Par où commencer ce carnet? Il est très
difficile de se lancer tant nos impressions sont
mélangées! Le plus simple est de
prendre les choses comme elles viennent: dans
l'ordre!
Cuba, nous voilà! (23 avril) - Autorités
Nous approchons de Puerto Vita sur la côte
nord de Cuba le mercredi 23 avril, après
un peu moins de 3 jours de navigation sur une
mer d'huile et sans le moindre souffle d'air.
Les navigations se suivent mais ne se ressemblent
pas! 300 milles tout au moteur à régime
réduit... lent, lent, lent. Seul avantage:
double dose d'école pour tout le monde:
matin et après-midi! Et Philippine et Domitille
ont même droit à une coupe de cheveux.
A 3 milles des côtes, ce sont les autorités
qui entrent en contact radio avec nous: "Voilier
arrivant sur Puerto Vita, identifiez-vous!"
30 minutes plus tard, nous nous amarrons au seul
ponton de la petite marina au fond d'une baie
bien protégée et entourée
de mangrove. JP met le pied à terre pour
fixer une amarre.
On nous fait remarquer fermement qu'il n'a pas
le droit tant que les formalités d'entrée
ne sont pas faites. JP répond tout aussi
poliment qu'avant de faire les formalités,
il faut amarrer le bateau.
S'ensuivent donc les formalités à
la mode cubaine: enlevant leurs chaussures, 6
ou 7 personnes en uniforme montent à bord
d'Apache: douane, immigration, capitainerie du
port, médecin, vétérinaire...
tous nous posent les mêmes questions pour
remplir leurs formulaires (au moins, ce sont eux
qui font le travail, ailleurs, c'était
à nous de le faire!) qui iront s'entasser
dans leurs bureaux respectifs.
Finalement, tout se passe assez rapidement et
c'est bien plus simple pour nous de recevoir les
autorités à bord plutôt que
nous rendre à pied dans les différents
services!
Il faut dire qu'avec notre format familial, nous
n'avons pas l'air de trafiquants!
Et puis "Apache", prononcé "Apatchi"
en anglais et "Apatché" en espagnol,
est un nom international. Tout le monde sait ce
que c'est et comment ça s'écrit.
C'est déjà un avantage pour se signaler
à la VHF par exemple. Les noms du genre
"Mon rêve d'ailleurs" doivent
causer bien des migraines en arrivant dans un
port étranger...
Mais surtout, depuis que nous sommes de ce côté-là
de l'Atlantique, Apache a la côte: "Apache,
como los indios!". Il n'est pas rare qu'on
nous dise "J'ai un ancêtre Apache!".
Après moins d'une heure, les frères
Rapetou ayant fini de nous pomper des sous (c'est
surtout pour ça qu'ils sont là),
nous sommes les bienvenus sur le sol cubain et
nos 5 petits indiens sortent en courant!
Mais tout ne se passe pas aussi bien pour tout
le monde: "Pinguino", un voilier Chilien
en panne de moteur, arrivé dans l'après-midi,
trop tard au goût des autorités,
se voit interdire l'accès au ponton! Malgré
les supplications de l'équipage, rien n'y
fait: trop tard, c'est trop tard: le voilier,
utilisant son moteur d'annexe de 5ch pour manuvrer,
est renvoyé au mouillage à 200m
de la marina. Sur le chemin, le bateau s'échoue
sur un banc de sable et passera la nuit coincé
là!
Nous nous attendions plutôt à ce
type d'accueil de la part des autorités:
nous avons eu de la chance!
Puerto Vita (23 avril) - Mendicité - Partons
vite!
La marina est vide et glauque. La première
ville, où se trouve aussi la plage la plus
proche, est à 15 kilomètres. Super!
:-(
Il y a quand même un tout petit bourg accessible
à pied. Une grande rue et une trentaine
de maisons de chaque côté. Les seules
personnes qui s'approchent de nous et répondent
à nos sourires nous demandent de leur donner
un "cadeau", et repartent vite quand
nous leur répondons "non".
Un vieux monsieur nous invite à entrer
dans son jardin, en nous disant que nous y serons
plus tranquilles. Lui et sa femme habitent une
toute petite maison en planches d'une seule pièce,
entièrement occupée par le lit.
Les draps sont faits de morceaux de tissus cousus
les uns aux autres. En guise de papier peint,
les pages d'un magazine recouvrent tout un pan
de mur. Ces gens n'ont rien d'autre que leur bananier,
quelques poules et un jeune cochon.
Luis, c'est son nom, offre des pendentifs en
écorce aux enfants malgré nos protestations,
et nous explique qu'il ne faut pas écouter
sa voisine, "un peu folle, et qui passe son
temps à quémander". Il finit
par nous raconter que la vie est dure à
Cuba, et que nous serions gentils de l'aider,
de lui offrir des t-shirts par exemple. Comme
il nous dit être pêcheur, JP lui propose
plutôt du matériel de pêche.
