Partis de Puerto Vita le matin, nous marchons
au près serré toute la première
journée, avec une mer très hachée
de travers. Apache roule et tout le monde est
un peu retourné à bord. La bonite
et le beau thasard (wahoo! disent les Américains)
pêchés en l'espace d'une heure n'auront
pas de succès à table!
Vers 16h, nous passons sur le "Colombus
Bank" (Banc de sable de Colomb): en pleine
mer, les fonds remontent brusquement de 2000m
à moins de 20m, et pendant 20 milles, nous
glissons sur une piscine parfaitement transparente
de 15 à 20m de fond, tapissée de
coraux!
La nuit tombe, nous ne voyons plus le fond. C'est
vraiment angoissant de passer là-dessus
à la voile sans garantie qu'il n'y a pas
une patate de corail plus haute que les autres!...
3 heures plus tard, c'est à nouveau les
grands fonds et nous pouvons attaquer nos quarts
plus sereinement.
Dans la nuit, le vent devient très variable,
avec des passages de grains pluvieux.
La deuxième journée, nous alternons
moteur et voile. Nous mouillons à 17h sur
l'île de Rum Cay pour éviter d'arriver
de nuit à Conception Island, notre destination
initiale.
Rum Cay (6-8 mai)
Arrivés à 1 mille de la côte,
les fonds remontent brusquement à 15m.
Puis la profondeur diminue doucement jusqu'à
la plage. Heureusement que l'eau est calme et
d'une transparence inouïe, car la lumière
du soleil est un peu limite pour la navigation
à vue entre les patates de corail! Très
beau et très impressionnant, mais plus
facile qu'aux Roques où l'eau était
un peu trouble. Ici, on voit parfaitement les
rochers et les patates, même par 15m de
fond!
Nous sommes ici en escale sauvage: nous n'avons
pas l'intention d'acquitter les droits très
élevés calculés pour les
Américains qui laissent leur bateau ici
à l'année. Surtout que nous ne resterons
que quelques jours, en attendant le bon créneau
pour la 1ère étape de notre transat
retour: Bahamas-Bermudes. C'est d'ailleurs parce
que l'île est inhabitée, donc sans
autorités, que nous visions initialement
Conception.
Nous restons donc sagement sur le bateau plutôt
que d'aller à terre. Nous comptons bien
repartir dès le lendemain pour Conception.
Mais c'est tellement beau que finalement, nous
restons le lendemain pour profiter de cette eau
si claire. Du coup, nous prenons le "risque"
d'aller à terre nous dégourdir les
jambes.
A peine à terre, nous réalisons
que le risque était vraiment très
limité: à part une petite marina
et quelques maisons de vacances pour américains,
il n'y a personne ici qui se soucie de nos formalités
d'entrée!
Et puis, bonne surprise: il y a une connexion
internet dans le petit bar-restau de la marina:
nous pouvons enfin donner des nouvelles, via l'"actu"
en haut de la page d'accueil), en attendant la
mise en ligne du carnet "Cuba", que
nous avons décidément beaucoup de
mal à écrire!
Pavillons sur la plage de Rum Cay
Dans la journée, nous entrons en contact
par VHF avec Meander, un cata australien, qui
part dans la journée de Conception pour
San Salvador, une autre île Bahamienne,
et qui serait ravi d'avoir de la compagnie pour
la traversée jusqu'aux Bermudes. Ça tombe
bien, nous aussi!
Le lendemain, nous quittons Rum Cay non pas pour
Conception, mais directement pour San Salvador!
Petite Nav de 5-6h vers le nord-est.
San Salvador : Riding Rock Point (8-11 mai)
Comme à Rum Cay, les fonds remontent brusquement,
et l'eau passe sans transition du bleu roi au
bleu turquoise... il est 15 heures, le soleil
est haut derrière nous: la couleur et la
clarté de l'eau devant nous sont incroyables...
Nous regrettons déjà que notre escale
bahamienne soit si courte! En effet, Meander prévoit
un départ le lendemain pour les Bermudes!
Nous mouillons dans 5m d'eau, en prenant soin
de laisser un périmètre de sécurité
(espace sans patates) autour de nous. A 200m plus
au sud, l'entrée de Riding Rock Marina,
où se trouve Meander.
