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    20. République Dominicaine
7 au 19 avril 2008
 
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Découverte de...
 
7 au 10 avril - Luperon

Une fois de plus, nous avons l'impression de nous réveiller sur un lac. Quel calme. Pas un souffle d'air. Nous en profitons pour remouiller tranquillement et nous éloigner du bateau voisin.

Nous affalons aussi le génois, sa bande anti-u.v. a besoin d'être recousue sur toute la longueur, nous espérons trouver un artisan-voilier à Luperon.

Alors que nous prenons notre petit-déjeuner, trois hommes arrivent, se présentant comme "les autorités": ils montent à bord avec leurs rangers (grrr...), nous saluent, plaisantent ("cinco ninos?!!!!") et nous expliquent qu'ici il y a des taxes officielles d'entrée sur le territoire, mais aussi une sorte de coutume qui consiste à faire "un petit cadeau" au commandant, pour qu'il garde bien notre bateau. Bien sûr, "ce n'est pas obligatoire, mais alors on ne sait jamais ce qui peut se passer si personne ne surveille..."

Ils nous demandent les papiers du bateau. Jean-Philippe fouille dans la table à cartes et ne les trouve pas, ce qui ne les fait pas tellement rire. Surtout quand ils comprennent qu'il les a perdues à la marina la veille au soir, alors que Philippine et lui avait fait un aller-retour rapide avec l'annexe du Franco-belge Philippe, pour aller consulter nos mails. Il n'était pas censé mettre un pied à terre avant d'avoir vu les autorités...

Bon, ça n'est pas grave, nous avons des photocopies. Ah non, tiens, il manque des pages...

Finalement, ils nous demandent gentiment mais fermement d'aller récupérer nos papiers à la marina, pendant qu'ils attendent à bord. Mais notre annexe est encore dégonflée et rangée sur le roof, cela risque de prendre du temps... Ils nous donnent donc finalement rendez-vous à 14h au bureau de l'immigration, après nous avoir rappelé que sans papiers nous risquons d'avoir de gros problèmes pour entrer sur le territoire.

Nous savons surtout que si les autorités dominicaines ont mauvaise réputation, celles de Cuba sont réputées pour leur manque total de souplesse. Nous ne pourrons pas y aller sans nos papiers. Il faut absolument les retrouver!

Comme ça n'est décidément pas notre jour, le moteur de l'annexe ne veut pas démarrer. Jean-Philippe démonte tout, et casse une pièce.... "Y'a des matins comme ça! "

Nous sommes donc bloqués sur Apache, alors que nous avons bien besoin de nous dégourdir les jambes puisque nous sommes à bord depuis 5 jours.

Jean-Philippe réussit finalement à "arranger" le moteur, mais l'accélérateur est bloqué à mi-course, ce qui donne des départs et des arrivées un peu sportifs! Nous finissons aussi par retrouver nos papiers en fin d'après-midi, la personne qui s'occupe du wifi les avait embarqués par mégarde... Ouf, nous en étions déjà à imaginer joindre l'ambassade pour en avoir de nouveaux.

Nous passons une heure dans les locaux des autorités, et versons de nombreux dollars pour les différentes taxes d'entrée. Encore une 1/2 heure pour une inspection du bateau, réalisée pour "les ministères de l'hygiène, de la mer et de l'agriculture" (ou quelque chose d'approchant), en fait un autre prétexte pour nous demander 20 dollars de plus.


Enfin nous pouvons aller visiter Luperon!

Et cette fois, c'est une bonne surprise qui nous attend: un village plutôt qu'une ville, où tout le monde nous sourit, nous dit bonjour, des rues bordées de maisons minuscules et colorées, de la musique partout, des enfants qui courent, des poules, des chiens, des ânes et des chèvres qui traversent à tout moment, obligeant les nombreuses motos à slalomer...

C'est vivant, gai, bon enfant, on s'y sent tout de suite bien...


Nous sommes en pleine période électorale: en mai, les Dominicains élisent leur président! Partout dans le pays, même dans cette petite ville, des affiches, des fanions, des autocollants très colorés ventent les mérites des quelques 25 candidats! Chacun affiche sa préférence sur son tee-shirt, sa casquette, sa moto, et même la façade de sa maison!...

