C'est
raté pour une bonne nuit de repos! - Temps
pluvieux
Le vent va rester à force 7 quelques jours
encore. Mais il est plus faible dans la baie de
Porto Das Lajes, contrairement à la houle,
qui agite violemment les nombreux bateaux au mouillage.
A quai, nous ne sommes pas mieux lotis: non seulement,
ça bouge beaucoup, mais en plus nous risquons
de taper. Même ambiance qu'au port de La
Restinga sur l'île de la Gomera (Canaries).
Nous empruntons aux pêcheurs de gros pare-battage
pour plus de sécurité.
Nous avons la bonne surprise de retrouver Stéphane
et Patricia du bateau Thorsson. Ils sont arrivés
2 jours avant de Saint-Martin.
Porto Das Lajes
Les enfants font connaissance avec Daphnée,
de l'âge de Juliette, du bateau Semeda.
Pas d'internet au mouillage. balade dans le
village avec l'ordi dans le sac: pas internet
au village non plus! Il y a bien une "bibliothèque"
qui propose un accès, mais elle est fermée
aujourd'hui... renseignement pris, elle fait le
pont: nous sommes lundi, et demain c'est la fête
nationale portugaise! Incroyable tous ces jours
fériés sur notre parcours! Tant
pis, les nouvelles attendront! De toute façon,
nous avions annoncé 15 à 20j de
nav, donc il n'y a pas urgence!
Un petit SMS tout de même pour prévenir
les bateaux hollandais, qui pensent nous retrouver
à Horta le soir même.
Après une journée tranquille à
ne pas faire grand chose, nous retrouvons le bateau
et passons une nuit... horrible. Porté
par la houle, le bateau fait le yoyo à
toute allure contre le quai, éclatant des
pare-battage et tirant sur les filières...
Pas d'échappatoire: nous n'avons pas de
moteur! Pour l'ambiance, la mer passe par dessus
le grand brise-lames derrière lequel nous
sommes "abrités" et retombe en
pluie fine sur le bateau... Je mets ma salopette
et ma veste de quart et pendant 2h au milieu de
la nuit, je protège le bateau comme je
peux, déplaçant les pare-batte,
réglant et re-réglant les aussières:
pas facile avec des mouvements aussi violents!...
Mais épuisé et écuré,
je finis par abandonner la partie et retourne
me coucher...
Le lendemain, nous comptons 3 pare-battage éclatés
et 3 disparus (cordes cassées), les filières
en vrac, un chandelier plié et une soudure
de balcon avant cassée... rien de grave,
mais encore du boulot en perspective! :-(
Carlos, le chef du port, accepte de nous remorquer
sur un bout du quai des pêcheurs, bien mieux
abrité, où nous pourrons rester
quelques jours.
Aidé par Béru, un plaisancier qui
va s'installer avec sa femme à Das Lajes,
nous réparons la panne de moteur: même
problème qu'aux Baléares: ce sont
des algues qui se sont développées
dans le réservoir et obstruent le circuit
d'alimentation... même mal, même remède:
vidange du réservoir dans une dizaine de
jerricans prêtés par d'autres bateaux,
nettoyage du réservoir, re-plein avec du
gasoil propre. Nettoyage du circuit d'alimentation.
"Ayé", ça marche.
Apache enfin à l'abri (au fond, le brise-lames)
Par contre, pour réparer l'étai,
le balcon et le chandelier, nous devrons aller
à Horta, sur l'île de Faial. Mais
pour ça, il faut attendre que le mauvais
temps passe. En attendant, nous sommes coincés
ici, et avec cette pluie en permanence, nous ne
pouvons même pas profiter de l'île!...
Entre 2 averses, nous allons nous promener en
"ville": La Vila Das Lajes est un petit
village à l'aplomb du port, tout en côtes
bien raides: les habitants doivent avoir de sacrés
mollets! Même si du coup il faut du temps
pour aller en ville, on en a vite fait le tour
et nos "balades" se résument
en fait au circuit Port - Bibliothèque
- Supermercado - Port, avec parfois un passage
au restaurant.
Il n'y a pas de "centre de vie" dans
ce village: les gens vivent en quasi autarcie,
avec leurs poules et leur potager, et on ne croise
pas grand monde dans les rues. Il reste quelques
belles bâtisses en vieilles pierres volcanique,
mais la majorité des maisons est restaurée
de façon moderne, avec portes, volets et
fenêtres en PVC et double-vitrage. On nous
explique que la ville bénéficie
de fortes subventions de l'état pour l'amélioration
de l'habitat, et que 10 mois par an, il y a beaucoup
de vent et d'humidité (on veut bien le
croire!).