Apache au mouillage à Riding Rock Point
Mise à l'eau de l'annexe immédiate
pour les rejoindre. Rapides présentations:
l'équipage est constitué de Ray,
Julie, Sam leur fils de 13 ans, et leur chien
Milo. Bateau acheté en Floride, ils sont
partis pour plusieurs années. Leur transat
aller à eux correspond à notre transat
retour et ils comptent passer une année
en Méditerranée: nous nous reverrons
sûrement encore par la suite!
Nous filons ensuite faire des courses dans le
seul village de l'île, en prévision
de la traversée. En effet, les provisions
de fruits et légumes et de pain faites
à Cuba sont très insuffisantes!
Nous trouvons tout ce qu'il nous faut et retrouvons
les prix chers, ou normaux, selon le point de
vue!...
Tout petit village, avec deux épiceries,
deux bars, une école, un cimetière
et une station service: LA "ville" de
l'île!
Cimetière avec vue mer!
A notre retour, Meander nous annonce qu'ils reportent
le départ car la météo n'est
pas bonne sur la route.
Ils sont en contact quotidien avec les gourous
américains de la météo marine
et du routage: Chris Parker et Herb, qui analysent
la météo et font leurs recommandations
en fonction de la position, la vitesse et la direction
des bateaux. En l'occurrence, il vaut mieux décaler
de 2 jours pour laisser passer un front froid
juste au nord des Bahamas. Nous ne discutons pas:
dans cette région du globe, la météo
est réputée particulièrement
changeante, et nous sommes bien contents d'être
assistés par ces éminents spécialistes!
Et puis nous allons pouvoir profiter de cette
formidable piscine géante!
Ce qui est juste un peu pénible, c'est
que chaque jour, les recommandations changent:
"allez-y, go, tout droit!" N'y allez
pas, attendez la semaine prochaine!" "Go,
mais en zigzags, pour éviter les passages
de fronts froids!". Changeantes comme la
météo, les recos!
Sentant venir l'attente interminable, et constatant
que ce que la météo prévoit
est plus de l'inconfort que des situations véritablement
dangereuses, nous finissons par convenir avec
Meander de partir le 11 mai.
Pendant les 2 jours qui suivent, nous reprenons
les bonnes habitudes: école et baignades!
Il faut dire que la chaleur est à la limite
du supportable, c'est la première fois
que nous avons aussi chaud, même la nuit!
Sur Meander, il y a la clim...
Sam vient souvent jouer avec les filles (qui
après 4 mois en espagnol, se mettent donc
à l'anglais!) pour nager autour d'Apache.
Juliette et Sam verront un petit requin-nurse
d'1m50 de long. Frayeur pour Juliette! Calme pour
Sam, qui habitant en Australie, est un habitué
des squales et sait reconnaître ces sales
bêtes: le requin-nurse est parait-il inoffensif!
Pas besoin de (requin-)nurse pour se baigner!
Moins impressionnant, 1 barracuda d'1m20 restera
tout le séjour sous le bateau, et pour
la joie des enfants, nous aurons la visite de
nombreuses raies.
Meander a une antenne externe qui lui permet
d'avoir internet à bord: bien pratique!
Nous devons, nous, aller en annexe à la
marina avec l'ordinateur. Le 10 en fin d'après-midi,
après la sieste de Fleur, nous partons
à terre mettre en ligne le carnet et les
photos de Cuba, et nous dégourdir un peu
les jambes.
Comme il y a beaucoup de photos, c'est un peu
long, et quand nous rentrons il fait déjà
sombre et nous sommes assaillis sur la plage par
des nuées de moustiques voraces: un véritable
enfer, il y en a des centaines.
Arrivés au bateau, ça va un peu
mieux, mais nous serons tous dévorés
toute la nuit. Au réveil, pauvre Fleur
bat des records de nombre de piqûres de
moustiques !
Nous garderons de notre bref passage aux Bahamas
ces souvenirs: chaleur, moustiques, mais surtout,
surtout... cette eau incroyablement limpide: sa
transparence est presque angoissante, on voit
parfaitement la moindre petite bête se promener
à 5 m de fond...
Dimanche 11 mai, 15h: dernières vérifications
météo, dernières recos des
gourous, ça y est, nous attaquons la première
étape de la Transat Retour!