Nous terminons la journée dans un bar-restaurant, qui a une connexion internet, un baby-foot, une piscine, une immense terrasse, du poulet grillé accompagné d'une sauce divine, de la bière bien fraîche... Nous oublions notre première matinée et commençons enfin à apprécier la République Dominicaine!

Le lendemain, nous apercevons le voilier français Yalling'up, avec qui nous étions à couple à Madère; ils partent dans quelques jours pour Cuba, nous nous retrouverons peut-être pour la traversée vers les Bahamas.

Nous continuons notre découverte de Luperon, et le charme agit toujours. Philippine et Domitille se font faire des tresses (Juliette n'aime pas DU TOUT). A midi, nous déjeunons dans une petite gargote, le menu typiquement dominicain "pollo frito, arroz blanco y habichuela" (une sauce à base de haricots rouges). Les enfants se régalent, c'est une bonne nouvelle, parce qu'il semble que le choix ne soit pas très varié, et étant donné les tarifs très bas des repas en ville et le fait que nous ne pouvons pas faire la vaisselle avec l'eau noire du mouillage, nous allons souvent manger dehors!

Nous récupérons notre génois, cousu en un temps record, pour un prix défiant toute concurrence (40 euros!!!), et avec autant de savoir-faire qu'ailleurs! Si notre escale avait mal commencé, les choses semblent vraiment s'améliorer!

Nous décidons d'ailleurs de louer une voiture pour quelques jours, et de partir visiter l'intérieur de l'île. Des vacances scolaires sont décrétées, nous partons en "vacances du bateau"!


Jeudi 10 avril - En voiture ! - Puerto Plata - Santiago - Hôtel moins cher que le ponton!

Nous récupérons notre voiture vers 10h du matin, armés de nos sacs de voyage et de couchage, au cas où. Les enfants sont excités, c'est un 4X4: ils sont 4 sur la banquette arrière (Fleur tient encore dans son maxi cosy, ouf!), et 1 dans le coffre, le bonheur!

Nous faisons une première halte à Puerto Plata, la ville principale de la côte nord. balade dans le centre, petit tour par le marché: nous craquons pour une statuette, symbole des premières femmes Tainos (le peuple Indien qui vivait ici à l'arrivée de Christophe Colomb), et un hamac (nous en cherchions un depuis le Venezuela!!!). Ce sont les premiers "souvenirs" que nous achetons depuis le début du voyage; et encore, le hamac a plus une valeur symbolique... sachant qu'aujourd'hui on trouve l'artisanat du monde entier dans le moindre petit marché en France, et des statuettes africaines même chez Ikea, il est très difficile de trouver quelque chose de vraiment original... et qui tient dans le bateau !

Nous déjeunons dans une toute petite taverne qui sent un peu "l'animal mort", comme disent les enfants. Les gens semblent surpris de voir des gringos s'installer parmi eux, mais c'est bien ce que nous voulons! La patronne nous sert le plat typique (poulet frit et riz), puis nous fait goûter ses aubergines marinées... un régal!

Mais nous ne sommes pas très emballés par cette ville et décidons de rejoindre Santiago, à une soixantaine de kilomètres.

Nous empruntons une route de montagne, et découvrons le cœur de l'île. La végétation est magnifique, abondante, envahissante. Les maisons sont toujours aussi colorées, mais les gens manifestement très pauvres. Les routes sont complètement défoncées, et l'on croise régulièrement des habitants en train d'essayer de combler les trous avec des pierres; ce sont le plus souvent des enfants.

Et puis l'on découvre d'un coup des dizaines d'échoppes sur le bord de la route, qui vendent toutes exactement la même chose, c'est à dire des bananes ou des mangues. Mais à qui comptent-ils vendre tout ça? Il y a si peu de passage! Et pourquoi s'installent-ils tous au même endroit?

