Palmeira
: dépaysement - bris de verre - Chinois -
aride - poussière et vent...
Déception : c'est notre première
impression en découvrant la baie de Palmeira
: la vue est gâchée par la présence
d'une grosse station de stockage pétrolière.
Nous n'avons pas le courage de gonfler l'annexe
et remettons au lendemain notre première
virée à terre.
Les enfants se baignent. Nous nous couchons tôt
car tout le monde a du sommeil à rattraper.
Le lendemain, nous sommes regonflés à
bloc, et l'annexe très vite elle aussi!
Nous nous promenons le matin dans ce tout petit
village de pêcheurs.
Vue du mouillage à Palmeira (photo D'un
B)
L'endroit est pauvre. Si certaines rues sont
pavées, la plupart sont en terre. Cette
terre très fine, soulevée par un
vent soufflant fort en permanence, salit les façades.
Partout, y compris sur la plage, le sol est jonché
de morceaux de verre. Ce qui n'empêche pas
les gens, enfants comme adultes, de marcher pieds-nus!
Des enfants de 4 ans rentrent seuls de l'école,
leur petite blouse et leur cartable Spiderman
sur le dos, et... pied nus!
Il y a aussi beaucoup de chiens un peu partout.
Par contre, peu de chats...
Il n'y a pas l'eau courante. Au réservoir
d'eau du village, c'est le défilé
permanent de la corvée d'eau, à
laquelle tous participent, dès le plus
jeune âge.
nous-mêmess ramènerons de chaque sortie
en "ville" 40l d'eau en bidons pour
remplir nos réservoirs.
Les échoppes, nombreuses, sont rarement
indiquées: il faut s'approcher, voire rentrer
pour voir si une maison abrite un magasin ou non!
Dans les rues, des femmes vendent de petites
quantités de fruits. Quand nous leur prenons
5 poires et 10 tomates, elles ont fini leur journée!
Corvée d'eau à Palmeira
La plus grande boutique, également la plus
visitée, est tenue par un chinois. Alimentation,
jouets ou bricolage, on y trouve un peu de tout,
façon bazar. Il fait également le
change euros/escudos sans commission.
Il est difficile de s'approvisionner à
Palmeira: peu de fruits et légumes, pas
de produits frais. Ayant des doutes sur le respect
de la chaîne du froid, nous faisons l'impasse
sur les quelques poulets congelés. Pas
de laitage non plus: Carole se met aux recettes
de yaourts échangées lors des dernières
escales.
Tout est cher. Les habitants se contentent de
riz tous les jours. Les fruits sont un luxe rare.
Au bureau de police, où nous devons faire
les formalités de douanes, nous dérangeons
à peine les 3 fonctionnaires en pleine
partie de cartes, la télé allumée!
De manière générale, il règne
ici une ambiance de calme: "nõ stress"
comme le souligne le mur d'une petite maison!
Surréaliste, la présence d'un café-internet,
avec 3 ordinateurs et du wifi (permettant de se
connecter sans fil avec son propre ordinateur,
qui est nécessaire si on veut récupérer
et conserver ses messages)!
Déçus par le cadre, nous savourons
en revanche pour la première fois depuis
notre départ le sentiment de dépaysement
total!
Nous faisons connaissance avec l'équipage
espagnol d'Albatres : Marissa, Serafin (prononcer
"zérafine"), et leur fils Oscar,
10 ans, entamant un voyage à durée
indéterminée; ainsi que celui de
Lula, un Feeling 416: Eric et Véronique,
partis de Gruissan pour un an.
Les jours suivants sont partagés entre
école, plage (en faisant bien attention
aux bouts de verre!), balades le long de la côte
ou dans les terres sans verdure, et "échanges
d'enfants" le temps des repas.
A propos d'enfants, jusqu'ici, Marin et Domitille
n'ont pas rencontré beaucoup d'enfants
de leur âge. C'est un peu dur pour eux de
ne pas pouvoir s'amuser tout le temps avec leurs
grandes surs et leurs copains, à qui
nous ne pouvons pas les imposer en permanence!
C'est sûrement pour cela qu'ils nouent beaucoup
plus facilement contact avec les enfants du village.
Nous l'avions déjà remarqué
aux Canaries, mais là c'est frappant: à
la moindre halte pendant nos balades, ils s'approchent
et jouent avec les enfants que nous rencontrons,
dans les rues ou à la plage.
