plage
et se félicitent de pouvoir profiter de
ces dernières semaines en Méditerranée,
alors que les Bretons ont terminé leur
boucle atlantique, et, pour ceux encore en vacances,
qu'ils se baignent en combinaison!...
Jean-Michel, de Semeda, trouve l'origine de la
panne de notre moteur d'annexe, et une solution
palliative pour y remédier! Ouf, nous sommes
à nouveau autonomes! Rien de pire en effet
que de ne pas pouvoir compter sur son annexe au
mouillage!
Nous restons 4 jours vraiment relaxants pour la
première fois depuis... longtemps (quoique,
c'est vrai, le retour sur terre commence à
nous travailler...), à profiter de cette
belle plage, les enfants se régalant avec
tous leurs copains...
Puis ce sont à nouveau les séparations
(provisoires?): Bellegaff part sur Ibiza, Semeda
directement en France, Yann-Emilie et Texas sur
Majorque.
Quand à Apache, direction la Cala Pujols
toute proche, pour voir si comme pour Espalmador,
la deuxième impression est aussi bonne
que la première.
Beaucoup de bateaux sur l'eau,
mais la plage est à nous!
Formentera : Cala Pujols
A peine 1h de nav pour aller sur la Cala Pujols.
L'eau est un peu plus agitée que l'an dernier
avec les Grenouille, mais ce mouillage tranquille,
entouré de falaises nous séduit
toujours autant! Baignades autour d'Apache, PMT
dans les rochers et sauts depuis les falaises,
ambiance détente assurée!
Et puis la petite ville d'Es Pujols (à
moins de 10mn d'annexe) est sympa aussi. A voir
parader tout ce monde très sophistiqué
(même à la plage, seins nus mais
méga-colliers et lunettes à la Paris
Hilton...), on se croirait un peu dans le monde
de Barbie ou dans une émission de téléréalité
de M6.
Quelle est votre couleur préférée?
Les horaires d'ouverture des boutiques (18h-2h
du mat), prouvent d'ailleurs que comme sa grande
sur Ibiza, cette île vit plutôt
la nuit! Mais il règne ici une atmosphère
de vacances dont, au risque de nous répéter,
nous sommes heureux de pouvoir profiter!
Après une deuxième journée
aussi parfaite que la première, nous décidons
de lever l'ancre dans la soirée direction
Majorque. La houle, qui a gâché notre
sommeil la nuit dernière, est toujours
là: alors quitte à mal dormir, autant
avancer!
Adios Formentera!
Majorque
- 3 au 6 août
Ile
Cabrera - Cala Mondrago - Porto Petro - Cala Mitjana
- Porto Colom
Ile Cabrera
Après une nav de près de 15h quasi
entièrement au moteur, nous arrivons sur
l'île Cabrera, au sud de Majorque. Nous
en avons beaucoup entendu parler: il faut réserver
au moins 3j avant pour avoir une place aux bouées.
Le mouillage est interdit partout autour de l'île,
sauf dans la cala Puerto de Cabrera. Même
pour y naviguer, il faut un permis spécial!...
Ça doit valoir le coup d'il! Comme c'est
sur notre route, et bien que nous n'ayons pas
les autorisations nécessaires, nous tentons
notre chance!
Nous entrons donc dans la zone interdite sans
le fameux sésame, puis dans la cala Puerto
de Cabrera... sans intérêt, vraiment!
Nous ressortons aussi sec! Même avec les
autorisations, même s'il y avait une bouée
libre ou une place au mouillage, nous ne resterions
pas!
Cala Mondrago
Nous poursuivons donc notre route jusqu'à
Majorque. Passé le cap Salinas, à
l'extrême sud-est de l'île, nous longeons
la côte est vers le nord, visitant les nombreuses
calanques de cette jolie côte rocheuse.
Il est 17h lorsque nous mouillons dans la cala
Mondrago. Nous prenons une belle place laissée
par 2 voiliers qui viennent de sortir. Il y a
de nombreux bateaux, à voile et à
moteur, et les 2 plages au fond de cette jolie
calanque sont bondées.
Mais c'est la bonne heure pour arriver: petit
à petit ça se vide, et vers 20h,
il n'y a plus que quelques voiliers au mouillage
et la plage s'est vidée!