Il est manifestement ravi et accepte bien vite.
[application à la lettre du principe premier
du parfait petit bénévole humanitaire:
"si tu donnes du poisson à un homme,
tu le nourris pendant un jour, si tu lui apprends
à pécher, tu le nourris pour la
vie!..."]
La voisine en question arrive, prend Domitille
et Marin par la main et les amène chez
elle, où elle a soi-disant des bonbons.
Elle était en train de se faire un shampoing
colorant quand elle nous a aperçus. Elle
a donc des gouttes "acajou" qui lui
dégoulinent sur le visage... on dirait
vraiment une sorcière et les enfants ont
un peu peur!
Nous quittons Luis le pêcheur pour voir
où la sorcière amène nos
enfants. Elle ferme la porte derrière nous
et avec un air de conspirateur, nous explique
qu'il ne faut pas écouter son voisin...
Ce qui l'intéresse, elle, ce sont des
t-shirts motif "camouflage" pour son
fils qui fait 1m75! Au moins, c'est clair et précis!
J'ai beau lui expliquer que nous avons le strict
minimum sur le bateau et en avons besoin (la transat
retour est pour bientôt!), elle est vraiment
très insistante... Nous finissons quand
même par nous sortir de ce nouveau piège
et nous séparons avec le sourire.
En rentrant au bateau, nous sommes interpelés
tour à tour par 3 autres personnes. Sourires,
caresses aux enfants, compliments pour la belle
famille... Une fois le contact établi,
ils prennent un air de conspirateur, et la main
devant la bouche pour ne pas être entendus
des voisins, nous demandent un cadeau, puisque
"Cuba est très pauvre et vous les
touristes très riches".
Forcément, comme première impression,
c'est plutôt l'agacement! Surtout qu'à
partir de 18H, ce sont les moustiques et les "yinyins"
(sortes de moustiques microscopiques à
la piqure très douloureuse) qui passent
à l'attaque à la marina!
Nous passons la nuit à nous gratter et
à essayer les différents produits
anti-moustiques restés jusque-là
dans les coffres. Qu'ils soient "spécial
tropiques" ou "action super plus extra
mieux", ils se révèlent aussi
inefficaces les uns que les autres. L'industrie
parapharmaceutique ne doit pas avoir intérêt
à sortir un produit qui marche, cela tuerait
le marché juteux des "anti-grattage"
et autres lotions apaisantes...
Bref, à notre réveil, Puerto Vita,
c'est plutôt "partons vite!"
Guardalavaca (24 avril) - Touristes
massifs et Cubains rationnés
Nous partons pour la journée à
Guardalavaca, à 15km de Puerto Vita. Comme
le seul bus de la journée est parti à
7h30, nous devons prendre un taxi.
La route est complètement défoncée.
Les rares voitures (presque toutes des taxis)
et camions slaloment entre les trous énormes.
Il y a aussi beaucoup de charrettes tirées
par des chevaux ou des bufs. Ici, ce ne
sont pas des promène-touristes: elles constituent
le principal moyen de transport de la population
et des marchandises.
Guardalavaca est connue comme la 2ème plus
belle plage de Cuba après Varadero et sa
réputation n'est pas volée.
Mais les gros complexes touristiques se sont
emparés du site et il ne reste qu'un petit
bout de plage libre d'accès aux non-clients.
Le reste est envahi par les touristes, essentiellement
canadiens. Fidèles à leur drapeau,
ces derniers sont très blancs ou rouge
vif, selon leur date d'arrivée. Grâce
à la formule "all inclusive",
ils ne se lèvent de leur transat que pour
aller se chercher une nouvelle bouteille de bière
ou un verre de mojito ou de piña colada.
Non, non, il n'y a aucun mépris: nous-mêmes
avons passé en novembre 2000 une dizaine
de jours dans une réserve à touristes
à Varadero. Juliette avait alors 2ans 1/2
et Philippine 13 mois: après un été
pourri à Paris, nous voulions juste du
calme, de la mer et du soleil: c'était
parfait!
Un peu de mépris quand même pour
cette femme grillée à point, qui
se lève de son transat, met son chapeau
et son paréo achetés à la
boutique de l'hôtel, se dirige vers le bout
de plage des Cubains, se plante devant une petite
fille jouant tranquillement dans le sable, et
dégaine une Barbie. Elle lui tend avec
un sourire appuyé et étudié,
et repart bien vite à son transat. Un instant
elle a été Lady Di!
Guardalavaca n'est pas vraiment une ville: coupée
en 2 par la route (comme beaucoup de petites villes
cubaines), elle est constituée d'un côté
par le complexe touristique avec les hôtels
en bord de plage, une banque, 3 boutiques quasi-vides
et un "Rapido" (la chaîne de restauration
"rapide" nationale) et de l'autre, par
la ville proprement dite, une "cité"
pour cubains constituée d'une dizaine de
petites barres d'immeubles, hors de vue des touristes.
