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    26. Açores
9 au 28 juin 2008
 
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Découverte de...
 
Flores : Porto Das Lajes - 9 au 14 juin
C'est raté pour une bonne nuit de repos! - Temps pluvieux

Le vent va rester à force 7 quelques jours encore. Mais il est plus faible dans la baie de Porto Das Lajes, contrairement à la houle, qui agite violemment les nombreux bateaux au mouillage. A quai, nous ne sommes pas mieux lotis: non seulement, ça bouge beaucoup, mais en plus nous risquons de taper. Même ambiance qu'au port de La Restinga sur l'île de la Gomera (Canaries). Nous empruntons aux pêcheurs de gros pare-battage pour plus de sécurité.

Nous avons la bonne surprise de retrouver Stéphane et Patricia du bateau Thorsson. Ils sont arrivés 2 jours avant de Saint-Martin.


Porto Das Lajes                      


Les enfants font connaissance avec Daphnée, de l'âge de Juliette, du bateau Semeda.

Pas d'internet au mouillage. balade dans le village avec l'ordi dans le sac: pas internet au village non plus! Il y a bien une "bibliothèque" qui propose un accès, mais elle est fermée aujourd'hui... renseignement pris, elle fait le pont: nous sommes lundi, et demain c'est la fête nationale portugaise! Incroyable tous ces jours fériés sur notre parcours! Tant pis, les nouvelles attendront! De toute façon, nous avions annoncé 15 à 20j de nav, donc il n'y a pas urgence!

Un petit SMS tout de même pour prévenir les bateaux hollandais, qui pensent nous retrouver à Horta le soir même.

Après une journée tranquille à ne pas faire grand chose, nous retrouvons le bateau et passons une nuit... horrible. Porté par la houle, le bateau fait le yoyo à toute allure contre le quai, éclatant des pare-battage et tirant sur les filières... Pas d'échappatoire: nous n'avons pas de moteur! Pour l'ambiance, la mer passe par dessus le grand brise-lames derrière lequel nous sommes "abrités" et retombe en pluie fine sur le bateau... Je mets ma salopette et ma veste de quart et pendant 2h au milieu de la nuit, je protège le bateau comme je peux, déplaçant les pare-batte, réglant et re-réglant les aussières: pas facile avec des mouvements aussi violents!... Mais épuisé et écœuré, je finis par abandonner la partie et retourne me coucher...

Le lendemain, nous comptons 3 pare-battage éclatés et 3 disparus (cordes cassées), les filières en vrac, un chandelier plié et une soudure de balcon avant cassée... rien de grave, mais encore du boulot en perspective! :-(


Carlos, le chef du port, accepte de nous remorquer sur un bout du quai des pêcheurs, bien mieux abrité, où nous pourrons rester quelques jours.

Aidé par Béru, un plaisancier qui va s'installer avec sa femme à Das Lajes, nous réparons la panne de moteur: même problème qu'aux Baléares: ce sont des algues qui se sont développées dans le réservoir et obstruent le circuit d'alimentation... même mal, même remède: vidange du réservoir dans une dizaine de jerricans prêtés par d'autres bateaux, nettoyage du réservoir, re-plein avec du gasoil propre. Nettoyage du circuit d'alimentation. "Ayé", ça marche.



Apache enfin à l'abri (au fond, le brise-lames)  


Par contre, pour réparer l'étai, le balcon et le chandelier, nous devrons aller à Horta, sur l'île de Faial. Mais pour ça, il faut attendre que le mauvais temps passe. En attendant, nous sommes coincés ici, et avec cette pluie en permanence, nous ne pouvons même pas profiter de l'île!...

Entre 2 averses, nous allons nous promener en "ville": La Vila Das Lajes est un petit village à l'aplomb du port, tout en côtes bien raides: les habitants doivent avoir de sacrés mollets! Même si du coup il faut du temps pour aller en ville, on en a vite fait le tour et nos "balades" se résument en fait au circuit Port - Bibliothèque - Supermercado - Port, avec parfois un passage au restaurant.

Il n'y a pas de "centre de vie" dans ce village: les gens vivent en quasi autarcie, avec leurs poules et leur potager, et on ne croise pas grand monde dans les rues. Il reste quelques belles bâtisses en vieilles pierres volcanique, mais la majorité des maisons est restaurée de façon moderne, avec portes, volets et fenêtres en PVC et double-vitrage. On nous explique que la ville bénéficie de fortes subventions de l'état pour l'amélioration de l'habitat, et que 10 mois par an, il y a beaucoup de vent et d'humidité (on veut bien le croire!).

