25/26
juillet: Départ de Cadix - Trafalgar - Détroit
de Gibraltar
15h: nous larguons les amarres et quittons le
Club Nautico de Santa Maria.
Nous prévoyons de naviguer 30M jusqu'à
Barbatte, au sud de Trafalgar, et d'y passer la
nuit, pour un départ le lendemain à
l'aube et un passage du détroit de jour.
Mais à la sortie de la baie de Cadix,
nous rencontrons un bateau Français qui
va directement sur Gibraltar. Nous allons à
la même vitesse que lui... aussi décidons-nous
de le suivre. En cas de coup dur dans le détroit,
nous pourrons toujours (essayer de) nous réfugier
à Tarifa!
Peu avant 21h, nous doublons le fameux Cap Trafalgar
(Ah tiens, c'est là?) -- sans prendre de
coup nulle part.
A la tombée de la nuit, le vent baisse:
nous rentrons toutes les voiles et démarrons
le moteur.
Tremblez, matelots, car voilà le détroit
de Gibraltar! Nous avions eu de bonnes conditions
météo à l'aller, ce ne sera
peut-être pas pareil au retour! Une pensée
pour les Grenouille, qui nous accompagnaient alors...
Mais ça passe comme une lettre à
La poste! Mais en plus rapide, un colissimo: 6-7
nuds au moteur sans vent jusqu'à Tarifa,
que nous croisons vers 1 heure du matin; Le vent
se lève alors progressivement. Nous sortons
le Génois et aidés par le courant,
nous prenons de la vitesse: 8, 9 10, 11, 12N!
12N, c'est notre vitesse moyenne au passage du
rocher de Gibraltar, par 30N de vent arrière.
Nous allons nettement plus vite que les vagues,
le sillage d'Apache est très impressionnant!
A 3 heures du matin, nous coupons le moteur,
laissé jusqu'ici pour sortir au plus vite
du détroit. L'autre bateau français,
resté près de la côte au moment
de la renverse de courant, est resté littéralement
scotché sur place et en 1h, il a disparu
loin derrière nous, parmi les lumières:
celles des villes espagnoles et marocaines, et
des nombreux paquebots, cargos et autres ferries
(toujours aussi rapide et impressionnant, le ferry
Algéciras-Tanger!). Malgré ce trafic,
et le fait que nous nous sommes fortement rapprochés
de la limite de navigation côtière
(nous croisons les bateaux commerciaux d'assez
prêt...), à aucun moment nous ne
nous sommes sentis en danger. Et que c'est grisant
de voir Apache glisser comme ça, entourés
de nombreux dauphins qui se régalent dans
notre vague d'étrave!
26 juillet: Méditerranée, nous revoilà!
- Costa Del Sol
Cette "rentrée" en Méditerranée
est un soulagement: non seulement Gibraltar est
(re-) passé, mais surtout, l'Atlantique
et ses énormes nav toujours angoissantes
est derrière nous! Avec l'Espagne, c'est
le retour aux nav avec la côte toujours
en vue: on réalise seulement maintenant
à quel point c'est rassurant, même
notre téléphone portable passe !
Et puis la Méditerranée, c'est
chez nous!
Nav très agréable toute la matinée:
vent arrière (SO) 15-20N, mer peu agitée,
nous avançons confortablement à
5-6N sous génois tangonné.
Nous longeons à 10-15M la côte rocheuse
de la Costa del Sol. Nous passons successivement
au large de Marbella, Malaga, Almerimar, et Almeria.
Loin devant nous, un drôle de cargo, tout
carré; on dirait un immeuble flottant!
Nous le croisons 1h plus tard: il s'agit d'un
morceau de digue flottante, tractée par
un remorqueur tout petit en comparaison!
Nous rappelant que nous n'avions rien pêché
en Méditerranée à l'aller,
nous retentons notre chance et mettons la traîne.
Pendant que nous déjeunons, nous entendons
un mayday, relayé par Malaga radio: un
homme est tombé à la mer autour
de Tarifa, les bateaux dans le secteur sont appelés
à être vigilants...
Nous en sommes bien loin maintenant, mais c'est
l'occasion de rediscuter avec les enfants de ce
qu'il faut faire dans ces cas-là... ils
s'en souviennent assez bien: bien sûr, ne
pas quitter la personne des yeux, hurler pour
appeler papa ou maman... mais nous découvrons
qu'ils sont tous prêts à se jeter
à l'eau si c'est Fleur qui tombe, et si
l'on ne voit plus la personne, Domitille suggère
que l'on mette des affiches pour la retrouver!...
Juliette, elle, a envie que nous parlions d'autre
chose, c'est bon, on sait!
Fleur, elle ne se fait aucun souci!
Nous entendons toutes les heures cet appel relai
à la VHF, et quand la nuit tombe, que Malaga
radio appelle encore, nous comptons les heures
passées depuis que cette personne est dans
l'eau... difficile de ne pas y penser toute la
nuit...
Le vent tombe complètement dans l'après-midi,
et nous devons remettre le moteur. Nous nous rapprochons
de la côte pour tenter de bénéficier
d'une éventuelle brise, mais après
une fausse joie -- 1/2h de vent --, nous nous
résignons à passer la nuit au moteur.
Nous nous résignons aussi à rentrer
la traîne: aujourd'hui, bredouille!
27 juillet: Costa Blanca
Au petit matin, nous croisons le Cap de Gata,
la pointe sud-est de l'Espagne. Si l'homme à
la mer est hélas toujours à la mer
:-(, le vent, lui, est toujours ailleurs!
Vers 13h, le vent fraîchit un peu. Pendant
2h, nous sommes au près serré sur
une mer toute plate par 10N de vent. Quand vers
16h le vent baisse à nouveau, nous faisons
durer encore un peu ce moment de calme. Mais quand
notre vitesse tombe sous les 2N, nous remettons
le moteur.
Comme la veille, nous mettons la traîne
à l'eau toute la journée: pas plus
de succès!
En soirée, encore une petite fenêtre
de 3 heures à la voile, avant que le moteur
reprenne le relais toute la nuit.
Nous passons au large de Carthagène, puis
doublons le cap de Palos vers 1h du matin. C'est
le début de la route vers le large: nous
nous éloignons des côtes espagnoles,
direction Formentera!
28 / 29 juillet : Traversée Cap de Palos
- Formentera
Il y a au large du Cap de Palos presque autant
de circulation que dans le détroit de Gibraltar,
avec là aussi, ses zones de navigation
réglementée. Il nous faut près
de 3h pour couper cet autoroute des cargos et
sortir de la zone dangereuse.
Le reste de la nuit se passe tranquillement.
Au petit matin, il nous reste 80 milles pour atteindre
Formentera. A la faveur d'une petite brise, nous
tentons d'abord d'accélérer pour
arriver dans la soirée. Mais après
2h à 6,5N (voiles+moteur), le vent tombe
et nous essayons cette fois de ralentir pour arriver
après la nuit!
Vers 18h, le vent monte à 15N... sacrilège:
nous prenons 3 ris dans le génois et la
GV pour ne pas aller trop vite! Quelle frustration!
Pêche: encore bredouille! Mais nous voyons
2 tortues et quelques dauphins.
29 juillet 7h: après une mauvaise nuit
(à 3 nuds avec une mer hachée,
ça ballotte!) nous approchons du port de
la Savina, sur Formentera, où nous étions
déjà passés avec les Grenouille.
Nous nous y arrêterons pour faire les pleins
de gasoil et d'eau, puis direction l'île
d'Espalmador et sa plage qui nous avait beaucoup
plu en octobre, pour voir ce que ça donne
en plein été.