Pas la moindre boutique. Les prix du côté
touristes étant prohibitifs pour la population,
on se demande où et comment les habitants
s'approvisionnent!
A propos d'achats, il y a 2 monnaies en circulation
à Cuba:
- Le Peso Convertible, appelé Cuc, fixé
à 1$ US. C'est la monnaie du tourisme et
des riches cubains. Elle est utilisée pour
les hôtels, les restaurants, les locations
de voiture, les pompes à essence et la
plupart des magasins. Les prix en Cucs sont adaptés
au portefeuille des touristes et sont donc hors
de portée des Cubains!
- Le Peso Cubain, ou Moneda Nacional, est la
monnaie avec laquelle la majorité des cubains
est payée. Elle leur permet d'acheter les
fruits et légumes ainsi que des sandwiches
ou pizzas dans la rue. Elle est aussi acceptée
dans certains magasins. En mai 2008, il faut 25
Pesos pour faire 1 Cuc. Les prix en Pesos sont
(un peu) plus adaptés au niveau de vie
cubain. Pour nous, c'est une aubaine!
Enfin, il faut savoir que les Cubains sont soumis
au rationnement. Leur carnet leur donne droit
chaque mois à une quantité limitée
de certains produits de base: tant de kilos de
sucre, de riz, de haricots rouges, etc... Mais
la diversité et la quantité sont
très insuffisantes et les Cubains qui le
peuvent doivent acheter le complément.
Nous trouvons un centre de télécommunication
où on a accès à internet.
Très cher, et très limité:
impossible de faire "du FTP", donc de
mettre le site à jour et donner des nouvelles.
D'ailleurs, à aucun endroit lors de notre
périple cubain nous ne pourrons mettre
le site à jour. Pour rassurer tout le monde,
nous envoyons par mail l'"actu"
annonçant notre arrivée à
Cuba; elle est mise en ligne par un ami resté
à terre (merci beaucoup, Ko!).
Routes de campagne - Moa (25
avril)
Nous louons une voiture pour visiter Cuba de
l'intérieur.
Avec ses 111.000 km2 (grand comme l'Angleterre),
l'île crocodile est la plus grande des Caraïbes.
Nous n'avons que 5j devant nous. Nous ne visiterons
donc que l'"Oriente", la partie est,
et savons donc à l'avance que nous n'aurons
à l'issue de ce séjour qu'une vision
très partielle de Cuba.
L'Oriente est l'une des régions les plus
pauvres et les moins touristiques, malgré
la présence de Santiago de Cuba, 2ème
ville du pays après la Havane, et ancienne
capitale du pays.
Très vite sur la route, la réalité
cubaine nous prend à la gorge. Nous traversons
de nombreux petits bourgs tous identiques, où
les rues non goudronnées sont numérotées
et les quartiers marqués "Zone XXXX".
Ces bourgs en pleine campagne ont semble-t-il
été construits là où
la main d'uvre agricole était nécessaire:
autour de nous, partout, des cultures.
Au bord de la route et à tout bout de champs
(au sens propre), sont plantés des panneaux
à la gloire du régime castriste:
slogans propagandistes, portraits de Fidel ou
du Che. A qui s'adressent-ils sur ces routes quasi
désertes? Nous croisons en effet plus de
chèvres et de cochons que d'êtres
humains!
Quel contraste entre ces paysages paradisiaques,
cette nature exubérante qui devrait suffire
à nourrir largement tout Cuba, et cette
évidente difficulté de vie des Cubains!
Au milieu de nulle part, des hommes, des femmes
et des enfants marchent le long des routes sous
un soleil écrasant. Les visages sont marqués
par le quotidien et la tristesse est dans tous
les regards. Ces gens ont l'air asphyxiés
par un système dont il n'y a plus rien
à attendre. "Patria o Muerte",
dit le slogan... à moins que ce ne soit
"Patria Y muerte"...
On a l'habitude de présenter les cubains
comme des gens gais, souriants et enjoués.
Mais après le Venezuela et
la République Dominicaine, le contraste
est saisissant. Dans les campagnes, nous sommes
très loin de ces clichés touristiques,
et l'on aperçoit plutôt les larmes
du Crocodile...
Quand nous nous arrêtons à Moa,
où nous pensons passer la nuit, nous avons
donc un goût amer. Malheureusement, cette
ville ne va pas nous faire changer d'avis. Nous
cherchons une "Casa Particular" (chambre
chez l'habitant), souvent la seule alternative
aux hôtels.
