Traversée
de Gibraltar à Madère - 21 au
26 octobre
C'est ça l'océan?
C'est d'l'eau quoi! (Clin d'il à Brice
et Saturnin)
Le détroit de Gibraltar est soumis à
des courants importants: la Méditerranée
se remplit, puis se vide. Il faut choisir l'heure
de passage avec soin pour profiter du courant
plutôt que lutter contre lui, en plus des
autres éléments : vagues, vent,
et cargos.
Pour le vent, nous avons attendu des prévisions
météo favorables. Nous devrions
donc passer le détroit assez facilement,
poussés à la fois par le vent et
le courant. Pour les cargos, nous éviterons
le couloir de navigation réglementée.
Pour les vagues, nous verrons bien.
Nous levons donc l'ancre à 6h du matin.
Surprise : au réveil, nous constatons que
les bateaux ont changé de sens! Pas de
chance, c'est la première fois depuis notre
arrivée à Gibraltar! Après
concertation avec Grenouille, nous décidons
de traverser la baie d'Algesiras et de voir à
l'entrée du détroit comment ça
se présente.
Une heure après, nous sommes rassurés:
le vent a tourné et est maintenant bien
orienté.
Un bateau français nous ayant prévenu
à La Linéa qu'il y a tout le temps
entre 30 et 35 nuds dans le détroit,
nous prenons nos précautions et ne sortons
que le Génois: une seule voile à
gérer, et tout le monde sera plus serein
à bord.
Finalement, nous sommes poussés paisiblement
par 15 nuds de vent, et 2 heures plus tard,
passons Tarifa. Encore 2 heures plus loin, c'est
la fin de la zone de navigation réglementée:
nous virons plus au sud, direction : Madère!
Les enfants sont presque déçus
par la facilité avec laquelle nous sommes
passés! Il faut dire qu'on leur avait annoncé
que ce serait terrible, avec des grosses vagues
et beaucoup de vent! Comme le vent, les vagues,
mais aussi le trafic, se sont montrés
bien calmes : nous n'avons croisé que quelques
cargos et un Ferry Tarifa-Tanger.
Pour notre part, nous sommes bien contents, car
avec ce détroit, nous passons là
une grande étape de notre voyage : nous
voilà... sur l'Atlantique!
D'ailleurs, où l'océan commence-t-il
vraiment? Nous sommes bien embêtés
de ne pouvoir répondre à cette question,
car du coup nous ne savons pas quand faire sauter
le bouchon! ;-)
Précision sur le quatre-quarts
- Oiseaux nageant - 2 jours de pétole - 6
ans Marin - Comment on freine? - Jeu concours
Après une première journée
tranquille, nous attaquons notre première
nuit sur l'Atlantique.
Contrairement à une nav de nuit sur la
côte sud espagnole, nous sommes à
la voile: aussi ne pouvons-nous pas utiliser la
recette du quatre-quarts.
J'en profite donc pour préciser à
ceux qui se sont dits "ils sont complètement
fous" en lisant le Carnet
5 (§ Quatre quarts), que nous étions
bien alors uniquement au moteur!
La nuit se déroule sans problème,
chacun s'accommodant assez bien de la durée
des quarts (entre 2H30 et 3H).
Le lendemain matin, nous avons la surprise de
découvrir sur le pont un tout petit poisson-volant.
Le pauvre s'est pris dans le filet de bastingage.
Un peu plus tard dans la journée, pendant
une manuvre, un oiseau passe à côté
de nous, puis vire, fait une cinquantaine de mètres
à 2m de la surface et... plonge dans l'eau:
ce n'est pas un oiseau, mais un autre poisson-volant,
bien plus gros celui-là (25-30cm).
Encore une rencontre attendue (en tous cas par
moi) depuis notre départ!
Hélas, les enfants étaient à
l'école en classe et ne l'ont pas vu! Nous
leur promettons qu'on en verra beaucoup d'autres
et qu'on risque d'en trouver régulièrement
sur le pont!
(15 jours plus tard,
à l'heure où j'écris ces
lignes, nous n'en avons vu qu'un seul autre, aux
Canaries, et cette fois encore, les enfants étaient
à l'école!)
C'est la dernière animation avant 2 jours
de pétole, et donc de moteur. Merci la
Météo qui nous avait annoncé
force 4 jusqu'à Madère!
Le deuxième jour, nous commençons
à nous inquiéter car notre autonomie
en carburant est limitée. Nous réduisons
les gaz pour consommer moins et tenir plus longtemps.
Encore une nuit de pétole, puis les conditions
redeviennent plus favorables : vent de travers
entre 10 et 20 nuds, et quelques périodes
à 30 en pleine nuit; comme par hasard,
ça tombe à chaque fois sur le quart
de Carole, qui me réveille pour réduire
la toile.
Pétole du soir, bonsoir!...
La GV ayant été rentrée pour
la nuit, nous nous retrouvons parfois avec à
peine 4 ou 5m2 de génois sur enrouleur.
Pourtant, le bateau ne descend pas en dessous
de 6,5 nuds! Avec une mer formée et une
nuit sans lune, ça fait son petit effet!
Mais si la vitesse ne baisse pas, la gîte,
elle, devient plus confortable et chacun peut
reprendre son activité... veiller pour
l'une, (essayer de) dormir pour l'autre!
Justement Carole profite de son quart pour gonfler
et accrocher des ballons... et oui, nous sommes
le 24 octobre: Marin a 6 ans!
Il soufflera ses bougies en plein océan
: original pour un Marin!