"Ski nautique" (allongés sur
un bodyboard) derrière l'annexe pour les
enfants, baignade autour d'Apache dans 6m d'eau
(Juliette, comme un poisson dans l'eau, va jusqu'au
fond récupérer le Spyder-Man de
Marin), tentatives d'escalade dans les falaises
depuis la mer -- mais ça coupe trop lesà
pied nus! --, balade à pied dans la pinède...
Bonne ambiance, bonne ambiance, comme dirait Pedro!
Nous passons une nuit correcte malgré un
peu de houle. Le lendemain, nous constatons que
les bateaux commenent à arriver vers 10h...
et à midi, il n'y a plus de place au mouillage:
de nombreux bateaux arrivent, tentent des mouillages
trop serrés, abandonnent la partie sous
les regards sinon hostiles, du moins inquiets,
des autres bateaux, et repartent tout penauds
tenter leur chance ailleurs. Le mouillage appartient
à ceux qui se lèvent tôt!
Notre stratégie pour la suite est toute
trouvée: changement de calanque le matin
ou le soir, et détente au mouillage toute
la journée!
Nous profitons donc encore une journée
de ce bel endroit, et en fin d'après-midi,
nous rejoignons Porto Petro, à une 1/2h
de nav.
Porto Petro
Annoncée comme pittoresque par notre vieux
guide, la ville de Porto Petro ressemble en fait
à n'importe quel petit port méditerranéen,
avec ses petits restos en bord de mer et ses boutiques
d'accessoires de plage, mais sa petite taille
en fait une parfaite escale d'un soir... nous
qui n'allons généralement en ville
que pour une petite balade, récupérer/envoyer
nos mails et acheter des fruits et légumes!
Nous y passons une nuit houleuse, encore :-(, et repartons, petit-déjeuner pris, pour
notre prochaine cible: la cala Mitjana, quelques
milles plus au nord.
Cala Mitjana
Moyenne? Le nom est mal trouvé! Vraiment
hors du commun, cette minuscule calanque verdoyante
et prolongée par une toute petite plage,
est un véritable petit coin de paradis.
Elle est bordée par une propriété
magnifiquement entretenue.
Lorsque nous arrivons à 9h, l'endroit
est vraiment paisible, la plage est vide, et il
n'y a que 3 voiliers (tous français), "cul
au rocher". Il faut dire qu'avec moins de
50m de largeur, la calanque ne fournit pas l'évitement
pour le mouillage sur ancre seule.
Nous pourrions mouiller vers l'entrée de
la calanque, plus large, mais quel dommage de
ne pas profiter de ce cadre! Nous nous mettons
donc nous aussi cul au rocher. C'est d'ailleurs
une première pour nous!
2 heures après notre arrivée, la
calanque s'est considérablement remplie,
de toutes sortes de bateaux y compris l'inévitable
promène-c..., qui lui n'a pas d'autre choix
que de mouiller à l'entrée, heureusement!
La journée passe paisiblement et nous
resterions bien pour la nuit, mais le vent de
travers fait déraper l'ancre, et nous préférons
déménager avant que le vent ne monte
encore et que la situation ne tourne au cauchemar!
Nous poursuivons donc notre remontée vers
le nord jusqu'à Porto Colom.
Porto Colom
A peine amarrés à la seule bouée
libre du port, nous allons nous promener dans
Porto Colom, notre dernière escale à
Majorque. Là encore, déception:
la ville est vraiment sans intérêt!
Nous hésitons même à repartir
le soir même pour une nav de nuit pour Minorque,
mais optons finalement pour une nav de jour afin
de profiter encore de la vue des côtes de
Majorque.
En attendant, nous passons enfin une très
bonne nuit dans cette anse bien abritée!
Le lendemain, petit-déjeuner pris, nous
levons l'ancre: adieu Majorque!
Minorque
- 7 au 16 août
7-8
août: Cala Macarella
Après 8h de nav tout au moteur
(décidément!...) sur une mer tranquille,
nous arrivons sur notre première cible
minorquine: la cala Macarella, à l'ouest
de la côte sud.
Il est 15h lorsque nous arrivons: ça ne
rate pas: il y a beaucoup de monde, tant au mouillage
que sur les 2 plages au fond de la calanque.
Il faut dire que le cadre est vraiment attrayant:
falaises, pinède, plage de sable blanc,
eau turquoise, tout y est!