Nous arrivons à Santiago en fin d'après-midi. Alors que nous nous promenons sur la place principale, nous faisons la connaissance d'un étudiant, très heureux d'entendre parler français. Il nous parle de son pays, et résume (en plaisantant ?): "la population est 80% catholique, 15 % protestante, 5% un peu tout le reste... mais par contre, 100% alcoolique.., c'est le seul problème!"

Il nous indique une pension toute proche; c'est parfait, il y a deux chambres libres côte à côte, avec douche et même télé, très propre... le tout pour 28 euros!!! C'est une bonne nouvelle, nous étions prêts à dormir dans la voiture pour limiter les frais...

Après une bonne douche, nous repartons passer la soirée en ville, mangeons des perros calientes et empanadas en nous promenant dans les rues bruyantes et animées de Santiago. Nous passons ensuite une très bonne nuit dans un vrai lit, ce qui ne nous était pas arrivé depuis 7 mois!


Vendredi 11 avril - La Vega - Jarabacoa - La Vega

Toujours aussi matinaux, les enfants viennent nous réveiller parce que leur télé ne marche pas... Un épisode de Scooby doo et de "Tarta de fresa" plus tard, nous partons nous acheter un petit déjeuner en ville. Jean-Philippe n'adore pas commencer la journée par un supermarché, mais c'est finalement un bon indice de développement, et cela donne une idée du quotidien des gens! C'est d'ailleurs le plus fourni que nous ayons rencontré depuis... les Canaries! L'offre est très Européenne. Santiago est une ville qui bouge, remplie d'étudiants : on y trouve une fac de droit, une fac de médecine, une école d'ingénieur. On se dirait en Espagne il y a quelques années, tout est organisé autour de la place principale (Plaza mayor).

Nous poursuivons notre route vers le sud, malgré les protestations des enfants qui trouvent l'hôtel "super parce qu'on voit la télé même quand on est dans la douche..."!

Nous passons encore une fois par une route de montagne, et constatons à nouveau le grand écart de niveau de vie entre citadins et ruraux. Les gens sont sales et pieds nus le plus souvent. Seuls les écoliers sont tous beaux avec leur uniforme: chemisette bleu ciel, pantalon beige, et chaussures fermées, on imagine quel effort cela représente pour eux d'arriver tout propre à l'école, en passant par des sentiers poussiéreux de montagne (surtout quand on sait qu'il faut 10 secondes aux nôtres pour se salir, même en ville...)!

Encore une fois, il y a des échoppes sur le bord de la route, qui vendent cette fois-ci, toutes, quelque chose qui ressemble à des roues de fromage...à qui? Nous ne savons toujours pas!!!

Nous atteignons Jarabacoa vers midi : sandwiches et bananes sur la place, puis nous partons à la recherche des ses fameuses cascades.

A notre arrivée au "salto Baïguate" tout un car de touristes s'en va, nous avons les chutes rien que pour nous. L'eau est glacée, cela fait un bien fou ! Après une bonne baignade, nous devons partir. C'est à ce moment-là qu'un nouveau "contingent" de touristes arrive. Et avant même de les entendre (le bruit de la cascade est assourdissant), rien qu'en les observant, nous savons, nous en sommes sûrs... en les croisant, nous en avons la confirmation: ils sont français... pourquoi sont-ils (sommes-nous?) repérables d'aussi loin?!... Les enfants les croisent en disant "holà", (ils n'ont pas encore l'œil), et nous passons incognito jusqu'à ce que Domitille hurle "Maman, la grosse dame, elle parle français...". Allez, vite, en voiture!


Plus loin, nous nous arrêtons sur le bord de la route pour voir ce que sont finalement ces grosses boules qui ressemblent à du fromage: ce sont en fait des galettes de maïs, qui s'appellent "Arepas", comme au Venezuela, mais sont présentées différemment.

Nous sommes garés juste devant l'école, et c'est l'heure de la récré. La maîtresse nous fait signe d'approcher. Elle est contente, parce que "Les américains ne s'arrêtent jamais!". "Mais nous sommes français...". "Oui, oui..." (sous-entendu, c'est pareil!)