Nous avons l'étrange impression de passer
quelques jours à la campagne, entre balades
et bon pain, tomme et ufs de ferme !
Lorsqu'enfin une fenêtre se présente
pour rejoindre Horta, nous sautons sur l'occasion.
Nous regrettons de ne pas avoir vu les magnifiques
paysages de cette île préservée...
mais notre priorité est ailleurs pour le
moment!
Traversée
Flores - Faial (130M) - 14-15 juin 2008
Une nav courte mais à rebondissements
Tôt ce matin, nous vérifions la
météo: un peu de vent aujourd'hui
et demain, puis plus rien pour 5j. Assez attendu,
nous partons!
Nous achetons pour la route de grosses boules
de pain de maïs cuit au feu de bois et du
fromage, 2 produits locaux absolument délicieux.
Nous remercions Carlos et les pêcheurs,
qui ont été aux petits soins pour
nous ces quelques jours.
Rémi et Pamela, sur Emma lèvent
l'ancre au moment où nous larguons les
amarres, et nous quittons ensemble Porto Das Lajes
à midi pile. Theraputix, un cata, est parti
peu de temps avant nous.
Un peu de houle, 10 nuds de vent, le départ
est tranquille. Pas d'inquiétude pour le
mât dans ces conditions. Nous sortons la
GV, avec tout de même 2 ris pris.
Emma, toutes voiles dehors, avance mieux que nous.
En fin d'après-midi, plus de vent (en
avance sur les prévisions): nous mettons
le moteur: objectif, arriver le lendemain avant
la nuit.
Emma En Mer
A la tombée du jour, le moteur se met soudainement
à faire un bruit inhabituel. C'est pas
vrai! Ça ne va pas recommencer!
Nous réduisons les gaz, passons au point
mort, marche arrière, re-marche avant;
Ça semble venir de derrière le moteur...
L'inverseur?
Nous verrons cela demain à tête
reposée. Nous arrêtons le moteur
et nous apprêtons à passer une nuit
à bouchonner. Avec peu de vent et un assez
fort courant traversier, nous avançons
en crabe (il y a 40° d'écart entre
le cap visé et le cap réellement
suivi!) et à seulement 1,5N!... et sommes
pas mal ballotés.
Un feu de voilier devant dans la nuit: c'est
Theraputix. Nous leur expliquons notre problème
de moteur. Ils nous proposent de nous attendre
et malgré nos protestations, nous avons
la surprise de découvrir à l'aube
leur cata juste devant nous! Ils se sont arrêtés
pendant 4 heures pour nous permettre de les rattraper!
Des gens que nous avons à peine croisés
à Flores! "Nous sommes en vacances,
on a le temps" nous disent-ils!
Mike met son annexe à la mer et rejoint
notre bord à la rame, en plein océan!
Mike est ingénieur-mécanicien de
marine... Il écoute d'une oreille experte
le moteur ronronner et ne remarque rien de particulier.
Nous non plus d'ailleurs: le bruit a disparu!
Explication: quelque chose a du se prendre dans
l'hélice entraînant le bruit qui
nous a inquiété. En passant de marche
avant à marche arrière, nous avons
du la dégager.
Nous redémarrons le moteur. Mais il est
trop tard pour espérer atteindre le port
d'Horta avant la nuit.
Une annexe en pleine mer!
Peu après, nous observons un groupe d'une
bonne trentaine de dauphins plein d'entrain, faisant
régulièrement de grands bons hors
de l'eau.
Nous croisons une belle bête gris foncé
qui pourrait être un globicéphale,
sorte de grand dauphin au grand front très
bombé), et puis quelques cachalots qui
seront les premières baleines prises en
photos par Apache.
Au tomber du jour, nous avons rejoint Emma, qui
plus léger et plus toilé, nous avait
distancé pendant la nuit.
Premiers cachalots
Il n'y a quasi plus de vent, le courant est défavorable,
et Emma n'a pas de moteur. Nous le remorquons
pour les 15 derniers milles.
Après l'annexe en pleine mer, le remorquage
en pleine mer!
Notre première arrivée de nuit
(il est 1h du matin) est donc épique: au
milieu des chalutiers rentrant ou partant pêcher,
nous larguons tout d'abord Emma au mouillage avant
d'aller au ponton d'accueil, devant la station-service.
