17-18
mars : Nav de nuit Los Roques - Carenero (85M)
Pour cette 1ère nav, de nuit, avec Harem,
nous bénéficions d'excellentes conditions!
Toutes voiles dehors, au près bon plein
dans moins d'1 mètre de creux, la première
partie de cette nav est un régal! Avec
15 nuds de vent, nous glissons à 7,5
nuds, avec seulement de temps en temps une vague
plus dure que les autres. Qui a dit que le près
était inconfortable?
Hélas, en approchant des côtes,
le vent baisse progressivement et vers 4 heures
du matin, nous n'avançons plus qu'à
3 nuds et le bateau commence à rouler.
Au bout d'une heure, il devient évident
que ça ne remontera pas, et nous décidons
de finir la route au moteur.
Apache en action avant la nuit (Photo Harem)
18 mars : Carenero
Avec le continent, nous retrouvons aussi les
eaux vertes venues de l'Orénoque. L'accès
au mouillage de Carenero se fait en suivant un
bras de mer peu profond et complètement
opaque. Avec une profondeur oscillant entre 2,5
et 5m, nous avançons à l'extrême
ralenti.
Nous arrivons vers 9h. A terre, nous découvrons
une sorte de village-vacances pour Venezuéliens,
avec bars, restaurants et piscine. Nous y déjeunons
et profitons de la piscine, qui aura un léger
goût salé après notre passage....
Un petit break agréable, ambiance "les
bronzés" avant de reprendre la route
en fin d'après-midi.
18-19 mars : Nav de nuit Carenero - Puerto La Cruz
(90M)
Encore beaucoup de chance pour cette nav! Le
vent a tourné, passant de sud-est à
nord-est, parfait pour notre route vers Puerto
La Cruz! La mer est assez plate, et le bateau
ne tape que de temps à autre. Tout va bien!
Mais en pleine nuit, "Bong! Bong!"
: quelque chose tape la coque puis le safran.
Harem, juste derrière nous, sent aussi
quelque chose, puis le voit: il s'agit d'une bouée
maintenant un filet à la surface. Lorsqu'il
nous l'apprend, nous comprenons mieux pourquoi
un bateau nous faisait des "appels de phares"
juste avant le choc: il voulait nous avertir!
Mais de toute façon, quoi faire?
Quelle idée aussi de mettre un filet à
cet endroit: en plein dans le golfe de Puerto
La Cruz, où passent de nombreux bateaux!!!
Carole et JP
19-21 mars : Puerto La Cruz
Nous arrivons à 7h00 du matin dans une
marina tenue par un français charmant.
Il y a une GRANDE piscine, une GRANDE machine
à laver à disposition (nous n'avons
trouvé jusqu'à maintenant que des
"lavanderias" à qui l'on laisse
son linge, et qui le rendent presque propre, avec
une odeur de Canard WC...), une vraie arrivée
d'eau (pas un petit filet qui coule quand il veut)
et... du wifi!
Le programme de la matinée est donc tout
trouvé : on range, on nettoie à
grande eau, on fait tourner les lessives, on fait
le plein de gaz, on met en ligne les dernières
nouvelles... pendant que tous les enfants sont
à la piscine, sous la surveillance d'un
adulte.
L'après-midi est aussi bien chargée
: je pars en taxi avec Catherine et Christophe,
du bateau Harem, chez Macro, le "Métro"
local ; JP reste sur Apache pour faire la vidange,
et accessoirement garder les 8 enfants... largement
secondé par notre baby-sitter numérique
et son arme secrète : le dessin animé!
Installée en plein milieu du quartier
très pauvre, la marina est protégée
par de hauts murs, et fermée par un portail
électrique surveillé par un vigile.
Ce qui est censé nous "protéger"
nous met plutôt mal à l'aise.
Sur la route, nous sommes surpris par le nombre
de "check point" tenus par des policiers
armés. Nous demandons au chauffeur ce qui
se passe, imaginant qu'Hugo Chavez himself est
attendu, à moins que ça ne soit
une certaine Carla. Il nous répond très
simplement qu'il y a beaucoup de crimes et de
bandits, et que la police surveille...
Le supermarché "en gros" auquel
nous arrivons me rappelle des courses faites pour
la kermesse de l'école il y a un an...
même s'il n'y a pas de carambars par sac
de 5 kg... Nous trouvons quand même notre
bonheur, le thon en lot de 40 boîtes, les
pâtes et les biscuits en lot de 10 paquets...,
mais comme depuis le début au Venezuela,
pas de farine ni de lait "liquide".
