Nous avons été un peu optimistes
en imaginant avancer à 4 nuds de moyenne:
le courant est très fort au départ
de Bonaire et nous n'avançons qu'à
2,5 nuds. Même chose à l'approche
des îles sur la route...
Le vent est plus fort qu'annoncé par la
météo : 15 à 20 nuds. Avec
le vent en plein dans le nez, l'utilisation des
voiles nous fait certes gagner en vitesse, mais
perdre en cap et nous dérivons alors trop
pour que ce soit intéressant. Le moteur
tourne donc pendant toute la route.
Heureusement, la météo ne s'est
pas trompée sur la hauteur des vagues:
2m, ce qui reste très supportable, même
face au vent.
Dans la journée, tout le monde préfère
rester dehors à prendre l'air.
La nuit, Carole et moi laissons notre cabine arrière,
moins secouée que celle d'avant, à
Philippine et Juliette. Ça tape pas mal toute
la nuit, mais ça n'empêche pas les
enfants de dormir.
Le lendemain, la mer est un peu plus plate et
la fin de la route est plus confortable.
Moment de calme après une nuit de nav
Nous mettons finalement 30 heures pour parcourir
100 milles, soit moins de 3,5 nuds de moyenne.
Los Roques : Sarqui (2ème)
Nous aurions voulu aller sur Gran Roque directement
pour nous connecter à internet et prendre
les prévisions météo pour
les prochains jours, et poursuivre dès
le lendemain notre route vers Margarita.
Mais nous atteignons l'ouest de l'archipel de
Los Roques trop tard pour tenter d'aller plus
loin. Nous nous arrêtons donc sur l'île
de Sarqui.
Le soleil est déjà trop bas pour
voir le fond, mais pas de souci: nous connaissons
ce mouillage déjà fait lors de notre
premier passage. Comme cette première fois,
nous sommes seuls au mouillage.
Quel plaisir de revenir ici, au Venezuela,
dans cet archipel si tranquille et si beau, où
nous étions passés un peu rapidement
à l'aller. Après Bonaire et Curaçao,
c'est un vrai bonheur!
Le lendemain, nous quittons Sarqui à 9h
pour faire les 10 milles qui nous séparent
de Gran Roque.
Los Roques : Gran Roque (2ème) - Apache l'indécis
A peine arrivés, nous testons la connexion
wifi depuis le bateau. Zut, ça ne marche
pas du tout, alors que nous sommes mouillés
plus près du village que la dernière
fois!
Nous descendons tous à terre et arrivons
juste avant la fermeture dans un cyber espace.
La météo n'est pas aussi favorable
qu'espéré, mais en décalant
notre départ d'un jour, ça devrait
aller.
Nous recevons des mails d'autres bateaux amis.
Grenouille, notre compagnon de route des débuts,
arrive des Antilles vers le Venezuela
: ce serait sympa de se revoir après tout
ce temps! Un autre, Yalling'Up, rencontré
à Madère, arrive aussi des Antilles
et poursuit ensuite sur la République Dominicaine,
puis Cuba, puis les Bahamas... un programme pas
si éloigné de celui que nous venons
d'abandonner (Cuba direct puis Bahamas), et qui
nous fait à nouveau hésiter pour
la suite!
Nous décidons de rester un peu sur Los
Roques en attendant d'avoir des nouvelles de ces
2 équipages.
En rentrant au bateau, nous rencontrons Christophe
et Catherine, sur Harem, avec leurs 3 filles India
(8 ans), Jenna (6 ans) et Audrey (3 ans). Après
Los Roques, ils repartent vers le sud des Antilles
via Margarita et le continent Venezuélien:
si nous maintenons le choix du retour par l'est,
nous pourrons faire la route ensemble, ce sera
l'occasion de faire de nouvelles escales au Venezuela.
Pour l'heure, Harem va sur l'île de Francisquis,
au nord-ouest de l'archipel de Los Roques, et
à moins de 2 milles de Gran Roque. Nous
nous donnons rendez-vous l'après-midi pour
discuter de nos programmes respectifs.
Los Roques : Francisquis - "Beaucoup"
de monde
La proximité de Gran Roque fait de Francisquis
une île très fréquentée:
beaucoup de voiliers au mouillage, mais aussi
de nombreux touristes, déposés là
pour la journée avec glacière et
parasol par des "water-taxis". C'est
pour cela que nous l'avions zappée à
l'aller.
Il faut quand même relativiser: avec une
trentaine de personnes à terre, il n'y
a rien à voir avec les plages bondées
de Méditerranée, et il ya largement
la place pour tout le monde! Et puis ceux amenés
en water-taxi repartent vers 17h, nous avons donc
l'île pour nous toute la soirée.
Encore un très bel endroit: grand lagon,
bandes de sable entre les plages, piscines "naturelles"
entourées de corail où les poissons
se laissent toucher, couleurs... tout y est!
Nous rencontrons le catamaran Téou (Christophe
et Maïken et leurs enfants Timéry
(3 ans) et Anthonin (8 mois)), en voyage depuis
13 ans, qui remonte après les Caraïbes
vers le Canada puis le grand froid du Groenland!