Elle nous propose d'attendre la fin de la classe, elle habite dans la ville où nous comptons passer la nuit et nous indiquera un petit hôtel. Nous la suivons, et c'est finalement chez elle qu'elle nous propose de dormir, dans un quartier à l'extérieur de la ville... Nous nous sentons un peu piégés, mais arrivons à refuser poliment... nous souhaitons profiter du centre ville, et être un peu plus libres de nos mouvements. Sans compter que débarquer à 7 nous semble un peu gonflé.

Nous arrivons un peu tard à La Vega, et entrons dans le premier hôtel que l'on nous indique, chez "San Frank", c'est encore moins cher qu'à Santiago, mais vraiment plus simple et plus douteux... Bon, cette fois, nous sortons les taies d'oreillers amenées au cas où, cela fera l'affaire... Comme la veille, Fleur fait une inspection de la chambre, et découvre des merveilles qui n'existent pas sur le bateau: elle teste tous les tiroirs, les prises électriques, la télécommande et les lampes de chevet qui s'allument, qui s'éteignent, qui s'allument, qui s'éteignent, qui s'allument...

Après une balade en ville et une pizza, nous rentrons nous coucher, et réalisons alors qu'il s'agit probablement d'un hôtel de passe. Le gérant nous prévient d'ailleurs de ne pas laisser la télécommande aux enfants, il y a une chaîne "adulte" à la télé... bon, tout le monde au lit!


Samedi 12 avril - De La Vega à Saint Domingue

Nous sommes toujours réveillés aussi tôt . Le programme prévu est un petit déjeuner en ville, puis passer la journée à Saint Domingue, la capitale, au sud du pays.


Nous trouvons un marché, le menu est donc fruits, pain et même chocolat, quel chance! Ce quartier est bien plus pauvre que celui où nous avons dormi: les enfants sont pieds-nus, et beaucoup mendient. Personne ne nous a jamais demandé d'argent au Venezuela; ici, nous rencontrons beaucoup d'enfants apparemment laissés à eux-mêmes. Déjà dans le village à Luperon nous avons été frappés de voir des tout-petits seuls en ville (certains ont encore une tétine!), à toute heure du jour et de la nuit.

Cela impressionne beaucoup les nôtres, mais ils semblent aussi intéressés par cette liberté!



Un quartier de La Vega                  

Sur la place principale, des majorettes s'échauffent, elles se préparent pour une marche pour la paix. Les enfants demandent si cela existe en France; j'avoue que je ne sais pas si l'on en trouve encore beaucoup.

Après le spectacle, nous embarquons vers Saint Domingue, cette fois par l'autoroute. Et si la nonchalance est un art de vivre dans toutes les Caraïbes, cela ne concerne pas la conduite automobile... Que ce soit dans des voitures complètement pourries ou flambant neuves, ils se comportent tous comme sur un circuit, doublent à droite, à gauche, ou entre 2 files, ne voient pas l'intérêt du clignotant, et surtout, surtout, comble de virilité... klaxooooooonnent sans arrêt! C'est réellement impressionnant, même pour nous qui avons passé nos permis de conduire à Aix-en-Provence et Toulon ; ici Samy Naceri serait relégué dans la voie "Véhicules lents" avec son Taxi!


A notre arrivée à Saint Domingue, nous décidons de commencer par chercher un hôtel dans la vieille ville, le quartier colonial. Nous comptons rester deux nuits ici, et ne voulons pas nous retrouver coincés comme la veille.

Il y a quelques grands hôtels, mais ils ne sont pas dans nos moyens, et très touristiques. Nous cherchons donc encore une pension.

C'est l'occasion de visiter des arrière-cours, de magnifiques entrées qui débouchent sur des immeubles en ruine, des portes miteuses qui cachent de splendides terrasses...

Nous avons du mal à trouver: il faut dire que nous avons un format particulier, il nous faut deux chambres, côte à côte, ou une très grande!