En arrivant à la caisse nous sommes un
peu mal à l'aise avec nos chariots bondés...
alors qu'il s'agit d'un magasin de vente en gros,
les gens ne repartent qu'avec quelques articles.
Quand la caissière nous demande la carte
du magasin, nous lui expliquons que nous ne savions
pas... sa chef, qui comprend que nous allons lui
laisser beaucoup de bolivars, lui fait finalement
signe d'accepter! (ce qui n'est pas gagné
dans un supermarché français! ).
En bons touristes que nous sommes, nous ne savions
pas non plus qu'il n'y avait ni sacs ni cartons
à la caisse... nous réussissons
quand même à tout mettre dans un
grand taxi, qui nous fait payer le double du prix
en nous expliquant que si l'on préfère,
on peut rester sur le trottoir avec nos 300kg
de victuailles....
Heureusement pour le déchargement, nous
bénéficions d'une main d'uvre
miniature qui se contente d'un bon goûter
en perspective!
Le soir, tout le monde se couche tôt, dans
des draps propres !
Le lendemain : école le matin, puis Catherine
et moi allons faire les courses (Encore?! Oui,
le frais!...) avec les plus jeunes.
Les hommes réparent l'annexe d'Harem.
La routine, quoi.
Carole
21 mars : Nav Puerto La Cruz - Ensenada Manare (25M)
Dans le golfe de Puerto La Cruz, des dizaines
de dauphins nous accompagnent pendant 1/2 heure.
Comme dit Juliette: "Ça faisait longtemps!"
Et comme toujours, c'est la déception quand
finalement les dauphins se lassent de nous et
disparaissent.
La nav est plus pénible que ces derniers
jours: beaucoup de vent et de courant dans le
nez. Nous ne faisons pas plus de 3,5 nuds, tout
au moteur.
21-22 mars : Ensenada Manare - Ensenada Mochima
Nous ne faisons qu'un rapide tour de l'anse Manare:
juste le temps de constater que la petite plage
est pleine à craquer (c'est Semana Santa!),
que de nombreux bateaux tirent des vacanciers
sur des bouées en plastique et que les
bars, restaurants et yachts diffusent chacun leur
musique à fond! Nous poursuivons notre
route vers l'est, en espérant quelque chose
de plus calme à proximité!
1 mille plus à l'est, nous pénétrons
dans l'ensenada Mochima, qui s'enfonce sur 3 milles
dans le continent, créant à l'ouest
la presqu'île de Mochima.
Les gens sont debout les uns sur les autres!
Nous passons la première crique, qui dispose
de trop peu d'espace pour mouiller correctement
2 voiliers, et atteignons la suivante, où
sont déjà 2 voiliers et 1 yacht.
Nous mouillons par 10m de fond alors que le vent
souffle à 20 nuds.
En fin de soirée, le vent finit par baisser,
l'eau par perdre ses rides et nous par dormir
sereinement.
A l'aube, le vent est quasi nul et l'eau comme
un miroir. La lumière est belle et le paysage
paisible. Le cadre ressemble plus à celui
d'un lac que de la mer!
22 mars : Cumana (Entrée du Golfe de Cariaco)
Le lendemain, après une nav d'à
peine 10 milles, nous nous arrêtons 2 petites
heures à Cumana, le temps pour Harem d'essayer
de trouver des pièces dans les ships du
coin. Nous profitons de cette halte pour faire
le plein de gasoil.
Pas de chance: nous tombons en pleine "semana
santa": le vendredi et le samedi sont chômés
et les ships, comme la très grande majorité
des boutiques en ville, sont fermés! Le
taxi qui nous a amenés Christophe et moi
nous ramène bredouilles au port.
Près du port, il y a tout un complexe
commercial, mais pas moyen de trouver d'ufs
en chocolat!.... ça devient critique!!!
Nous quittons Cumana pour Laguna Grande, à
11 milles de l'autre côté du Golfe.
22-23 mars : Laguna Grande (Golfe de Cariaco)
Toujours beaucoup de vent et de courant dans
le nez. Arrivée un peu tardive dans l'après-midi,
pour repartir le lendemain au lever du soleil...
cela fait des escales un peu courtes pour vraiment
apprécier un lieu.... le vent, accéléré
par les collines environnantes, est fort (25 nuds)
jusqu'au soir. Le lendemain, nous sommes enchantés
par ce coin si tranquille, ces mélanges
d'ocres, rouges et verts.
Nous embarquons par contre au moins 500 mouches,
qui ne nous quitteront que 3 ou 4 jours plus tard,
à la sortie du Golfe!