Nous voyant un peu perdus, un jeune homme nous
aborde. Il s'appelle Celio, il est évangéliste
et veut juste nous aider, non vraiment, il n'est
pas comme les autres. Bon, il monte dans la voiture
et nous commençons à tourner et
tourner dans la ville. Parfois il entre dans une
maison, et en ressort l'air désolé,
"c'est complet". Pas très efficace
ni convaincant le Celio. Tout le monde en a assez,
nous avons passé la journée dans
la voiture, les enfants s'énervent. Il
finit par nous expliquer lui aussi que la vie
est dure, qu'il est très pauvre, et que
nous sommes riches donc nous devons l'aider. Nous
lui expliquons que nous avons conscience de la
difficulté de vie des Cubains, mais nous
ne sommes pas assez riches pour aider tous ceux
que nous croisons. Il ne semble pas comprendre.
Il a vu des reportages où l'on dit que
les français sont riches, surtout qu'ils
ont des primes à la naissance d'une fille,
alors comme nous en avons 4... (!!!) (plusieurs
nous ressortiront cette drôle d'idée,
entendue à la télé, donc
vraie!...)
En réalité, ce qu'il attend de
nous, c'est une "carte d'invitation".
Les larmes aux yeux, il nous explique que les
Cubains ne peuvent pas sortir du territoire à
moins d'être "invité" par
un étranger. C'est simple, nous n'avons
qu'à nous rendre au consulat de France
et dire que nous l'invitons chez nous ; dès
qu'il est arrivé en France, il est libre
et se débrouille, ira chez des amis.
"-Mais tu n'as pas d'argent pour le billet,
et comme tu ne parles pas français, tu
ne trouveras pas de travail, tu n'auras donc pas
de logement..."
"-Mais pourquoi me parlez-vous de détails
quand je vous parle de la vie d'un homme, aidez-moi..."
Toute cette discussion a lieu devant chez lui,
mais il murmure, personne ne doit l'entendre,
les voisins pourraient le dénoncer. Avec
Raul, maintenant c'est "Petit Frère
is watching you..."!
Nous prenons ses coordonnées et lui promettons
que nous allons nous renseigner sur les démarches.
Ce qui est vrai. Mais là, il se fait tard,
il nous faut trouver un endroit pour dormir. Il
nous propose d'aller chez lui; cela peut paraître
gentil, mais sachant que c'est totalement interdit
par la loi cubaine, cela nous semble bizarre.
Les Casas particulares sont répertoriées
et surveillées par l'Etat, elles lui donnent
d'ailleurs une partie de leurs recettes. Et puis
même en France, cela ne nous viendrait pas
à l'idée d'aller dormir chez quelqu'un
que nous ne connaissons pas du tout, surtout en
famille.
Nous fuyons donc cette ville horrible et glauque
en espérant arriver à Baracoa avant
la nuit : il n'y a que 70 km, mais la route est
vraiment en sale état!
En chemin, nous ouvrons pour une fois un de nos
guides sur Cuba; "Le routard" décrit
Moa comme "une ville ouvrière aux
HLM rongés par l'humidité et la
pollution.... pour un temps, le social et le réel
collent aux pneus de la voiture et à nos
baskets; après cette région si peu
nickel (principale activité de la ville),
on retrouve le calme des routes flirtant à
nouveau avec une mer limpide". Notre mauvaise
impression n'est donc pas due à notre seule
mauvaise humeur. Nous nous promettons d'ouvrir
un peu plus souvent nos guides à l'avenir...
Baracoa, ville tranquille (26-27 avril)
Grâce à une vieille dame charmante,
nous trouvons rapidement une casa particular.
Dès notre arrivée dans la ville,
nous nous y sentons bien : elle est à taille
humaine. C'est la première ville coloniale
fondée à Cuba, la deuxième
du nouveau monde, juste après St Domingue,
en République Dominicaine. La route a été
construite très récemment, et la
ville n'a longtemps été accessible
que par la mer.
C'est un endroit très paisible et peu
touristique, les gens sont gentils, souriants,
et ne quémandent rien.
Nous changeons enfin nos pesos convertibles contre
des pesos cubains; le coût de la vie chute
d'un coup: les pizzas et sandwichs dans la rue
sont à 5 pesos, soit à peu près
15 cts d'euros !
Heureusement d'ailleurs, car comme les tarifs
de marina, de location de voiture et d'hôtel
sont au niveau européen, nous n'avons pas
les moyens de mener ce train de vie bien longtemps!
Nous prenons par exemple un petit déjeuner
à "la casa del chocolate" (repérée
la veille par Philippine...) : un chocolat cubain
épais comme une crème, accompagné
de pains briochés, pour 75 pesos cubains,
soit moins de 3 euros, à 7! (si, si, Fleur
demande sa part quand il s'agit de chocolat!)
Nous découvrons aussi une spécialité
de la région: le "cucurucho",
mélange de noix de coco et de pâte
de goyave, servi dans une sorte de cornet en feuilles
de cocotier. Fleur, Marin et les parents se régalent,
les trois autres déclarent en chur
qu'elles "ont le droit de trouver ça
mauvais..."