Nous mouillons à l'entrée de la
calanque, en pensant nous déplacer plus
tard, lorsque tout le monde sera parti... Mais...
personne ne part! Au contraire: d'autres bateaux
viennent se serrer entre les autres! Pour nous
c'est la surprise: on nous a tellement dit qu'il
y avait beaucoup moins de monde à Minorque!
Quand, à la tombée de la nuit,
un fort ressac commence à se faire sentir,
puis dans la nuit à mettre les bateaux
dans tous les sens, nous sommes bien contents
d'avoir pris nos distances! Toute la nuit, l'inquiétude
est palpable au mouillage: nous voyons des faisceaux
de torches vérifier la distance entre bateaux
et entre bateaux et falaises...
Le lendemain, le calme revient. Nous ne savons
pas s'il y a eu des dégâts, mais
encore une fois, nous constatons que l'on peut
passer rapidement du rêve au cauchemar!
Après une dernière baignade autour
du bateau pour les uns et l'exploration de cavernes
sous-marines pour les autres, nous levons l'ancre
direction Mahon, la capitale de Minorque: un coup
de vent est attendu dans la soirée et pour
les 2 prochains jours, et nous souhaitons nous
mettre à l'abri dans cette anse bien protégée.
8-9 août: Mahon
On ne peut pas dire que nous soyons attendus
à Mahon: les nombreuses "marinas",
de toute façon saturées, ne prennent
même pas la peine de répondre à
nos appels... Nous tentons de prendre une bouée
qu'un bateau voisin nous affirme libre, mais un
zodiac des autorités portuaires vient rapidement
nous déloger. Nous demandons si nous pouvons
mouiller là, comme d'autres bateaux alentours,
mais on nous répond que c'est le meilleur
moyen d'avoir affaire à la police... Nous
finissons, alors que le vent commence à
monter, par trouver une place dans la cala Jorge,
une des zones de mouillage de cette anse gigantesque,
où nous retrouvons les Bellegaff!
Le premier soir, balade dans Es Castels, village
limitrophe de Mahon.
Puis retour au bateau, où nous passons
une mauvaise nuit, réveillés toutes
les 10mn par l'alarme de dérapage d'ancre
du GPS... nous sommes en effet tout près
des rochers, et préférons être
réveillés par cette alarme que par
un rocher trouant la coque! En fait, le vent tourne
beaucoup, et l'alarme est déclenchée
par les mouvements du bateau autour de l'ancre.
Le lendemain, balades dans Mahon, la capitale
de Minorque... très jolie ville avec de
vieilles pierres, chargée d'histoire et...
de touristes (mais c'est de saison)!
Vérification météo: le coup
de vent finit plus tôt que prévu:
nous décidons de lever l'ancre en début
d'après-midi. Direction la cala Grao et
l'île Colom.
9-11 août: Ile Colom / Es Grao
Nous levons l'ancre avec Bellegaff, pour qui
c'est la dernière journée aux Baléares.
1h à peine de route entre Mahon et la cala
Grao, mais la mer levée par le mistral
des jours précédents est encore
forte, au point que Bellegaff décide finalement
de reporter au lendemain son départ vers
les côtes françaises.
Tout le monde est un peu retourné sur
le bateau. Heureusement, nous arrivons vite à
la cala Grao, où se niche le petit "village
pittoresque de pêcheurs" d'Es Grao...
C'est du moins ce que dit notre vieux guide...
nous rentrons dans l'anse, heureux d'être
enfin à l'abri de cette mer... et en ressortons
aussi sec, déçus de n'y voir que
des maisons modernes et un mouillage bondé
et sans intérêt.
Nous reprenons la mer 1/2h, le temps de faire
le tour de l'île Colom, et jetons l'ancre
au nord-ouest de l'île, bien protégés
de la houle et quasi seuls au mouillage, devant
la jolie petite plage d'Es Moro. balade dans la
garrigue -- nous découvrons d'ailleurs,
en mettant les pieds nus dessus, une spécialité
locale: des massifs qui ressemblent à de
la mousse, mais qui sont pleins de piquants bien
pointus! --, puis soirée sur la plage avec
les Bellegaff.
Le lendemain matin, adieux aux Bellegaff, ravis
de terminer sur cette bonne impression des Baléares,
après avoir passé près de
5j dans la baie de Mahon.
