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    10. Cap-Vert
3 au 17 décembre 2007
 
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Découverte de...
 
Sal - 3 au 9 décembre 2007
Palmeira : dépaysement - bris de verre - Chinois - aride - poussière et vent...

Déception : c'est notre première impression en découvrant la baie de Palmeira : la vue est gâchée par la présence d'une grosse station de stockage pétrolière.

Nous n'avons pas le courage de gonfler l'annexe et remettons au lendemain notre première virée à terre.

Les enfants se baignent. Nous nous couchons tôt car tout le monde a du sommeil à rattraper.

Le lendemain, nous sommes regonflés à bloc, et l'annexe très vite elle aussi! Nous nous promenons le matin dans ce tout petit village de pêcheurs.


Vue du mouillage à Palmeira (photo D'un B)    

L'endroit est pauvre. Si certaines rues sont pavées, la plupart sont en terre. Cette terre très fine, soulevée par un vent soufflant fort en permanence, salit les façades.

Partout, y compris sur la plage, le sol est jonché de morceaux de verre. Ce qui n'empêche pas les gens, enfants comme adultes, de marcher pieds-nus! Des enfants de 4 ans rentrent seuls de l'école, leur petite blouse et leur cartable Spiderman sur le dos, et... pied nus!

Il y a aussi beaucoup de chiens un peu partout. Par contre, peu de chats...


Il n'y a pas l'eau courante. Au réservoir d'eau du village, c'est le défilé permanent de la corvée d'eau, à laquelle tous participent, dès le plus jeune âge.
nous-mêmess ramènerons de chaque sortie en "ville" 40l d'eau en bidons pour remplir nos réservoirs.

Les échoppes, nombreuses, sont rarement indiquées: il faut s'approcher, voire rentrer pour voir si une maison abrite un magasin ou non!

Dans les rues, des femmes vendent de petites quantités de fruits. Quand nous leur prenons 5 poires et 10 tomates, elles ont fini leur journée!



Corvée d'eau à Palmeira                 


La plus grande boutique, également la plus visitée, est tenue par un chinois. Alimentation, jouets ou bricolage, on y trouve un peu de tout, façon bazar. Il fait également le change euros/escudos sans commission.

Il est difficile de s'approvisionner à Palmeira: peu de fruits et légumes, pas de produits frais. Ayant des doutes sur le respect de la chaîne du froid, nous faisons l'impasse sur les quelques poulets congelés. Pas de laitage non plus: Carole se met aux recettes de yaourts échangées lors des dernières escales.

Tout est cher. Les habitants se contentent de riz tous les jours. Les fruits sont un luxe rare.

Au bureau de police, où nous devons faire les formalités de douanes, nous dérangeons à peine les 3 fonctionnaires en pleine partie de cartes, la télé allumée! De manière générale, il règne ici une ambiance de calme: "nõ stress" comme le souligne le mur d'une petite maison!

Surréaliste, la présence d'un café-internet, avec 3 ordinateurs et du wifi (permettant de se connecter sans fil avec son propre ordinateur, qui est nécessaire si on veut récupérer et conserver ses messages)!

Déçus par le cadre, nous savourons en revanche pour la première fois depuis notre départ le sentiment de dépaysement total!

Nous faisons connaissance avec l'équipage espagnol d'Albatres : Marissa, Serafin (prononcer "zérafine"), et leur fils Oscar, 10 ans, entamant un voyage à durée indéterminée; ainsi que celui de Lula, un Feeling 416: Eric et Véronique, partis de Gruissan pour un an.


Les jours suivants sont partagés entre école, plage (en faisant bien attention aux bouts de verre!), balades le long de la côte ou dans les terres sans verdure, et "échanges d'enfants" le temps des repas.

A propos d'enfants, jusqu'ici, Marin et Domitille n'ont pas rencontré beaucoup d'enfants de leur âge. C'est un peu dur pour eux de ne pas pouvoir s'amuser tout le temps avec leurs grandes sœurs et leurs copains, à qui nous ne pouvons pas les imposer en permanence! C'est sûrement pour cela qu'ils nouent beaucoup plus facilement contact avec les enfants du village. Nous l'avions déjà remarqué aux Canaries, mais là c'est frappant: à la moindre halte pendant nos balades, ils s'approchent et jouent avec les enfants que nous rencontrons, dans les rues ou à la plage.