Tout cela se fait sans stress grâce à
des conditions idéales: mer d'huile, pas
de vent, pleine lune, et port bien éclairé.
Nous nous couchons bien vite car demain va arriver
très bientôt!
Emma et Apache à la tombée du jour
Au loin, l'île de Faial et le volcan
Pico
Faial
: Horta - 16 au 28 juin 2008
Travaux
Le lendemain matin, tour des pontons pour voir
s'il y a des connaissances. Nous retrouvons les
bateaux hollandais avec lesquels nous avons démarré
cette traversée.
Nous faisons connaissance avec l'équipage
du bateau Yann-Emilie: François et Clarisse,
et leurs enfants Thomas, Raphaël et Hélène:
3 autres enfants sur le même ponton, les
nôtres n'avaient pas eu ça depuis
plusieurs mois!
Du coup, les enfants se régalent, et nous
pouvons nous concentrer sur les travaux.
Nous constatons avec plaisir qu'il y a ici de
vraies compétences, et de la disponibilité,
malgré la quantité de bateaux de
voyage en escale ici, avec tous plus ou moins
d'avaries à réparer.
Apache à 2 places de Yann-Emilie (jaune)
Les jours suivants sont donc bien remplis: démontage
de l'étai, réparation, remontage;
dépose des filières et du filet
de protection, démontage du balcon avant
et du chandelier cassés, réparation,
remontage; réparation, enfin, du moteur
d'annexe en panne depuis la République
Dominicaine, grâce à un mécano
qui réussit à reproduire la pièce
défectueuse du carburateur.
Merci à Rémi d'Emma, et François
de Yann-Emilie, pour leurs conseils, leur matériel
et leur aide précieuse lors de ces travaux!
Dans notre élan, nous faisons même
du zèle et démontons - nettoyons
au gasoil - graissons - remontons les winches:
un travail long et salissant: plus de 2h par winch,
étalé sur 2 jours, et presque autant
pour s'enlever l'odeur de gasoil des mains; encore
un peu de maintenance moteur, un zeste de nettoyage
des plastiques et de l'inox, et une dose de menus
travaux de maintenance habituelle...
Une grosse semaine après notre arrivée,
nos soucis sont réglés! Nous avons
bien travaillé, nous pouvons nous détendre!
Détente
Au niveau détente, les enfants sont en
avance sur les parents puisqu'il n'y a pas école
depuis l'arrivée!
Juliette et Philippine retrouvent Daphnée
du bateau Semeda rencontré à Flores,
et font connaissance avec Chloé, du bateau
Taravana.
Philippine, Marin et Domitille passent une bonne
partie de leurs journées à jouer
et pêcher avec les enfants de Yann-Emilie
et d'autres bateaux.
Apache est placé en début de ponton,
tout près d'une grande esplanade où
les enfants peuvent se défouler en toute
sécurité, et les adultes se retrouver
en terrasse de la brasserie de la marina.
Ça fait du bien de ne rien faire de temps en temps,
aussi laissons-nous couler quelques jours tranquillement,
en profitant du beau temps qui s'est enfin installé,
après une première semaine de grisaille.
Nous profitons régulièrement de
la plage de Porto Pim (comme notre Pim à
nous, Philippine) à 500m de là,
pour nous rafraîchir.
La ville est très agréable: concentrés
dans les rues pavées proches du bord de
mer, les petits commerces et le marché
sont à 2 pas de la marina.
Nous réalisons soudain que les Açores,
ce sont pour nous les retrouvailles avec le confort,
les magasins bien achalandés, que ce soient
les supermarchés ou les shipchandlers,
des marinas sans coupure d'eau ou d'électricité...
avec l'Europe quoi!
Par contre, nous constatons encore une fois que
notre espagnol ne nous sert à rien, le
portugais est vraiment très différent;
avec tous ses "ch", ses "b",
on dirait un peu... un ch'ti enrhubé qui
parlerait roumain...
Mais leur système scolaire semble performant
en langues, puisque tout le monde parle vraiment
bien anglais, à tout âge, et même
au fond d'un petit village pas touristique du
tout, les mamies en blouse au look année
50 répondent dans un bon anglais, avec
un super accent!!!! "-C'est normal, au Portugal,
nous étudions l'anglais pendant 7 ans à
l'école"... euh, comme en France,
mais la différence de résultat est
pourtant impressionnante!!!!