Ils partent d'ailleurs juste à temps car
peu après, alors que nous sommes sur la
plage, ça se remplit très vite:
bientôt le mouillage et la plage sont complètement
saturés! Ça change complètement
l'ambiance: on se croirait dans un port, avec
le va-et-vient incessant de toutes sortes d'embarcations
qui passent à ras des bateaux au mouillage!
Nous avons bien fait de quitter Mahon aux premiers
signes d'accalmie! Ainsi nous avons pu profiter
de ce mouillage au calme hier toute la fin de
l'après-midi! Qui a dit déjà
que Minorque était moins fréquentée
que ses grandes surs?
Baignade et "body-board nautique" sont
les activités des grands pendant la sieste
de Fleur.
En fin d'après-midi, nous tentons quand
même un saut au village d'Es Grao. Notre
impression de la veille était la bonne:
ce village n'a plus rien de pittoresque depuis
longtemps, et dans leur grande majorité,
les gens croisés ne sont pas des pêcheurs
mais bien des touristes!
Le tour en est vite fait, sous une chaleur accablante...
Nous retournons sur Apache moins d'une heure après
avoir mis les pieds à terre!
Le lendemain à 8h30, nous quittons l'île
Colom.
11-12 août: A proximité de la cala
En Brut
A peine 3/4 d'heure de nav côtière
à la recherche de notre prochain mouillage
et nous voici dans une cala déserte, bordée
de 3 petites plages.
Mentionnée ni sur notre vieux guide, ni
sur les cartes, ce mouillage est pourtant très
agréable!
Mais comme les autres, il se remplit petit à
petit. Heureusement, l'anse est large, et comme
nous sommes mouillés à près
de 300m des plages, cockpit ouvert sur le large,
nous ne sommes pas gênés par cette
affluence décidément inévitable!
Activités du jour: plage avant la foule,
baignades, ski body-boardique -- avec de gros
progrès: à genoux sans les mains
pour Domitille, et quelques secondes debout sans
les mains pour Juliette! (euh... précisons
que c'est à la planche que la corde est
attachée!..). -- et balades dans le maquis,
très sec et piquant, des collines voisines...
Le soir, tout le monde s'en va. Ne restent que
4 voiliers, très espacés les uns
des autres.
Nous passons une très bonne nuit, et le
lendemain, après une dernière virée
à la plage à nouveau déserte,
nous quittons le mouillage plus tôt que
prévu. En effet, un nouveau coup de vent
est annoncé pour la nuit prochaine, nous
devons nous mettre à l'abri.
Nous zappons donc la cala Addaia, prévue
au programme, et allons directement à Fornells,
grande anse bien abritée, où nous
espérons trouver une bouée!
12-17 août: Fornells : B5, touché -
Cala Ferragut
Fornells A première vue, pas la moindre
bouée libre. Nous nous enfonçons
un peu plus dans l'anse et finissons par trouver
une bouée un peu isolée des autres,
en plein milieu du plan d'eau.
Nous faisons un tour en ville en début
d'après-midi, comptant sur le vent pour
apporter un peu de fraîcheur dans les rues.
Mais pas de chance: le vent de sud, assez fort
jusque là, laisse la place à un
calme plat! En ville, c'est la fournaise. Mais
en longeant les murs à l'ombre, nous faisons
le tour de cette toute petite ville, plutôt
un village, mignonne avec ses maisons blanches
aux volets verts, mais entièrement tournée
vers le tourisme.
Nous trouvons une petite aire de jeu ombragée
où nous faisons passer un peu de temps:
il fait plus frais ici que dans le bateau!
Il fait si chaud que nous préférons
nous endormir dans le cockpit. Vers 2h du matin,
le mistral arrive, avec 2h de retard sur les prévisions,
mais toute sa force! Nous rejoignons notre cabine.
10 mn plus tard, un bruit anormal nous réveille.
Nous sortons et constatons avec effroi que bien
que toujours amarrés à la bouée,
nous dérapons sur un bateau mouillé
sur ancre. Le bruit entendu est celui de notre
quille touchant sa chaîne... Notre annexe
part d'un côté de sa chaîne,
le bateau de l'autre. Dans quelques secondes,
les 2 bateaux vont se toucher. Carole hurle pour
réveiller l'autre équipage tandis
que je saute dans l'annexe pour la faire repasser
du même côté que le bateau.