A la recherche d'un hôtel                  

Le sixième hôtel est le bon: d'ailleurs, il s'appelle "La Baraka"! Tenu par des Haïtiens (il y en a beaucoup ici, venus tenter leur chance dans ce pays voisin du leur) il est au premier d'un immeuble crasseux. Mais à l'intérieur, tout est très propre, très joliment décoré, il y a une grande pièce centrale à ciel ouvert. Nous avons l'impression d'être invités dans une maison, il n'y a d'ailleurs que nous, les 4 autres chambres de l'étage ne sont pas occupées.
2 chambres, 2 salles de bain, une grande pièce à vivre, une cuisine... nous disposons d'une véritable suite royale en plein quartier colonial pour la modique somme de 50 euros les 2 nuits, à 7!

Nous passons la soirée en ville, sur les traces de Colomb. Sa mémoire est célébrée à tous les coins de rue, par une plaque, une statue, un musée... ou un nom de café.


Dimanche 13 avril - Saint Domingue

Levés aux aurores comme d'habitude, nous commençons la journée par une balade en calèche, promise aux enfants. Nous avons la ville rien que pour nous, et de si haut, nous profitons de la vue sur les jardins magnifiques, habituellement cachés par de grands murs. On pourrait même s'attendre à ce qu'une femme, habillée à la mode de l'époque, apparaisse à l'une des fenêtres avec un éventail à la main... Depuis le début du voyage, Fleur a pris l'habitude de saluer de la main les bateaux et les annexes qui passent; elle fait donc de même en calèche, se prenant pour la Reine Mère !

Nous poursuivons nos promenades à pied. Alors que nous arrivons sur une des premières places construites après l'arrivée de Colomb, toujours seuls et charmés par cette ambiance d'un autre temps, nous apercevons une vieille femme installée sur un banc. Elle semble nous attendre depuis plus de 500 ans...

Très imposante, elle porte une grande robe blanche et un magnifique chignon, blanc aussi. Ses yeux clairs nous sourient quand elle entend que nous parlons français: elle le parle très bien, elle a travaillé à Genève et a un grand-père Corse!


Dans le quartier colonial                 

Elle nous parle de son pays, de ce qu'il était, de ce qu'il devient. C'est intéressant d'avoir le point de vue d'une personne âgée, après avoir écouté l'étudiant à Santiago. Elle déplore notamment la disparition des familles nombreuses : "Ici ils n'en veulent plus, c'est dommage, ils sont en train de tuer l'âme de ce pays, il n 'y a plus de petit dernier, d'enfant du milieu, de benjamin, avec toute la richesse de différence de comportements que cela sous-entend..."

Evidemment, elle voit qu'elle a un bon public, et elle n'a pas vraiment besoin de nous convaincre... Encore une fois, comme en Espagne, comme au Venezuela, nous sommes surpris de surprendre avec nos 5 enfants! Mais ce qui nous étonne davantage en République Dominicaine, c'est la phrase que l'on nous sort vraiment systématiquement : "Oh la la, no tienen la television!"

La télévision pour le contrôle des naissances ? Cela fonctionne peut-être bien pour obtenir l'enfant unique tant plébiscité, mais c'est surtout apparemment une arme redoutable pour la pensée unique !!

L'après-midi c'est en voiture que nous nous promenons dans le quartier résidentiel de Santo Domingo, parce qu'il est un peu excentré et immense. Nous nous retrouvons brutalement plongés au 21è siècle: de très belles maisons bien entretenues, un lycée français, un lycée américain, des centres commerciaux avec toutes les enseignes européennes: même Carrefour, Conforama et Ikea! Nous sommes dans la capitale, il y a donc aussi tous les monuments officiels comme el "Palacio Nacional" qui a des allures de Maison Blanche.

Le seul point commun avec le centre ville, est la présence de travaux partout alors que de nombreuses maisons sont à l'abandon. Ils semblent préférer construire ailleurs plutôt qu'entretenir, même en plein centre, où chaque pierre est pourtant chargée d'histoire.