Paysage pelé et poussiéreux à Sal          


Un soir après le repas, alors que je ramène Eloé en annexe à son bateau, le moteur s'arrête. Impossible de le redémarrer... D'ailleurs, je n'insiste pas longtemps... avec ce vent qui n'est pas tombé en dessous de 20 nœuds depuis notre arrivée à Sal, nous dérivons très vite, aussi je me mets rapidement à la rame pour tenter de nous dévier vers le dernier voilier de la baie. Si nous le ratons, c'est parti, en pleine nuit et sans vivres, pour une transat non préméditée!
Nous parvenons au voilier. A bord, un flibustier patibulaire, mais fort alcoolisé ;-), n'est pas en état de nous aider. Heureusement, le moteur finit par redémarrer et Eloé se retrouve à bon port.
Il faudra s'occuper de ce moteur rapidement: une nouvelle tâche urgente dans la "todo list"!

En parlant de la todo: aujourd'hui, nous avons réglé le problème de hissage de la GV. Elle reste assez dure à hisser, mais monte bien jusqu'en haut. Une bonne chose de faite.


Le 7 décembre, une forte houle de nord-ouest rentre dans la baie, par trains de 5 à 10 vagues, créant la confusion la plus totale: malgré 25 nœuds de vent dans la direction opposée, les bateaux sont agités dans tous les sens. Les plus proches de la côte manquent de peu de se faire prendre et embarquer sur la plage par les rouleaux. Tout le monde est sur le pont, chacun se demandant s'il ne vaut pas mieux lever l'ancre immédiatement... tout en sachant que la proximité des autres bateaux rend l'opération quasi impossible. Seule solution pour sortir du piège: abandonner (provisoirement) son ancre et sa chaîne.

Dans la soirée, tout rentre finalement dans l'ordre sans casse pour personne.



Des bateaux balancés comme des jouets...   


Avec les D'un B et les Albatres, nous nous interrogeons sur la suite du programme compte-tenu des conditions météo: le Cap-Vert est réputé difficile pour la navigation et pour ses mouillages très rouleurs. Notre première étape Capverdienne a pour seul intérêt la bonne tenue de son mouillage. Malgré leur attrait, nous ne souhaitons pas prendre le risque de nous déplacer vers les îles du sud pour tomber sur de telles conditions : où serait le plaisir?

Après de longues discussions, nous choisissons avec les D'un B de couper la poire en deux: nous n'irons pas au sud, mais nous arrêterons sur Sao Nicolau, sur la route de Sao Vicente, notre dernière étape avant l'Atlantique. L'accalmie annoncée par la météo devrait nous permettre de profiter de cette escale. Albatres, de son côté, choisit de se rendre directement sur Sao Vicente.

Il est temps de quitter Sal : le bateau est tout recouvert d'une fine couche de terre et il commence à y en avoir à l'intérieur!

Nav de nuit Sal - Sao Nicolau - 9-10 décembre 2007

Nous partons à 16h. Nous avons une douzaine d'heures de nav devant nous. Après la zone d'accélération à l'ouest de l'île de Sal, le vent retombe à 15 nœuds, puis dans la soirée à moins de 10 nœuds. Mais nous ne sommes pas pressés et les enfants dorment déjà : malgré les claquements du génois dus à l'instabilité du vent, pas question de mettre le moteur! Depuis qu'on en parle, il faudra quand même qu'on s'y mette, à tangonner le génois (c.à.d. le stabiliser en maintenant le point d'écoute à l'extérieur du bateau à l'aide d'une barre métallique: le tangon).

Pas de vent et un peu de mer = pas de vitesse. La nuit n'est pas très confortable!


Apache sous génois (photo D'un B)         

Au lever du soleil, l'île de de Sao Nicolau est en vue. Nous la contournons par le nord et arrivons à Tarrafal vers 8 heures le 10 décembre.

Sao Nicolau - 10 au 13 décembre 2007
Tarrafal : abats de poissons - plage

Contrairement à celui de Palmeira, le mouillage à Tarrafal se passe sans difficulté: très peu de vent, fond de sable dur.


A peine à terre, nous sommes accueillis par une horde de jeunes "gardiens d'annexes". L'un d'eux, 10 ans, nous suivra toute la matinée.