23-26 mars : Village Medregal (Golfe de Cariaco)
Arrivés dimanche en fin de matinée,
nous déjeunons et filons à terre
découvrir ce lieu dont nous avons beaucoup
entendu parler. Sa réputation de "havre
de paix" pour plaisanciers n'est pas volée.
Quelques voiliers au mouillage, autant au sec,
un ponton pour les annexes, une jolie piscine,
des chambres pour les touristes Venezuéliens
venus par la terre, un bar, un restaurant, de
grandes terrasses ombragées, avec transats
et hamacs, en font un lieu idéal pour se
poser quelques jours et réparer les mille
et une petites choses en attente, voire même
pour sortir le bateau pour caréner, ce
que Harem décide de faire: c'est tellement
plus agréable que sur le chantier où
nous l'avions fait à Trinidad.
Ambiance africaine au village Medregal
La formule est originale : tout est en accès
libre pour les plaisanciers: piscine, billard,
baby-foot, ping-pong... même au bar on se
sert soi-même en passant derrière
le comptoir, et on note ses consommations sur
son "ardoise" (en papier)!
Le lundi, nous faisons un "goûter
de Pâques" avec quelques ufs "maison"
(une tablette de chocolat noir Venezuélien,
un boîte de lait concentré sucré,
un peu de beurre) emballés dans du papier
alu et cachés autour de la piscine! Ouf,
la tradition des cloches et des ufs de Pâques
est sauvée!
Le soir, les 2 équipages se retrouvent
au restaurant où nous mangeons... de la
viande! De la très bonne viande!!!!! Miam!
Petits et grands finissent tous leur assiette
sans se faire prier!
Le mardi, histoire de ne pas rester enfermés
dans cet endroit certes très agréable,
mais quand même bien isolé, les Apache
partent à pied vers le village voisin...
il est 9h et il fait déjà très
chaud sur cette piste poussiéreuse! Après
1/2h de marche, nous faisons signe à un
camion qui s'arrête et nous dit de monter
à l'arrière!!! Surprise: ce véhicule
qui ressemble à un camion de transport
de troupes (voire de prisonniers) avec ses 2 banquettes
latérales couvertes de poussière,
assure la ligne régulière entre
Cariaco et les villages au bord du golfe! Nous
respirons la poussière soulevée
par le camion-bus pendant le reste du trajet mais
au moins nous sommes à l'ombre! Les enfants
s'amusent à dire que nous partons en prison...
Le village fait très pueblo mexicain de
western: pauvre, poussiéreux, avec sa petite
église au milieu, ouverte aux quatre vents.
Nous passons l'après-midi entre le bateau
et le bord de la piscine.
Le lendemain, nous quittons seuls Village Medregal
et nous séparons de Harem, qui va sur Margarita
et remonte ensuite l'arc antillais. Nous avons
enfin pu joindre les Grenouille et avons pris
rdv dans quelques jours sur l'île de La
Blanquilla.
La Blanquilla sera donc notre point de départ
du Venezuela pour la suite
du programme, qui passera par Cuba, cette fois,
c'est décidé!
Nos dernières hésitations portent
sur l'itinéraire: route directe? 800 milles
à couvrir, soit plus du tiers de la transat,
ça fait beaucoup! Par la République
Dominicaine? Pourquoi pas?
Encore une fois, nous nous déciderons
au dernier moment!
Au moment de rentrer dans le port de Cumana, nous
ne pouvons empêcher les enfants de remarquer
un sigle jaune perché en haut d'un mat...
à midi, nous n'aurons pas le choix: Mc
Do!
Moins cher qu'en France, pas de cuisine ni de
vaisselle à faire, on ne va pas se priver:
tout le monde est content!
Nous avons la surprise de retrouver au ponton
le cata Bulle d'o rencontré il y a quelques
mois à Gibraltar!
Nous passons 2 jours à Cumana pour faire
le plein de fruits et légumes et quelques
achats dans les ships.
Un Mc Do est caché dans cette photo...
Le marché est immense, il y a abondance
de fruits, légumes, viande (du buf, excellent),
et de poulets vivants. Cela grouille; beaucoup
font leurs courses avec une brouette, en slalomant
à toute allure entre les gens et les étals.
Ambiance Speedy Gonzalès... Nous sommes
d'ailleurs hélés par des "
hé, gringos" plutôt gentils.
La même question revient depuis notre arrivée
au Venezuela: "Son todos hermanos?!!!
CINCO!!!" Oui, oui, ils sont frères
et surs... et nous sommes nous aussi surpris
de voir qu'ici les femmes s'arrêtent à
deux enfants, alors que nous avions une image
de familles forcément nombreuses dans ce
pays à forte tradition catholique.