Nous avons l'étrange impression de passer quelques jours à la campagne, entre balades et bon pain, tomme et œufs de ferme !

Lorsqu'enfin une fenêtre se présente pour rejoindre Horta, nous sautons sur l'occasion. Nous regrettons de ne pas avoir vu les magnifiques paysages de cette île préservée... mais notre priorité est ailleurs pour le moment!

Traversée Flores - Faial (130M) - 14-15 juin 2008

Une nav courte mais à rebondissements

Tôt ce matin, nous vérifions la météo: un peu de vent aujourd'hui et demain, puis plus rien pour 5j. Assez attendu, nous partons!

Nous achetons pour la route de grosses boules de pain de maïs cuit au feu de bois et du fromage, 2 produits locaux absolument délicieux.

Nous remercions Carlos et les pêcheurs, qui ont été aux petits soins pour nous ces quelques jours.


Rémi et Pamela, sur Emma lèvent l'ancre au moment où nous larguons les amarres, et nous quittons ensemble Porto Das Lajes à midi pile. Theraputix, un cata, est parti peu de temps avant nous.

Un peu de houle, 10 nœuds de vent, le départ est tranquille. Pas d'inquiétude pour le mât dans ces conditions. Nous sortons la GV, avec tout de même 2 ris pris.
Emma, toutes voiles dehors, avance mieux que nous.

En fin d'après-midi, plus de vent (en avance sur les prévisions): nous mettons le moteur: objectif, arriver le lendemain avant la nuit.



Emma En Mer                      


A la tombée du jour, le moteur se met soudainement à faire un bruit inhabituel. C'est pas vrai! Ça ne va pas recommencer!

Nous réduisons les gaz, passons au point mort, marche arrière, re-marche avant; Ça semble venir de derrière le moteur... L'inverseur?

Nous verrons cela demain à tête reposée. Nous arrêtons le moteur et nous apprêtons à passer une nuit à bouchonner. Avec peu de vent et un assez fort courant traversier, nous avançons en crabe (il y a 40° d'écart entre le cap visé et le cap réellement suivi!) et à seulement 1,5N!... et sommes pas mal ballotés.

Un feu de voilier devant dans la nuit: c'est Theraputix. Nous leur expliquons notre problème de moteur. Ils nous proposent de nous attendre et malgré nos protestations, nous avons la surprise de découvrir à l'aube leur cata juste devant nous! Ils se sont arrêtés pendant 4 heures pour nous permettre de les rattraper! Des gens que nous avons à peine croisés à Flores! "Nous sommes en vacances, on a le temps" nous disent-ils!


Mike met son annexe à la mer et rejoint notre bord à la rame, en plein océan!

Mike est ingénieur-mécanicien de marine... Il écoute d'une oreille experte le moteur ronronner et ne remarque rien de particulier.

Nous non plus d'ailleurs: le bruit a disparu! Explication: quelque chose a du se prendre dans l'hélice entraînant le bruit qui nous a inquiété. En passant de marche avant à marche arrière, nous avons du la dégager.

Nous redémarrons le moteur. Mais il est trop tard pour espérer atteindre le port d'Horta avant la nuit.



Une annexe en pleine mer!                


Peu après, nous observons un groupe d'une bonne trentaine de dauphins plein d'entrain, faisant régulièrement de grands bons hors de l'eau.

Nous croisons une belle bête gris foncé qui pourrait être un globicéphale, sorte de grand dauphin au grand front très bombé), et puis quelques cachalots qui seront les premières baleines prises en photos par Apache.

Au tomber du jour, nous avons rejoint Emma, qui plus léger et plus toilé, nous avait distancé pendant la nuit.



Premiers cachalots                   


Il n'y a quasi plus de vent, le courant est défavorable, et Emma n'a pas de moteur. Nous le remorquons pour les 15 derniers milles.
Après l'annexe en pleine mer, le remorquage en pleine mer!