Lundi 14 avril - "Traversée retour", de Saint Domingue à Luperon

Dernière promenade dans Saint-Domingue. Nous rencontrons Miguel, un petit cireur de chaussures de 12 ans. Il nous suit un moment, en montrant les chaussures de Jean-Philippe; c'est vrai que cela ne leur fera pas de mal... Très vif, étonnamment cultivé, c'est lui qui nous pose plein de questions sur notre voyage, notre bateau, notre famille. A la fin, après nous avoir dit qu'il n'avait pas de parents, il nous dit que pour les chaussures, nous pouvons donner ce que nous voulons, mais que par contre, il veut bien rentrer en France vivre avec nous... Il attend notre réponse avec un sourire magnifique. Devant tant de candeur, il nous est vraiment difficile de lui expliquer que ça n'est pas possible. Nous nous surprenons d'ailleurs à repenser à sa proposition un peu plus tard... et partons vite !

Nous rentrons à Luperon en privilégiant les petites routes et les villages de montagne: nous voulons voir des caféiers, et espérons trouver un village qui en cultive.

Mais une institutrice prise en stop dans les hauteurs de Bonao nous explique que ça n'est pas du tout la saison, la récolte se fait de septembre à décembre, et ces 4 mois sont d'ailleurs des vacances scolaires dans la région, afin de permettre à toute la famille de participer.

Nous arrivons dans la soirée à Luperon, les enfants sont contents de retrouver le bateau et disent que c'est agréable de rentrer "à la maison!"


Le lendemain nous déjeunons en ville: Jean-Philippe teste "el chivo", la chèvre... je me contente du poulet; qu'il soit aphteux, un peu fou ou bien grippé ne me dérange pas, mais une chèvre... psychologiquement, c'est comme manger du chien.... je goûte aussi, et nous concluons que ça n'a pas grand intérêt...


Mardi 15 avril - La Isabela

L'après-midi nous partons en taxi à La Isabela, petite ville toute proche bâtie par Christophe Colomb: elle accueillit le premier gouvernement des Amériques, le premier tribunal de Justice, et c'est aussi là que fut célébrée la première messe du Nouveau Monde.

Honnêtement, il ne reste pas grand chose des "ruines de Colomb", et quand nous passons devant sa "maison", les enfants sont un peu déçus; Marin suggère même que nous revenions "quand les travaux seront terminés "(!), mais ce petit lopin de terre a quand même changé la face du monde!


Nous avons juste le temps d'aller faire un tour à la petite plage voisine avant d'attraper le "guagua", le bus pour le retour. C'est la première fois que nous nous baignons depuis La Blanquilla. La République Dominicaine est pourtant aussi célèbre pour ses "plages magnifiques aux eaux cristallines". Mais nous ne sommes pas vraiment en manque d'eau turquoise et de sable blanc, nous avons donc décidé de zapper la partie touristique de l'île, d'autant que nous avons plus de chance d'y rencontrer des Français que des Dominicains.

Le retour en guagua (en fait un taxi collectif) est mémorable: il roule à toute allure, même dans les villages. Nous sommes tous les 7 sur la banquette arrière d'une voiture de la taille d'une Twingo, et à l'avant sont coincées deux jeunes femmes et une petite fille, en plus du chauffeur, tous de bonne corpulence! Ouf, nous arrivons à Luperon sans accident!


16-19 avril - Luperon

Nous restons encore quelques jours à Luperon, puis rejoindrons Cuba, directement ou via un crochet par les Turks and Caicos, au sud des Bahamas.

Avant le départ, les destinations que nous attendions vraiment étaient le Venezuela et Cuba. Nous n'avons pas été déçus par le Venezuela, et en avons bien profité; nous verrons bientôt si Cuba tient ses promesses.

Mais la République Dominicaine est la bonne surprise de ce voyage: ce qui n'était censé être qu'une escale obligée s'est révélé un vrai coup de cœur, nous apprécions autant le pays que ses habitants. Ils ne répondent pas simplement poliment à nos "bonjour!", ils les attendent, les devancent; en pleine montagne comme dans les grandes villes pourtant touristiques, leur sourire est sincère et accueillant.

Bien sûr, les enfants facilitent le contact, mais il y règne une grande joie de vivre vraiment communicative !

Carole et Jean-Philippe

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