Sur la plage du mouillage, de nombreux déchets de poissons : entrailles, têtes, queues, branchies... les pêcheurs y vidant leurs prises dès leur retour à terre. Il règne aussi une odeur très désagréable : de l'autre côté de la route, une usine de fabrication de conserves de thon rejette elle aussi ses déchets sur la plage!

Le "bureau des affaires maritimes" parait surpris de notre passage: il semble que peu de plaisanciers viennent accomplir les formalités d'entrée-sortie de l'île... Sur une petite étagère tiennent toutes les archives des 30 dernières années!...



Fleur a le contact facile                  

Ici aussi, les Chinois sont très présents et tiennent les plus grosses boutiques.

Nous trouvons une jolie plage à la sortie de la ville, où Domitille, Marin, et même Fleur, joueront pendant 2 heures avec leur joyeux ami.

Sao Nicolau est l'île la plus verte de l'archipel. Effectivement, nous trouvons beaucoup plus, et une plus grande variété, de fruits et légumes.


Alugher - A la découverte de Sao Nicolau - PMT

Le lendemain, nous rencontrons Aurélio, un Cap-Verdien qui parle très bien Français : il l'a appris à l'Alliance Française de Sao Vicente, très active semble-t-il au Cap-Vert. Alors que nous cherchons un alugher (typique du Cap-Vert, l'alugher est une sorte de taxi qui attend d'être complet pour démarrer) pour visiter l'île, il nous propose ses services pour une balade sur mesure. Nous acceptons sa proposition et peu après, nous voici tous les 11 (7 Apache, 3 D'un B et Aurélio) à bord d'une camionnette de 12 places : pas besoin d'attendre d'autres passagers!

Nous aurions aimé faire plus pittoresque et embarquer dans l'un des nombreux camions beaucoup plus sobres : 2 bancs et pas de toit à l'arrière! Mais après 3/4 d'heure de piste défoncée, nous sommes contents de notre choix!


Nous débarquons dans un petit village en hauteur, du côté "vert" de l'île, c'est à dire au nord.

De là, nous partons pour 2 heures d'une superbe balade à pied sur un petit sentier très escarpé. Notre guide nous apprend que les écoliers l'empruntent tous les jours pour se rendre en classe! Nous sommes charmés par cette balade: dans les hameaux que nous traversons, le contact se fait tout seul, les sourires sont chaleureux et les regards bienveillants. Fleur et Domitille ont un succès tout particulier.

Quelle chance de découvrir un coin aussi brut, pas encore abimé par le tourisme!



Paysages accidentés de Sao Nicolau         


Un producteur de "Grog", le rhum local, nous offre des morceaux de cannes à sucre fraîches, que nous mâchonnons tous, même Fleur, jusqu'à Riviera Brava, la "grande ville" de l'île, destination de notre promenade.

Pique-nique puis visite de la ville. Là encore, nous sommes frappés par le nombre de magasins tenus par des Chinois.

Pour le retour sur Tarrafal, nous trouvons un alugher, prévu pour 12 personnes, mais dans lequel nous serons jusqu'à 12 adultes, 5 enfants et 3 bébés sur les genoux, et de nombreux sacs. parmi les passagers, des personnes rentrant dans leur village et des Sénégalais, au Cap-Vert pour le "business": ils importent principalement des vêtements qui semblent plaire aux Cap-Verdiennes. Quand on leur demande ce qu'ils pensent de la concurrence des chinois, ils répondent qu'ils sont partout, et pas seulement au Cap-Vert! L'un deux porte d'ailleurs une casquette marquée "made in china"! Difficile de lutter!

Le trajet dure 2 heures, sans amortisseurs et toujours sur piste défoncée!

Le 13 décembre, après l'école du matin pour les uns et la réparation du moteur de l'annexe pour l'autre, c'est... plage l'après-midi! Ça fait du bien de reprendre les bonnes habitudes! ;-)

Equipés PMT, nous découvrons à quelques mètres de la plage des fonds rocheux superbes et très poissonneux : en moins d'1/2 heure, nous voyons 2 mérous dans moins de 5 mètres d'eau, 1 murène, 1 tétrodon qui se gonfle en nous voyant approcher, une espèce de serpent s'enfonçant dans le sable, des chenilles (?) et des limaces, des bancs entiers de poissons multicolores, des oursins à grosse épines courtes, d'autres à longues épines fines... MAGNIFIQUE! Et pour couronner le tout, pas de sachet ni de bouteille en plastique!