Depuis plus d'une semaine, il comptait les jours
et nous demandait tous les matins : on est le
combien aujourd'hui? Puis enchaînait : dans
X jours, j'ai 6 ans!
A 6h, c'est lui qui vient réveiller tout
le monde: "c'est mon anniversaire!"
Je crois bien que cette nuit, il n'a pas beaucoup
dormi tellement il était excité!
24 octobre 2007 - 6h du matin
Le 25, nous pêchons notre 2ème poisson,
et le 26, le 3ème : 2 fois la même
espèce, non identifiée.
Jeu-concours: Vous connaissez le nom du
poisson ci-contre? Ecrivez à apache@clu7.fr!
Quelques indices: dos bleuté, ventre blanc
et mou hérissé de petites épines,
bouche sur le dessus avec dents façon oursin.
Indice supplémentaire : chair très
tendre, goût de crustacé (et oui,
ils ont aussitôt fini au barbecue!).
Vend 26 au soir : Philippine descend le fanion
espagnol et hisse le portugais : nous sommes en
vue de Funchal, la capitale de Madère.
JP
< Cet espace est à vous! ;-) >
Madère
- 26 octobre au 1er novembre
Après ces 6 jours et 5 nuits en mer, nous
ne tentons même pas le mouillage forain,
nous avons réellement besoin de dormir.
Nous nous attendions à une grande Marina,
mais sommes surpris de trouver un tout petit port,
où les bateaux de passage sont à
couple, par 3 ou 4, sur le ponton d'accueil. Un
ponton super sympa d'ailleurs, où chacun
a peint le nom ou le logo de son bateau en témoignage
de son passage. Certaines peintures sont de véritables
uvres d'art!
Nous nous retrouvons donc collés à
Grenouille, puis à un troisième
bateau qui arrive un peu plus tard. Mais ce sont
des français avec 3 enfants à bord,
les nôtres sont donc ravis!
Ponton d'accueil de Funchal
Nous sommes fatigués mais surtout très
fiers, il faut bien l'avouer, d'être arrivés
là : c'est la première longue navigation,
nous avons passé Gibraltar et sommes maintenant
sur l'Atlantique; le voyage commence vraiment!
D'ailleurs, les bateaux que nous rencontrons ici
sont presque tous équipés grand
voyage, et ont en gros le même itinéraire
que nous.
Nous ne restons que 2 jours à Funchal:
c'est une très jolie ville mais la plage
de sable et galets noirs n'est pas terrible et
le port décidément pas agréable.
Nous avons juste le temps d'aller acheter un
dico portugais/français, honteux de ne
même pas savoir dire bonjour (bom dia) et
merci (obrigado)!
A couple, par 3, voire 4
Nous quittons les Grenouille (des amis à
eux ont loué sur l'île pour venir
les voir). Nous nous retrouverons certainement
dans une ou deux semaines aux Canaries.
Coût de vent - 3 jours
à Calheta - Terre à terre
Le long de la côte entre Funchal et Calheta,
le vent est faible, et du coup très variable
en direction: las de virer de bord toutes les
2 minutes, nous finissons par rentrer le génois.
15mn après, nous prenons soudain 30 nuds
en travers. Il ne reste que 20mn de route aussi
décidons-nous de rentrer la grand voile
et de finir au moteur.
Peu après, alors que le vent semble s'être
stabilisé à 25 nuds, une rafale
à 35 nuds incline le bateau pourtant
sans voile.
Le relief très prononcé de Madère
crée des couloirs d'accélérations
décidément très impressionnants!
Heureusement, leur effet sur la surface de l'eau
permet de les voir arriver!
Nous arrivons à Calheta après 3h
de route vers l'ouest, petit village complètement
isolé au pied d'une falaise couverte de
bananeraies.
Le port est à moitié vide et une
place facile nous attend. Après plusieurs
tentatives pour faire demi-tour dans un espace
très réduit et un vent qui ne veut
pas se calmer, nous retrouvons amarrés
sans plus de difficultés.
Enfin un port avec des catways!... C'est particulièrement
agréable sur l'Atlantique puisqu'ils permettent
d'oublier l'effet des marées: inutile de
faire des calculs compliqués pour déterminer
la longueur des amarres (calculs obligatoires
sur les quais en durs si on veut éviter
de retrouver le bateau suspendu au quai à
marée basse!).
La marina est toute neuve, tout en béton.
Ça fait toc, mais il y a une petite plage à
proximité, et... une laverie, enfin!
Oui parce que beaucoup pensent que c'est "la
croisière s'amuse" tous les jours,
mais il y a de nombreux détails passés
sous silence par le Capitaine, comme le linge,
ou les courses qui s'avèrent prendre beaucoup
plus de temps qu'à terre...
Pour la rubrique "terre à terre"
(parce que même en mer il faut parfois l'être
un peu), il faut savoir que le linge est le plus
souvent lavé à la main, à
l'eau douce quand nous sommes dans un port, mais
à l'eau de mer (donc froide et salée...)
au mouillage. Et non, il n'y a pas que des maillots
de bain, il y a aussi des t-shirts et shorts,
des pyjamas, des polaires et pantalons quand nous
naviguons de nuit. Alors quand nous trouvons une
laverie, j'en profite pour laver les draps et
les serviettes !
La météo promet de bonnes conditions
pour les 2 jours à venir: le temps nécessaire
pour rejoindre les Canaries.
Nous quittons donc Madère, ses bananeraies
et sa mode homme "chemises à carreaux".
Canaries où nous prévoyons de faire
des travaux (encore, et toujours!) sur le bateau.