Notre première arrivée de nuit (il est 1h du matin) est donc épique: au milieu des chalutiers rentrant ou partant pêcher, nous larguons tout d'abord Emma au mouillage avant d'aller au ponton d'accueil, devant la station-service. Tout cela se fait sans stress grâce à des conditions idéales: mer d'huile, pas de vent, pleine lune, et port bien éclairé.

Nous nous couchons bien vite car demain va arriver très bientôt!



Emma et Apache à la tombée du jour       
Au loin, l'île de Faial et le volcan Pico       
Faial : Horta - 16 au 28 juin 2008

Travaux

Le lendemain matin, tour des pontons pour voir s'il y a des connaissances. Nous retrouvons les bateaux hollandais avec lesquels nous avons démarré cette traversée.


Nous faisons connaissance avec l'équipage du bateau Yann-Emilie: François et Clarisse, et leurs enfants Thomas, Raphaël et Hélène: 3 autres enfants sur le même ponton, les nôtres n'avaient pas eu ça depuis plusieurs mois!

Du coup, les enfants se régalent, et nous pouvons nous concentrer sur les travaux.

Nous constatons avec plaisir qu'il y a ici de vraies compétences, et de la disponibilité, malgré la quantité de bateaux de voyage en escale ici, avec tous plus ou moins d'avaries à réparer.



Apache à 2 places de Yann-Emilie (jaune)     


Les jours suivants sont donc bien remplis: démontage de l'étai, réparation, remontage; dépose des filières et du filet de protection, démontage du balcon avant et du chandelier cassés, réparation, remontage; réparation, enfin, du moteur d'annexe en panne depuis la République Dominicaine, grâce à un mécano qui réussit à reproduire la pièce défectueuse du carburateur.

Merci à Rémi d'Emma, et François de Yann-Emilie, pour leurs conseils, leur matériel et leur aide précieuse lors de ces travaux!

Dans notre élan, nous faisons même du zèle et démontons - nettoyons au gasoil - graissons - remontons les winches: un travail long et salissant: plus de 2h par winch, étalé sur 2 jours, et presque autant pour s'enlever l'odeur de gasoil des mains; encore un peu de maintenance moteur, un zeste de nettoyage des plastiques et de l'inox, et une dose de menus travaux de maintenance habituelle...

Une grosse semaine après notre arrivée, nos soucis sont réglés! Nous avons bien travaillé, nous pouvons nous détendre!


Détente

Au niveau détente, les enfants sont en avance sur les parents puisqu'il n'y a pas école depuis l'arrivée!


Juliette et Philippine retrouvent Daphnée du bateau Semeda rencontré à Flores, et font connaissance avec Chloé, du bateau Taravana.

Philippine, Marin et Domitille passent une bonne partie de leurs journées à jouer et pêcher avec les enfants de Yann-Emilie et d'autres bateaux.

Apache est placé en début de ponton, tout près d'une grande esplanade où les enfants peuvent se défouler en toute sécurité, et les adultes se retrouver en terrasse de la brasserie de la marina.



Ça fait du bien de ne rien faire de temps en temps, aussi laissons-nous couler quelques jours tranquillement, en profitant du beau temps qui s'est enfin installé, après une première semaine de grisaille.

Nous profitons régulièrement de la plage de Porto Pim (comme notre Pim à nous, Philippine) à 500m de là, pour nous rafraîchir.

La ville est très agréable: concentrés dans les rues pavées proches du bord de mer, les petits commerces et le marché sont à 2 pas de la marina.

Nous réalisons soudain que les Açores, ce sont pour nous les retrouvailles avec le confort, les magasins bien achalandés, que ce soient les supermarchés ou les shipchandlers, des marinas sans coupure d'eau ou d'électricité... avec l'Europe quoi!

Par contre, nous constatons encore une fois que notre espagnol ne nous sert à rien, le portugais est vraiment très différent; avec tous ses "ch", ses "b", on dirait un peu... un ch'ti enrhubé qui parlerait roumain...

Mais leur système scolaire semble performant en langues, puisque tout le monde parle vraiment bien anglais, à tout âge, et même au fond d'un petit village pas touristique du tout, les mamies en blouse au look année 50 répondent dans un bon anglais, avec un super accent!!!! "-C'est normal, au Portugal, nous étudions l'anglais pendant 7 ans à l'école"... euh, comme en France, mais la différence de résultat est pourtant impressionnante!!!!