Le 29 mars, nous passons la matinée en
ville, pour dépenser nos derniers bolos,
et nous imprégner une dernière fois
des images du Venezuela. Nous achetons
dans la rue un DVD copié à un des
très nombreux vendeurs proposant aussi
des cigarettes... à l'unité!
Nous réalisons que nous aurons passé
deux mois au Venezuela, entre les
îles et le continent. Nous ne nous sommes
jamais sentis en danger, et avons vraiment apprécié
la gentillesse des gens, toujours prêts
à rendre service, ne cherchant pas à
soutirer de l'argent, ou à escroquer les
"gringos".
Vers 16H, nous partons pour la Blanquilla (90M),
où nous devrions arriver le lendemain en
milieu de journée, et passerons 2 jours
en compagnie des Grenouille, avant de quitter
définitivement (quoique qui sait?) le Venezuela,
pour la République Dominicaine. Nous n'aurons
donc pas internet pendant quelques jours.
Carole et JP
Traversée
Cumana (continent) - La Blanquilla - 29-30 mars
2008
A la sortie du Golfe de Cariaco, nous retrouvons
Harem. Nous naviguons bord à bord pendant
près d'une heure dans des conditions très
agréables : 25 nuds de vent, mer peu
agitée, nous filons à 7-8 nuds.
Avec sa nouvelle carène toute lisse, Harem
est le roi de la glisse!
Harem s'arrête bientôt pour une halte
avant de poursuivre de nuit vers Margarita. Nous
poursuivons notre route plein nord. En longeant
à l'ouest la péninsule d'Araya,
nous prenons de fortes accélérations
: 35 nuds. Nous réduisons la GV à
3 ris et restons ainsi toute la nuit.
Ça se calme ensuite : le vent s'établit
à 20-25 nuds. Nous faisons la route jusqu'à
la pointe ouest de Margarita tous feux éteints
pour éviter de nous faire remarquer par
d'éventuels pirates. Nous ne les allumons
que le temps de nous signaler aux cargos de rencontre.
Au-delà, nous retrouvons la pleine mer
et rallumons les feux. Nous avançons très
bien (7 nuds) et arrivons à la Blanquilla
à l'aube, bien avant l'heure prévue.
Craignant une panne refroidissement du moteur,
nous terminons l'approche à la voile, en
tirant des bords au pré serré le
long de la petite plage d'El Yaque. Une fois mouillé,
il s'avère que le refroidissement fonctionne
très bien! Carole me soupçonne de
lui avoir imposé cet exercice de style
pour le plaisir!
JP
La
Blanquilla (2ème) - 30 mars au 2 avril
2008
Animaux
de très bonne compagnie - Nuit sur la plage
à la belle étoile - Annexe de compétition
et ski nautique - Adieu Venez!
Contrairement à notre première
halte à La Blanquilla, nous sommes seuls
au mouillage!
Vers midi, nous passons à tout hasard
un appel VHF "Grenouille, Grenouille, pour
Apache!". Super, ils répondent: arrivée
dans 2 heures!
A 14H, arrivent donc "roue dans roue"
Grenouille et Le Chat "beauté",
bateau rencontré en Guadeloupe.
A bord du "Chat", Etienne et Claudie,
et leurs enfants Julie et Lucas.
Nous retrouvons avec Joie les Grenouilles: nous
ne nous sommes pas vus depuis Madère et
avons pourtant l'impression de nous être
quittés la veille. Toujours aussi souriants,
agréables et disponibles, parents comme
enfants!
Nous passons ensemble 3 jours à La Blanquilla,
dans une ambiance vacances des plus reposantes:
pique-niques sur la plage, snorkelling dans les
récifs, balades dans l'île, nuit
à la belle étoile sur la plage avec
les équipages au complet (sauf Fleur et
les mamans), ski nautique (merci le chat et son
annexe de compétition!).
Mais il nous faut repartir: une longue route
nous attend. Nous prenons la météo
grâce aux Grenouille qui disposent d'un
téléphone satellite (merci au papa
de Corinne!). Beaucoup de vent, et pas d'amélioration
à venir. Nous confirmons notre départ.
Après un dernier café à
bord d'Apache, c'est le moment des adieux au Chat
et à Grenouille, des animaux décidément
de très bonne compagnie!
Adieux aussi au Venezuela,
pour de bon cette fois! Devant nous, une grosse
nav : la traversée des Caraïbes jusqu'au
nord de la République Dominicaine : 600
milles, soit près du 1/3 de la transat...
mais avec du vent, donc ça devrait aller
plus vite!