Paysage pelé et poussiéreux à
Sal
Un soir après le repas, alors que je ramène
Eloé en annexe à son bateau, le
moteur s'arrête. Impossible de le redémarrer...
D'ailleurs, je n'insiste pas longtemps... avec
ce vent qui n'est pas tombé en dessous
de 20 nuds depuis notre arrivée à
Sal, nous dérivons très vite, aussi
je me mets rapidement à la rame pour tenter
de nous dévier vers le dernier voilier
de la baie. Si nous le ratons, c'est parti, en
pleine nuit et sans vivres, pour une transat non
préméditée!
Nous parvenons au voilier. A bord, un flibustier
patibulaire, mais fort alcoolisé ;-), n'est
pas en état de nous aider. Heureusement,
le moteur finit par redémarrer et Eloé
se retrouve à bon port.
Il faudra s'occuper de ce moteur rapidement: une
nouvelle tâche urgente dans la "todo
list"!
En parlant de la todo: aujourd'hui, nous avons
réglé le problème de hissage
de la GV. Elle reste assez dure à hisser,
mais monte bien jusqu'en haut. Une bonne chose
de faite.
Le 7 décembre, une forte houle de nord-ouest
rentre dans la baie, par trains de 5 à
10 vagues, créant la confusion la plus
totale: malgré 25 nuds de vent dans la
direction opposée, les bateaux sont agités
dans tous les sens. Les plus proches de la côte
manquent de peu de se faire prendre et embarquer
sur la plage par les rouleaux. Tout le monde est
sur le pont, chacun se demandant s'il ne vaut
pas mieux lever l'ancre immédiatement...
tout en sachant que la proximité des autres
bateaux rend l'opération quasi impossible.
Seule solution pour sortir du piège: abandonner
(provisoirement) son ancre et sa chaîne.
Dans la soirée, tout rentre finalement
dans l'ordre sans casse pour personne.
Des bateaux balancés comme des jouets...
Avec les D'un B et les Albatres, nous nous interrogeons
sur la suite du programme compte-tenu des conditions
météo: le Cap-Vert est réputé
difficile pour la navigation et pour ses mouillages
très rouleurs. Notre première étape
Capverdienne a pour seul intérêt
la bonne tenue de son mouillage. Malgré
leur attrait, nous ne souhaitons pas prendre le
risque de nous déplacer vers les îles
du sud pour tomber sur de telles conditions :
où serait le plaisir?
Après de longues discussions, nous choisissons
avec les D'un B de couper la poire en deux: nous
n'irons pas au sud, mais nous arrêterons
sur Sao Nicolau, sur la route de Sao Vicente,
notre dernière étape avant l'Atlantique.
L'accalmie annoncée par la météo
devrait nous permettre de profiter de cette escale.
Albatres, de son côté, choisit de
se rendre directement sur Sao Vicente.
Il est temps de quitter Sal : le bateau est tout
recouvert d'une fine couche de terre et il commence
à y en avoir à l'intérieur!
Nav
de nuit Sal - Sao Nicolau - 9-10 décembre
2007
Nous partons à 16h. Nous avons une douzaine
d'heures de nav devant nous. Après la zone
d'accélération à l'ouest
de l'île de Sal, le vent retombe à
15 nuds, puis dans la soirée à
moins de 10 nuds. Mais nous ne sommes pas
pressés et les enfants dorment déjà
: malgré les claquements du génois
dus à l'instabilité du vent, pas
question de mettre le moteur! Depuis qu'on en
parle, il faudra quand même qu'on s'y mette,
à tangonner le génois (c.à.d.
le stabiliser en maintenant le point d'écoute
à l'extérieur du bateau à
l'aide d'une barre métallique: le tangon).
Pas de vent et un peu de mer = pas de vitesse.
La nuit n'est pas très confortable!
Apache sous génois (photo D'un B)
Au lever du soleil, l'île de de Sao Nicolau
est en vue. Nous la contournons par le nord et
arrivons à Tarrafal vers 8 heures le 10
décembre.
Sao
Nicolau - 10 au 13 décembre 2007
Tarrafal
: abats de poissons - plage
Contrairement à celui de Palmeira, le
mouillage à Tarrafal se passe sans difficulté:
très peu de vent, fond de sable dur.
A peine à terre, nous sommes accueillis
par une horde de jeunes "gardiens d'annexes".
L'un d'eux, 10 ans, nous suivra toute la matinée.
Sur la plage du mouillage, de nombreux déchets
de poissons : entrailles, têtes, queues,
branchies... les pêcheurs y vidant leurs
prises dès leur retour à terre.