Puis avec le couple de l'autre bateau, nous luttons,
chacun poussant les chandeliers de l'autre, pour
accompagner le dérapage d'Apache sans dégâts
collatéraux. Ouf, c'est passé!
Dire que nous n'avions pas mis l'alarme de dérapage
en pensant être en sécurité
sur une bouée!
Un il au profondimètre: pas de problème,
il y a encore de la marge; coup de torche alentours
pour se repérer: nous avons dérapé
sur plus de 300m!!! Nous nous rapprochons d'autres
bateaux. Pas un instant à perdre: nous
jetons l'ancre. Mouillage plus bouée, même
mal arrimée, ça devrait tenir sans
problème!
Nous attendons que ça se stabilise, puis
le coup de stress passé, nous nous rendons
compte que nous avons eu de la chance: si nous
n'avions pas été sur une bouée
isolée, ça aurait été
le jeu de massacre! D'ailleurs, son isolement
avait étonné Carole qui avait remarqué:
"ce n'est pas bizarre, cette bouée
toute seule?". Ce à quoi j'avais répondu:
"s'il y avait un problème, elle ne
serait pas là!"
Le lendemain, nous nous renseignons pour signaler
le problème. Les autorités du port
nous répondent que le problème est
connu: il y a quelques bouées qui ne tiennent
pas (sic!)!!! Mais comme elles ne sont pas gérées
le port, et que comme partout aux Baléares,
les seules personnes sur place censées
s'en occuper sont des jeunes en job d'été...
personne ne se sent vraiment concerné!!!
Bon, nous avons compris: tout ce que nous pouvons
faire: c'est le dire ici: ne prenez pas la bouée
numéro "B5", car la prochaine
fois, ce sera peut-être B5, touché
coulé!
Le lendemain, nous laissons passer le gros temps
au bateau. En début de soirée, nouveau
petit tour en ville, bien plus agréable
à la fraîche, et aussi plus animée.
Vérification météo: bien
que capricieuse ces derniers jours avec du mistral
1j sur 2, elle semble décidée à
nous accorder un créneau de 2j pour le
retour en France. Départ pressenti d'ici
2 ou 3j!...
Cala Ferragut En attendant, nous profitons d'une
journée sans vent de nord pour enfin sortir
de Fornells et aller faire un tour sur la côte
nord. Après 1h30 et la visite de quelques
anses, nous mouillons dans la cala Ferragut. Environnement
sauvage, plages de sable beige, eau claire et
jolis fonds où nous rencontrons quelques
raies, soles et poulpes... malgré un peu
de houle résiduelle, c'est une très
belle journée!
Retour à Fornells
Bonne nuit accrochée à une bouée
certifiée OK par les bateaux voisins (nous
prenons quand même le soin d'être
en dehors de la masse, au cas où...).
Le 15 août à l'aube, un nouveau
coup de vent nous oblige à rester là
toute la journée. Nous avons des rafales
à 35N jusqu'en milieu d'après-midi.
Puis le calme revient. Petit tour en ville et
vérification météo. Le jour
du départ se précise: demain samedi
16 ou dimanche 17.
Depuis quelques jours, les enfants comptent, avec
une impatience croissante, les jours qui nous
séparent du retour en France et à
la maison.
Maintenant tout le monde a hâte d'arriver,
et cette attente à Fornells, entre le mouillage,
le supermercado et le parc de jeux devient pénible!
Mais pas de précipitation: nous ne partirons
qu'avec une bonne fenêtre météo;
pas question de risquer un accident sur les 210
derniers milles de notre voyage, soit l'une des
plus courtes traversées réalisées!
Bye bye Baléares
Samedi 16 août, 14h30: cette fois, c'est
la bonne. Devant nous, 48h à priori sans
Mistral. Toute la nuit, un vent de sud a soufflé,
aplatissant la houle de nord.
Nous quittons notre bouée en même
temps que le bateau Tané-Tine, rencontré
la veille, des grands-parents avec 3 de leurs
petits-enfants de 14 à 6 ans, et qui rentre
sur Marseille. Nous visons quand à nous
Port Saint Louis, en Camargue, ce qui n'est pas
si loin. Nous ferons donc une bonne partie de
la route ensemble.