Arrive ensuite Harem, le bateau avec qui nous avons navigué au Venezuela, entre les Roques et le Golfe de Cariaco. Les enfants sont déçus: Christophe effectue seul le retour en France, sa femme et ses filles ayant préféré rentrer en avion. Nous passons beaucoup de moments ensemble... enfin... entre les siestes de Christophe.... parce qu'après cette transat en solo, il a besoin de récupérer! (même s'il est super équipé en radars dernier cri!)


Il y a énormément de bateaux Français ici, et avec ceux rencontrés ou retrouvés aux Açores (Harem, Thorsson, Emma, Bellegaff, Semeda, Yann-Emilie, Taravana, Contre-temps, Bajada...), nous nous retrouvons régulièrement pour l'apéro à la brasserie de la marina, ou pour des barbecues dans un grand parc ombragé. Nous nous échangeons coups de main pour les travaux sur les bateaux, pots de peinture pour nos œuvres laissées sur le pavé (nous sacrifions à la coutume locale et laissons une trace de notre passage parmi les centaines d'autres peintures recouvrant les murs, les quais et les rochers du port), livres et films, dont le plus recherché ces derniers temps sur les pontons, "Bienvenue chez les ch'tis",... qui entraîne forcément d'autres soirées à la "baraque à frites" avec les aut' bilouts!



Apache et les Clu7 sont passés par ici!...    


Là encore, bonne ambiance: ça fait du bien!... Ça fait du bien... un peu: le syndrome "lotissement", déjà ressenti lors de notre premier passage à Gibraltar, réapparaît ici: tout se fait entre français (même si de temps en temps, des équipages anglophones se joignent au groupe le temps d'une bière). Nous pourrions être n'importe où ailleurs, cela ne ferait aucune différence! Nous nous rappelons que c'est pour éviter cela que nous avons zappé les Petites Antilles et préféré des escales moins courues aux Caraïbes.

Et puis, contrairement à la plupart des autres Français, et en particulier les bretons, dont les Açores sont la dernière escale avant le retour au bercail, notre voyage n'est pas fini. Nous avons encore 1 mois 1/2 devant nous, et comptons bien en profiter!

C'est décidé: nous partons à la première occasion directement sur la Méditerranée. Nous ne nous arrêterons pas, faute de temps, au Portugal.

Nous avons aussi hâte d'avoir passé Gibraltar et en avoir fini avec les grosses nav, notre lot depuis le départ du Venezuela.

Après, nous verrons ce qu'il est possible de faire: le Maroc, certainement la Tunisie, et puis la Sicile? La Sardaigne?... Comme d'habitude, nous ferons en fonction du temps, et... du temps!


Nous louons une voiture pour faire le tour de Faial: c'est beau, c'est vert (il pleut beaucoup), c'est fleuri (des hortensias partout), c'est volcanique, c'est sauvage! En une journée, nous nous offrons un concentré d'Açores! En fin de circuit, nous nous arrêtons pour regarder un fermier traire ses vaches. Il nous offre de ce lait à la fois frais, et encore tiède. Lui et sa femme parlent anglais et quelques mots de français! Ils nous apprennent que Faial a subit 10 ans auparavant un tremblement de terre qui a détruit toutes les maisons... ce qui explique pourquoi, ici aussi (comme à Flores), il n'y a que des maisons neuves, même dans les petits villages isolés!



Séparations

Arrive le moment des séparations: C'est d'abord Yann-Emilie, puis Thorsson, Bellegaff et Bajada qui quittent Faial pour visiter d'autres îles des Açores. Vient ensuite le tour de Jac Daniel (qui nous avait "réceptionnés" en annexe à Flores), dont l'équipage est maintenant complet après que Jacqueline ait rejoint Daniel en avion).

Harem, Semeda et nous, allons sur Gibraltar directement. Nous comptions faire route tous les 3, mais alors que Harem et nous partons un jour de pétole, Semeda préfère attendre un peu plus de vent, probablement le lendemain.

Les routes se séparent définitivement. Nous garderons un souvenir particulier de Rémi et Pamela, sur Emma, et de notre drôle de rencontre, par VHF, la dernière nuit mouvementée de cette transat retour qui n'en finissait pas, alors que les deux équipages avaient bien besoin de réconfort...

Bonne suite à tous, bon vent, et belle mer!

JP et Carole

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