Entre balades dans la ville et soirées
passées sur les bancs de la place principale
avec les habitants venus "prendre le frais"
comme nous, nous passons 2 jours sous le charme
de rencontres et moments simples partagés.
Santiago de Cuba, en passant par Guantanamo (27-28
avril)
Guantanamo se trouve sur notre route pour Santiago.
La base militaire américaine ne se visite
pas, c'est un territoire américain en sol
cubain! La ville, elle, ne présente pas
vraiment d'intérêt et ce dimanche
elle est vide et triste.
La suite de la route jusqu'à Santiago
est bien plus intéressante: nous passons
entre des montagnes arides et peuplées
de cactus, des bords de plages de sable blanc,
et des petits villages d'un autre âge constitués
de huttes aux toits de palme... Là encore,
la propagande est omniprésente: statues,
photos, slogans. Nous ne réalisons qu'à
ce moment-là que par contre, nous n'avons
vu aucune publicité depuis que nous sommes
sur le sol cubain. Les panneaux sont consacrés
à la promotion du régime et vantent
les méritent du Che plutôt que du
Coca-Cola ou de la dernière Peugeot. Chacun
ses idoles... Mais il faut dire qu'il n'existe
pour ainsi dire aucune entreprise privée
à Cuba, chaque hôtel, restaurant,
magasin, garage, boulangerie ou même entreprise
agricole appartient à l'Etat. Un pays tout
entier de fonctionnaires...
A notre arrivée à Santiago, nous
mettons un temps fou pour trouver une Casa Particular:
soit c'est complet, soit ils ne veulent pas accueillir
autant d'enfants, "ils n'ont pas le droit";
"Pourtant, à Baracoa, ça n'a
pas posé de problème" "chaque
région a ses règles." Nous
finissons par trouver une maison où les
gens semblent avoir suffisamment d'argent pour
se situer au dessus des règles...
Nous sommes déçus par Santiago,
mais la pauvreté de son architecture et
l'état de délabrement des constructions
coloniales qui témoignent de temps meilleurs
n'y sont pour rien.
Nous avons été sollicitéscomme jamais depuis le début du voyage.
Pourtant, au Cap-Vert, au Venezuela
ou en République Dominicaine, nous avons
croisé des gens au moins aussi pauvres;
alors peut-être que les touristes pervertissent
les rapports. Sûrement, même. Mais
le "c'est pas ma faute" est un peu trop
utilisé ici. Il semble que Fidel a bien
travaillé: s'ils sont pauvres, c'est à
cause du grand méchant voisin, les USA,
et donc un peu celle de tout les gringos de passage.
Ils comptent donc apparemment sur notre culpabilité.
Les tarifs proposés en CUC, aux touristes,
sont vraiment très élevés,
et sans commune mesure avec le coût de la
vie ici. On a donc la très désagréable
impression d'être pris pour une pompe à
fric et de payer les pots cassés d'un système
inefficace. Ça ne colle ni avec le soi-disant
légendaire accueil cubain, ni avec leurs
grandes idées politiques...
Nous trouvons normal de faire un cadeau ou de
payer un peu plus cher des bananes achetées
à une vieille dame au bord de la route,
mais remplir les caisses du parti, non!
On a aussi l'habitude d'entendre que pour "comprendre
les Cubains, il faut avoir gardé son âme
d'enfant, car eux-mêmes le sont restés,
tant la moindre initiative personnelle a été
étouffée". Alors ça
n'est certainement pas politiquement correct (m'enfin
c'est eux qui ont commencé!), mais nous
ne sommes pas du tout d'accord. Encore une fois,
nous savons que nos impressions ne se basent que
sur quelques jours, quelques villes, quelques
rencontres, et que Cuba ne doit pas se comparer
à ce que l'on connaît déjà.
Alors, oui, les Cubains rencontrés sont
des enfants: ils pleurnichent, sont crédules
et ne comprennent pas quand on leur dit non. Mais
un enfant se caractérise surtout, heureusement,
par sa formidable joie de vivre et sa spontanéité;
et ça, nous ne l'avons pas du tout trouvé
ici. Mais il est bien connu que les enfants des
autres sont souvent plus difficiles à supporter
que les siens...
Nous nous sommes demandés pourquoi nous
étions si surpris par les Cubains: en fait,
les méditerranéens que nous sommes
avons une attirance pour les latins. Et ici, malgré
leur histoire, ils ne cultivent plus cet art de
vivre que nous aimons tant. Il semble que Fidel
ait effacé leurs racines en même
temps que leurs sourires. D'ailleurs, nulle trace
de Christophe Colomb parmi les pourtant très
nombreuses statues...
Alors que je fais la queue pour des sandwiches
dans la rue, le vendeur m'annonce sans scrupules
un prix en CUC, plusieurs fois le prix en Pesos.
Je lui fais remarquer que comme j'attends depuis
10mn, j'ai vu combien les autres ont payé.