Le soir, les "gardiens d'annexes" sont un peu excités et font involontairement tomber Carole et Fleur à l'eau. Plus de peur que de mal, mais il fait nuit et frais, il faut vite rentrer se sécher.

Nav Sao Nicolau - Sao Vicente - 13 décembre 2007

Nous levons l'ancre à 7h. Arrivée prévue vers 17h.

Pas de vent au départ, puis l'accélération à 20/25 nœuds à l'ouest de l'île.

Tout le reste se fait avec 15 à 20 nœuds au bon plein (entre le près et le petit largue, qui se trouve lui-même avant le travers -- je dis ça pour Olivier Tch. qui m'a dit que je faisais exprès de faire le malin ;-)).

Nous "fonçons" à 7 nœuds... et arrivons beaucoup plus tôt que prévu: 14h30! Bravo Apache!

La légère bruine que nous avons eue presque tout le long n'a pas suffit à enlever la terre qui recouvre le bateau depuis notre passage à Sal.

Sao Vicente - 13 au 17 décembre 2007

En arrivant au port de Mindelo, nous avons l'impression d'un Gibraltar-bis : des cargos partout, moche, industriel et gris! Nous ne resterons que le temps nécessaire pour faire les pleins!

Le mouillage est encore une fois difficile: les places libres ne le sont pas pour rien: le fond est vaseux et l'ancre accroche mal. Il nous faudra 4 essais sous l'œil amusé des voisins... mais c'est comme ça qu'on progresse: à force, nous mouillerons bientôt du premier coup dans toutes les situations !

Le jour-même, nous faisons les papiers d'entrée sur l'île.
Comme nous sommes vendredi, donc veille de week-end, je reviens l'après-midi pour les papiers de sortie (prévue dimanche), car ces messieurs de la police n'ont pas voulu faire les deux en même temps, "question de principe!" :-(
La sortie étant pour une raison inconnue beaucoup plus longue que l'entrée, je ressors de la police trop tard : le bureau de l'immigration, où nous devons faire tamponner nos passeports, a déjà fermé... avec 20 minutes d'avance!... re :-(


Nous décalons donc le départ à lundi.
Cela nous laisse le temps de découvrir la ville et de se faire une idée plus juste. Loin de la grande ville dangereuse que l'on nous avait décrite, Mindelo est une ville bien plus agréable que ce que le port laisse imaginer. A aucun moment, même dans les quartiers pauvres (marché au poisson) nous ne nous sommes sentis en danger.

N'ayant pas trouvé de laverie automatique en ville (le prix d'un pressing pour une famille de 7 personnes étant rédhibitoire), et malgré la pluie, Carole lave l'équivalent de 2 machines à la main. Grâce au vent, tout finit par sécher, protégé sous la capote.



Le soir, Juliette et Philippine font une "soirée pyjama" sur D'un B pour l'anniversaire d'Eloé.

Le samedi après-midi, nous déplaçons le bateau à la Marina, dans le but de permettre aux enfants de se défouler sur les pontons avant la grande traversée et de faire le plein d'eau et de sommeil. Manque de chance, l'eau ne marche pas ce week-end!

Le dimanche matin est consacré au grand rangement avant le départ. Faute d'eau, les autres lessives, car il s'en empile tous les jours, attendront!

A midi, déjeuner super-sympa dans un restau avec les D'un B. Puis nouvelle balade en ville.

Dans l'après-midi, montée en haut du mât pour réparer le feu... de mat. Opération vite réalisée: simplement l'ampoule à changer. J'en profite pour brosser les contacts un peu oxydés. Coincé entre les drisses et le haubanage, les mouvements sont limités. Mon coude heurte l'ailette d'anémomètre, qui chute aussitôt en tournoyant, à une dizaine de mètres du bateau. Quel manque de chance!

Le soir, rédaction du carnet Cap-Vert. Objectif : mise en ligne lundi matin avant le départ!

Il y aura d'ailleurs encore pas mal de choses à faire avant de décoller, et en particulier les pleins de fruits et légumes en ville, puis d'eau et de gasoil au port de pêche.

Ensuite, c'est parti pour 15 à 20 jours sans voir la terre!

JP

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