Arrive ensuite Harem, le bateau avec qui nous
avons navigué au Venezuela, entre les Roques
et le Golfe de Cariaco. Les enfants sont déçus:
Christophe effectue seul le retour en France,
sa femme et ses filles ayant préféré
rentrer en avion. Nous passons beaucoup de moments
ensemble... enfin... entre les siestes de Christophe....
parce qu'après cette transat en solo, il
a besoin de récupérer! (même
s'il est super équipé en radars
dernier cri!)
Il y a énormément de bateaux Français
ici, et avec ceux rencontrés ou retrouvés
aux Açores (Harem, Thorsson, Emma, Bellegaff,
Semeda, Yann-Emilie, Taravana, Contre-temps, Bajada...),
nous nous retrouvons régulièrement
pour l'apéro à la brasserie de la
marina, ou pour des barbecues dans un grand parc
ombragé. Nous nous échangeons coups
de main pour les travaux sur les bateaux, pots
de peinture pour nos uvres laissées
sur le pavé (nous sacrifions à la
coutume locale et laissons une trace de notre
passage parmi les centaines d'autres peintures
recouvrant les murs, les quais et les rochers
du port), livres et films, dont le plus recherché
ces derniers temps sur les pontons, "Bienvenue
chez les ch'tis",... qui entraîne forcément
d'autres soirées à la "baraque
à frites" avec les aut' bilouts!
Apache et les Clu7 sont passés par ici!...
Là encore, bonne ambiance: ça fait
du bien!... Ça fait du bien... un peu: le syndrome
"lotissement", déjà ressenti
lors de notre premier passage à Gibraltar,
réapparaît ici: tout se fait entre
français (même si de temps en temps,
des équipages anglophones se joignent au
groupe le temps d'une bière). Nous pourrions
être n'importe où ailleurs, cela
ne ferait aucune différence! Nous nous
rappelons que c'est pour éviter cela que
nous avons zappé les Petites Antilles et
préféré des escales moins
courues aux Caraïbes.
Et puis, contrairement à la plupart des
autres Français, et en particulier les
bretons, dont les Açores sont la dernière
escale avant le retour au bercail, notre voyage
n'est pas fini. Nous avons encore 1 mois 1/2 devant
nous, et comptons bien en profiter!
C'est décidé: nous partons à
la première occasion directement sur la
Méditerranée. Nous ne nous arrêterons
pas, faute de temps, au Portugal.
Nous avons aussi hâte d'avoir passé
Gibraltar et en avoir fini avec les grosses nav,
notre lot depuis le départ du Venezuela.
Après, nous verrons ce qu'il est possible
de faire: le Maroc, certainement la Tunisie, et
puis la Sicile? La Sardaigne?... Comme d'habitude,
nous ferons en fonction du temps, et... du temps!
Nous louons une voiture pour faire le tour de
Faial: c'est beau, c'est vert (il pleut beaucoup),
c'est fleuri (des hortensias partout), c'est volcanique,
c'est sauvage! En une journée, nous nous
offrons un concentré d'Açores! En
fin de circuit, nous nous arrêtons pour
regarder un fermier traire ses vaches. Il nous
offre de ce lait à la fois frais, et encore
tiède. Lui et sa femme parlent anglais
et quelques mots de français! Ils nous
apprennent que Faial a subit 10 ans auparavant
un tremblement de terre qui a détruit toutes
les maisons... ce qui explique pourquoi, ici aussi
(comme à Flores), il n'y a que des maisons
neuves, même dans les petits villages isolés!
Séparations
Arrive le moment des séparations: C'est
d'abord Yann-Emilie, puis Thorsson, Bellegaff
et Bajada qui quittent Faial pour visiter d'autres
îles des Açores. Vient ensuite le
tour de Jac Daniel (qui nous avait "réceptionnés"
en annexe à Flores), dont l'équipage
est maintenant complet après que Jacqueline
ait rejoint Daniel en avion).
Harem, Semeda et nous, allons sur Gibraltar directement.
Nous comptions faire route tous les 3, mais alors
que Harem et nous partons un jour de pétole,
Semeda préfère attendre un peu plus
de vent, probablement le lendemain.
Les routes se séparent définitivement.
Nous garderons un souvenir particulier de Rémi
et Pamela, sur Emma, et de notre drôle de
rencontre, par VHF, la dernière nuit mouvementée
de cette transat retour qui n'en finissait pas,
alors que les deux équipages avaient bien
besoin de réconfort...