Il rigole, prend les autres à témoin
et maintient son prix. Alors j'avoue, je m'emporte
un peu en lui disant que si j'étais aussi
bête que lui, j'irais le dénoncer
à la police.
Ce style de mésaventure nous arrive à
plusieurs reprises à Santiago, et si l'on
conçoit qu'ils essaient de gagner plus
quand ils vendent à un touriste, on ne
peut pas non plus accepter qu'on se moque ouvertement
de nous. La pauvreté n'est pas une excuse
pour faire n'importe quoi, et le délit
de faciès n'est pas plus acceptable dans
un sens que dans l'autre. Alors oui, comme des
enfants, nombreux sont ceux qui finissent, penauds,
par annoncer le vrai prix, et ne comprennent pas
quand je leur réponds que je préfère
aller acheter chez un marchand honnête.
Cela gâche indéniablement notre
séjour, et le légendaire accueil
cubain en prend encore un coup!
Nous profitons tout de même d'être
dans une grande ville pour essayer encore une
fois de comprendre leur mode de vie.
En dehors des magasins qui délivrent les
rations mensuelles et n'acceptent que les "livrets
de rationnement", il y a aussi des magasins
où l'on paie en monnaie nationale ce que
le plan a défini comme "utile":
les uniformes des écoliers, les cartables
(des sacs en osier), des tasses en plastique,
des draps, des pièces de moteur... mais
il n'y a aucun choix possible. On vient chercher
"un bol", et l'on reçoit ce qu'il
y a.
Pour le superflu, ou en tout cas considéré
comme tel par le gouvernement, la seule solution
est d'avoir des CUC pour accéder aux magasins
"libres" (mais qui appartiennent toujours
à l'Etat, bien sûr). On y trouve
tout ce que la Chine fabrique de pire en terme
de qualité, mais à des prix européens
: c'est une sous-Foirfouille tarif Monoprix !
Nous trouvons quand même de quoi agrémenter
l'anniversaire de Domitille qui arrive à
grands pas: un mini fast-food en dinette, quelle
ironie!
Nous passons sur une place animée : c'est
l'unique endroit où nous entendrons un
groupe jouer de la musique dans la rue (parce
que les grands hôtels sont proches?) Cuba
a aussi pourtant la réputation d'être
un pays de musiciens.
Or, depuis Trinidad et Tobago (voire même
depuis le Cap-Vert), la musique était omniprésente,
il n'était pas rare d'en entendre même
depuis un mouillage isolé. Elle était
partout, quotidienne, dans la rue, dans les taxis,
dans les magasins, sortait des maisons... et même
des banques et des administrations. A Cuba, les
rues nous semblent muettes, et c'est peut-être
ce qui nous les rend si tristes. Et là
encore, ça n'est pas une question de moyens,
les autres pays étaient pauvres aussi mais
les musiciens improvisaient avec ce qu'ils avaient
sous la main. C'est bien une différence
de culture. Les Cubains ne sont pas (plus?) des
Caribéens non plus.
A Santiago, nous choisissons un CD de musique
cubaine pour avoir une bande sonore lors de nos
trajets en voiture. Rumba et Salsa nous semblent
vraiment trop gaies et décalées
par rapport à ce que nous voyons. La Trova,
avec une voix mélancolique, voire triste,
accompagnée d'une guitare sèche
nous semble plus appropriée.
Après 5 jours dans les terres, nous sentons
que c'est un peu court pour se faire une idée;
nous décidons donc de prolonger notre périple,
d'autant que le 1er mai se prépare activement
dans tout le pays, nous avons envie d'y assister
depuis les terres plutôt que depuis notre
marina-ghetto!
Bayamo - Fête du travail - Holguin (30 avril
- 1er mai)
La route jusqu'à Bayamo est encore une
fois splendide, la traversée de la Sierra
Maestra, un enchantement.
Bayamo est plutôt à l'écart
des sentiers touristiques, et comme Baracoa, il
y fait bon vivre. Quelque jolis édifices
autour de places en marbre (la spécialité
de la région) fraîches et ombragées,
c'est très calme.
Nous croisons à plusieurs reprises un
jeune étudiant, heureux de nous parler
de son pays. Il insiste pour que la discussion
se fasse en anglais, il a besoin de la pratiquer
pour ses études.
Nous réalisons que c'est aussi sûrement
pour ne pas être compris des nombreuses
oreilles qui traînent... Il nous apprend
notamment que Raul a annoncé l'arrêt
des "cartes d'invitations", parce que
cela générait tout un trafic de
la part d'étrangers monnayant ces invitations.
D'après lui, les Cubains ont donc maintenant
le droit de sortir du territoire. Bien sûr,
au prix du billet, autant les autoriser à
aller sur la Lune! Mais si cette information se
confirme, c'est tout de même un grand pas
vers la Liberté.