Il règne aussi une odeur très désagréable
: de l'autre côté de la route, une
usine de fabrication de conserves de thon rejette
elle aussi ses déchets sur la plage!
Le "bureau des affaires maritimes"
parait surpris de notre passage: il semble que
peu de plaisanciers viennent accomplir les formalités
d'entrée-sortie de l'île... Sur une
petite étagère tiennent toutes les
archives des 30 dernières années!...
Fleur a le contact facile
Ici aussi, les Chinois sont très présents
et tiennent les plus grosses boutiques.
Nous trouvons une jolie plage à la sortie
de la ville, où Domitille, Marin, et même
Fleur, joueront pendant 2 heures avec leur joyeux
ami.
Sao Nicolau est l'île la plus verte de
l'archipel. Effectivement, nous trouvons beaucoup
plus, et une plus grande variété,
de fruits et légumes.
Alugher - A la découverte de Sao Nicolau
- PMT
Le lendemain, nous rencontrons Aurélio,
un Cap-Verdien qui parle très bien Français
: il l'a appris à l'Alliance Française
de Sao Vicente, très active semble-t-il
au Cap-Vert. Alors que nous cherchons un alugher
(typique du Cap-Vert, l'alugher est une sorte
de taxi qui attend d'être complet pour démarrer)
pour visiter l'île, il nous propose ses
services pour une balade sur mesure. Nous acceptons
sa proposition et peu après, nous voici
tous les 11 (7 Apache, 3 D'un B et Aurélio)
à bord d'une camionnette de 12 places :
pas besoin d'attendre d'autres passagers!
Nous aurions aimé faire plus pittoresque
et embarquer dans l'un des nombreux camions beaucoup
plus sobres : 2 bancs et pas de toit à
l'arrière! Mais après 3/4 d'heure
de piste défoncée, nous sommes contents
de notre choix!
Nous débarquons dans un petit village en
hauteur, du côté "vert"
de l'île, c'est à dire au nord.
De là, nous partons pour 2 heures d'une
superbe balade à pied sur un petit sentier
très escarpé. Notre guide nous apprend
que les écoliers l'empruntent tous les
jours pour se rendre en classe! Nous sommes charmés
par cette balade: dans les hameaux que nous traversons,
le contact se fait tout seul, les sourires sont
chaleureux et les regards bienveillants. Fleur
et Domitille ont un succès tout particulier.
Quelle chance de découvrir un coin aussi
brut, pas encore abimé par le tourisme!
Paysages accidentés de Sao Nicolau
Un producteur de "Grog", le rhum local,
nous offre des morceaux de cannes à sucre
fraîches, que nous mâchonnons tous,
même Fleur, jusqu'à Riviera Brava,
la "grande ville" de l'île, destination
de notre promenade.
Pique-nique puis visite de la ville. Là
encore, nous sommes frappés par le nombre
de magasins tenus par des Chinois.
Pour le retour sur Tarrafal, nous trouvons un
alugher, prévu pour 12 personnes, mais
dans lequel nous serons jusqu'à 12 adultes,
5 enfants et 3 bébés sur les genoux,
et de nombreux sacs. parmi les passagers, des
personnes rentrant dans leur village et des Sénégalais,
au Cap-Vert pour le "business": ils
importent principalement des vêtements qui
semblent plaire aux Cap-Verdiennes. Quand on leur
demande ce qu'ils pensent de la concurrence des
chinois, ils répondent qu'ils sont partout,
et pas seulement au Cap-Vert! L'un deux porte
d'ailleurs une casquette marquée "made
in china"! Difficile de lutter!
Le trajet dure 2 heures, sans amortisseurs et
toujours sur piste défoncée!
Le 13 décembre, après l'école
du matin pour les uns et la réparation
du moteur de l'annexe pour l'autre, c'est... plage
l'après-midi! Ça fait du bien de reprendre
les bonnes habitudes! ;-)
Equipés PMT, nous découvrons à
quelques mètres de la plage des fonds rocheux
superbes et très poissonneux : en moins
d'1/2 heure, nous voyons 2 mérous dans
moins de 5 mètres d'eau, 1 murène,
1 tétrodon qui se gonfle en nous voyant
approcher, une espèce de serpent s'enfonçant
dans le sable, des chenilles (?) et des limaces,
des bancs entiers de poissons multicolores, des
oursins à grosse épines courtes,
d'autres à longues épines fines...