Il nous explique aussi qu'avec le livret de rationnement,
un cubain a largement de quoi se nourrir, et que
ceux qui mendient sont des fainéants parce
que l'état offre un travail à tous
ceux qui le demandent. Nous ne savons pas s'il
est un peu jeune pour apprécier, ou bien
embrigadé, mais ça n'est pas le
discours des autres personnes qui ont bien voulu
nous parler de leur quotidien.
Nous dormons dans un hôtel un peu spécial
puisqu'il s'agit en fait d'une école hôtelière:
nous prenons la "suite junior", qui
est au prix d'une Casa Particular, et en plus
il y a la télé!!! Mais les enfants
constatent avec déception qu'il n'y a pratiquement
pas de dessins animés, très peu
de chaînes, et que celles qui ne sont pas
à la gloire du régime diffusent
en boucles de vieux téléfilms italiens,
espagnols ou coréens...
La première nuit, nous sommes réveillés
par une pluie diluvienne: il n'y a pas de vitres,
mais simplement des volets aux fenêtres,
l'eau finit donc par rentrer. Les chambres sont
inondées, et Fleur, à qui nous avions
confectionné un petit lit par terre, est
complètement trempée!!
Visiblement, il reste quelques détails
à améliorer dans cet hôtel...
Comme à Santiago, les magasins appartiennent
tous à l'Etat, et le sens du service ne
semble pas être une notion très valorisée.
De trop nombreuses vendeuses traînent derrière
les comptoirs quasi-vides et discutent; Elles
sont visiblement agacées quand on leur
pose une question; aux heures de pointe, il faut
prendre un ticket et faire la queue pour avoir
le droit de s'acheter une casserole hors de prix.
Au rayon chaussures enfants, ils ont résolu
les problèmes de choix : il n'y a en général
qu'une seule forme, et en 24 c'est rose, en 25
c'est bleu, en 26 orange etc... On trouve des
talons à partir du 28, Domitille est médusée
: "Maman, il y a des dames qui ont des pieds
petits comme moi!!!" ; ses surs lui
répondent : "Pff, tu ne vois pas que
ce sont des déguisements?..."
Dans le même genre, beaucoup me conseillent
de mettre des boucles d'oreilles à Fleur,
pour que l'on voie que c'est une fille. J'ai beau
savoir que c'est une pratique courante, même
en Espagne, l'idée me semble aussi incongrue
que de lui mettre une perruque!
Nous ne regrettons pas notre décision
de rester 2 jours à Bayamo car nous y sommes
très bien accueillis.
Décidément, Cuba souffle tour à
tour le chaud et le froid: c'est sûrement
le résultat du métissage entre les
Caraïbes et l'ex-URSS!
Le 1er mai est comme nous l'attendions : toute
la ville défile en rouge, dans une ambiance
familiale, avec chacun son drapeau, son affiche
à la gloire de Fidel, et un peu de Raul
!
Lorsque la bière et le rhum commencent
à couler à flots, nous préférons
nous éclipser avant de nous retrouver coincés,
nos visages pâles ne passant pas inaperçus!
Nous reprenons la route et nous arrêtons
le temps de déjeuner et d'une rapide balade
en ville, à Holguin, grande ville touristique
où les restaurants "attrape-CUC"
de la rue principale nous agacent encore une fois...
Puerto Vita - Derniers jours et dernières
surprises (2 au 4 mai)
De retour à Puerto Vita, nous constatons
que le "Cinco!? Todos son tuyos?" tant
et tant entendu, avec encore plus d'insistance
qu'ailleurs (plus de 100 fois par jour!!!), et
qui finit par agacer même les enfants, fonctionne
encore.
Luis, le vieil homme rencontré le premier
jour à Puerto Vita, nous explique ce qu'aucun
n'avait osé nous raconter: à Cuba,
beaucoup d'hommes ont plusieurs foyers, en même
temps, dans des villes différentes. Donc
beaucoup d'hommes ont 5 ou 6 enfants, oui, mais
avec des femmes différentes, pas sous le
même toit. C'est certainement ce qui explique
que l'on nous pose systématiquement la
question à tous les deux :" ils sont
tous à toi, et tous à elle aussi?"
Nous sommes surpris, lui demandons si c'est légal,
si cela se fait en cachette ou ouvertement : il
sourit "- à Cuba, tout est caché,
mais l'on peut tout faire!"
D'ailleurs, il est parvenu à nous trouver,
on ne sait comment, les 5 pains, 30 ufs
et 80 bananes commandés la veille!
Nous lui laissons le stock de savonnettes que
nous avions amené à Cuba en prévision
d'échanges avec des pêcheurs: "c'est
de l'or", nous dit-il la larme à l'il,
ainsi que les pesos qui nous restent.
La veille du départ, nous prenons contact
avec un cargo amarré au ponton commercial
de la baie. Nous avons besoin de vérifier
une dernière fois la météo
avant de partir, et faire l'aller-retour à
Guardalavaca (15km en taxi) rien que pour ça
est un peu cher.