MAGNIFIQUE! Et pour couronner le tout, pas de
sachet ni de bouteille en plastique!
Le soir, les "gardiens d'annexes" sont
un peu excités et font involontairement
tomber Carole et Fleur à l'eau. Plus de
peur que de mal, mais il fait nuit et frais, il
faut vite rentrer se sécher.
Nav
Sao Nicolau - Sao Vicente - 13 décembre
2007
Nous levons l'ancre à 7h. Arrivée
prévue vers 17h.
Pas de vent au départ, puis l'accélération
à 20/25 nuds à l'ouest de l'île.
Tout le reste se fait avec 15 à 20 nuds
au bon plein (entre le près et le petit
largue, qui se trouve lui-même avant le
travers -- je dis ça pour Olivier Tch.
qui m'a dit que je faisais exprès de faire
le malin ;-)).
Nous "fonçons" à 7 nuds...
et arrivons beaucoup plus tôt que prévu:
14h30! Bravo Apache!
La légère bruine que nous avons
eue presque tout le long n'a pas suffit à
enlever la terre qui recouvre le bateau depuis
notre passage à Sal.
Sao Vicente - 13 au 17 décembre 2007
En arrivant au port de Mindelo, nous avons l'impression
d'un Gibraltar-bis : des cargos partout, moche,
industriel et gris! Nous ne resterons que le temps
nécessaire pour faire les pleins!
Le mouillage est encore une fois difficile: les
places libres ne le sont pas pour rien: le fond
est vaseux et l'ancre accroche mal. Il nous faudra
4 essais sous l'il amusé des voisins...
mais c'est comme ça qu'on progresse: à
force, nous mouillerons bientôt du premier
coup dans toutes les situations !
Le jour-même, nous faisons les papiers
d'entrée sur l'île.
Comme nous sommes vendredi, donc veille de week-end,
je reviens l'après-midi pour les papiers
de sortie (prévue dimanche), car ces messieurs
de la police n'ont pas voulu faire les deux en
même temps, "question de principe!"
:-(
La sortie étant pour une raison inconnue
beaucoup plus longue que l'entrée, je ressors
de la police trop tard : le bureau de l'immigration,
où nous devons faire tamponner nos passeports,
a déjà fermé... avec 20 minutes
d'avance!... re :-(
Nous décalons donc le départ à
lundi.
Cela nous laisse le temps de découvrir
la ville et de se faire une idée plus juste.
Loin de la grande ville dangereuse que l'on nous
avait décrite, Mindelo est une ville bien
plus agréable que ce que le port laisse
imaginer. A aucun moment, même dans les
quartiers pauvres (marché au poisson) nous
ne nous sommes sentis en danger.
N'ayant pas trouvé de laverie automatique
en ville (le prix d'un pressing pour une famille
de 7 personnes étant rédhibitoire),
et malgré la pluie, Carole lave l'équivalent
de 2 machines à la main. Grâce au
vent, tout finit par sécher, protégé
sous la capote.
Le soir, Juliette et Philippine font une "soirée
pyjama" sur D'un B pour l'anniversaire d'Eloé.
Le samedi après-midi, nous déplaçons
le bateau à la Marina, dans le but de permettre
aux enfants de se défouler sur les pontons
avant la grande traversée et de faire le
plein d'eau et de sommeil. Manque de chance, l'eau
ne marche pas ce week-end!
Le dimanche matin est consacré au grand
rangement avant le départ. Faute d'eau,
les autres lessives, car il s'en empile tous les
jours, attendront!
A midi, déjeuner super-sympa dans un restau
avec les D'un B. Puis nouvelle balade en ville.
Dans l'après-midi, montée en haut
du mât pour réparer le feu... de mat. Opération
vite réalisée: simplement l'ampoule
à changer. J'en profite pour brosser les
contacts un peu oxydés. Coincé entre
les drisses et le haubanage, les mouvements sont
limités. Mon coude heurte l'ailette d'anémomètre,
qui chute aussitôt en tournoyant, à
une dizaine de mètres du bateau. Quel manque
de chance!
Le soir, rédaction du carnet Cap-Vert.
Objectif : mise en ligne lundi matin avant le
départ!
Il y aura d'ailleurs encore pas mal de choses
à faire avant de décoller, et en
particulier les pleins de fruits et légumes
en ville, puis d'eau et de gasoil au port de pêche.
Ensuite, c'est parti pour 15 à 20 jours
sans voir la terre!