JP se rend sur le cargo où le capitaine
polonais, comme le bateau, lui apprend que le
bateau est plein de riz américain pour
Cuba. "- Et l'embargo?", demande JP,
"- Money is money!", répond le
capitaine! Le douanier qui l'a accompagné
au bateau ajoute avec un air mystérieux
que ce riz américain est payé en
cash par Cuba... Pour éviter les traces?
Nous décalons d'une journée notre
départ pour les Bahamas pour attendre un
vent plus favorable.
Les autorités, qui ont refusé de
faire les formalités de sorties avant l'heure
du départ, nous font l'honneur d'amener
un chien anti-drogue! (c'est un cocker!!!) Finalement,
on a peut-être l'air de bandits! Quelle
drôle d'idée de vérifier si
on repart avec de la drogue... plutôt que
si l'on arrive avec!
Tout le monde se met en chaussettes comme à
notre arrivée... Mais rien n'est prévu
pour le chien, qui nous laisse des traces de terre
dans tout le bateau, y compris sur les draps qui
sortent de la lessive à la main!
On nous reprend encore 10 cucs de timbres qui
vont être réutilisés après
nous (ils sont vendus au bureau de la marina,
et récupérés aussitôt
comme preuve de paiement par la capitainerie du
port)...
Au total, les Rapetous cubains nous ont pris
près de 200 cucs, soit 150 euros.
Il est 8h, ça y est, c'est fini, nous
partons!...
Adios Cuba - En conclusion
Nous sommes arrivés à Cuba avec
en tête les clichés connus: pays
d'une autre époque, pauvreté, musique
omniprésente, joie de vivre, accueil...
La réalité que nous avons découverte
lors de ces 7 jours dans les terres cubaines confirme
certains de ces clichés, mais fait tomber
les autres:
- Ce qui frappe le plus à Cuba, c'est
bien cette impression de se retrouver des décennies
en arrière. Outre le régime castriste
(et en grande partie à cause de lui), tout
est d'une autre époque: maisons (maisons
coloniales en ville, huttes en palmier à
la campagne), moyens de transport (charrettes
collectives au sol, biplans (!) dans les airs),
nombreux side-cars, voitures américaines
des années 40 ou du bloc soviétique
des années 70 (Lada notamment), tickets
de rationnement, matériel agricole (peu
ou pas de tracteurs chez les petits paysans: seulement
1 ou 2 bufs pour tirer les socs et les charrues)...
Mais le temps, lui, a continué son ouvrage
et dans les villes, la plupart des édifices
coloniaux sont à 2 doigts de s'écrouler,
ainsi que de nombreuses maisons. Le nombre et
la variété de vieilles voitures
sont un enchantement pour l'amateur; mais contrairement
à ce qu'on voit sur les cartes postales,
elles sont dans leur grande majorité dans
un état pitoyable, arrêtées
sur le bord de la route, le capot moteur ouvert,
voire rangées définitivement au
fond d'un jardin. Celles qui roulent (en ville
comme à la campagne, il y en a quand même
beaucoup), ne font illusion que de loin car leurs
propriétaires n'ont pas les moyens de les
conserver en état. Il faut dire qu'à
Cuba, elles ne sont pas dans des musées
mais utilisées au quotidien!
- La pauvreté est bien là, elle
aussi. Mais avec elle, non pas de la musique,
de la joie de vivre et de l'accueil, mais beaucoup
de mendicité et surtout cette terrible
tristesse déjà évoquée
plus haut.
Encore une fois, nous n'avons vu qu'une partie
de Cuba, l'une des plus pauvres, et en 7 jours
seulement. En plus, nous arrivions de plusieurs
mois dans les Caraïbes, et pas d'un Paris
pluvieux. Il ne s'agit donc ici que de donner
notre ressenti sur ce voyage, et certainement
pas de juger. Cuba est véritablement extraordinaire:
à ce titre, c'est un pays à voir
absolument, un fossile, qui réserve de
multiples surprises. Nous voulions y aller et
il aurait été dommage de le rater.
Nous aurions aimé avoir le temps d'aller
jusqu'à la vallée de Pinar del rio,
et aussi à La Havane, même si, en
tant que "vitrine de Cuba", nous avons
aujourd'hui des doutes sur son caractère
authentique.
La visite a été très forte
sur le plan émotionnel, et nous en avons
aussi pris plein les yeux avec ces paysages de
plaine, de montagne et côtiers, absolument
magnifiques et eux aussi, extraordinaires. Mais
notre sentiment général après
ces quelques jours est un profond malaise devant
tant de gâchis, ce pays et ce peuple comme
éteints. Difficile après avoir vu
tout ça d'accepter le succès commercial
international de l'icône "Che",
et de comprendre ceux qui disent "j'adoooore
Cuba"!