Après-midi puis apéritif sur la
plage avec les 3 équipages, les enfants,
privés de copains depuis un bon moment,
se régalent!
Après 2 jours, nous quittons Francisquis
pour Noronsquis, à 1/2 heure de nav (sur
l'archipel il y a toujours une île à
moins d'une heure de nav).
Los Roques : Noronsquis (Bequeve) - Beaucoup de
tortues
Le mouillage de Noronsquis est un petit lagon
coincé entre 2 îles et un récif
corallien. Il y a de la place pour 4 voiliers,
guère plus. Mieux vaut arriver avant les
charters (bateaux de location avec skipper) si
vous voulez de la place! Vers 16h, ces derniers
repartent et laissent Harem et Apache seuls au
mouillage.
Les mots et les superlatifs commencent à
nous manquer pour décrire l'endroit. Disons
que tous ces coins sont plus beaux les uns que
les autres. Ce qui change, c'est la présence
d'oiseaux ou non, de végétation
ou non (certaines îles sont bordées
de mangroves), de touristes avec glacière
ou non, de récifs coralliens ou non.
Une particularité quand même à
ce mouillage: la présence de nombreuses
tortues peu farouches, qui à peine le bateau
mouillé, viennent nous rendre visite en
espérant quelque chose à manger!
Los
Roques : Felipe
Téou, Harem et Apache se retrouvent sur
la route entre Noronsquis et Felipe. Toutes traînes
sorties, soit 7 en tout, nous "ratissons
la mer" dans la zone la plus profonde de
l'archipel (+ de 100m).
Nous prenons un thon juste au moment d'arriver
sur le mouillage. Contre l'avis de Carole, je
laisse le thon "surfer", maintenu en
surface par 2 mètres de traîne, le
temps de rentrer les voiles.
Pas de chance -- ou évidemment, selon le
point de vue --, le thon parvient à se
libérer... Carole, relayée le soir
par les autres équipages, ne se fait pas
prier pour se moquer de moi, pauvre pêcheur!
Bouh! Notre premier thon depuis le départ!...
:-(
Téou, lui, n'a pas laissé échapper
un beau barracuda.
Nous tenions à faire ce très beau
mouillage de Felipe, au sud-est de l'île
de Carenero, que nous avions vu de loin à
l'aller: beaucoup de végétation,
une grande baie avec partout autour une eau aux
couleurs magnifiques. Une très jolie plage
au bord de laquelle vivent de nombreux lambis.
A Felipe, les enfants découvrent
la "5ème cabine" d'Apache
Le soir, apéro sur Téou pour les
parents et les plus jeunes, pendant que les "grands"
regardent un dvd sur Apache. Nous dégustons
le barracuda de Téou en "ceviché"
(macéré dans l'huile d'olive, avec
oignons, mangue et gingembre par exemple, sinon,
avec ce que l'on a à bord, et 10 minutes
avant de servir, largement arrosé de citron.
cela doit "baigner"...) et la discussion
tourne , comme souvent, autour des prochaines
destinations de chacun. Nous ferons certainement
un bout de route avec Harem le long du continent
Venezuélien: la navigation
vers l'est est plus facile près des côtes
qu'en pleine mer. Et de ce côté-là,
pas de problème de pirates.
Los Roques : Gran Roque (3ème et dernière)
- Apache l'indécis (2ème)
Nous quittons Téou et Harem : nous devons
repasser à Gran Roque pour consulter nos
mails et prendre une décision pour la suite.
Mais les mails attendus ne sont pas encore arrivés:
il faut dire que comme nous les autres bateaux
n'ont pas souvent d'accès internet! Pas
facile de se donner rendez-vous lorsque l'on ne
peut donner des nouvelles qu'une fois par semaine
et à sens unique!
Nous prenons donc les devants et indiquons notre
programme pour les jours à venir: après
un dernier mouillage à l'est de l'archipel,
nous quitterons Los Roques le 17 mars, direction
Caranero (85 milles au sud) sur le continent.
Puis navigation vers l'est le long des côtes
jusqu'à Puerto La Cruz (100 milles), puis
balade dans le golfe de Cariaco. Vers le 25 mars,
nous devrions repartir vers Margarita.
Nous ferons ce trajet avec Harem. D'ici là,
nous aurons reçu les mails attendus et
en fonction de la compatibilité des dates
et des escales, nous choisirons notre route pour
la suite du programme!
Plus que jamais : à la voile, le seul
programme, c'est pas de programme!
Mais le temps passe, et il va falloir trancher
très vite!
Pour notre dernière nuit à Los
Roques, nous préférons faire un
nouveau mouillage que rester devant Gran Roque.
Nous partons après quelques allers-retours
en annexe pour faire le plein d'eau (plus simple
que la solution avec tuyaux expérimentée
lors de notre premier passage dans l'archipel!).
Los Roques : nordisqui
Nous convenons avec Harem de nous retrouver le
lendemain à Boca del Medio (la "passe
du milieu"), un mouillage sur la route pour
sortir de l'archipel. Ils y ont déjà
mouillé, et ont trouvé l'endroit
magnifique.
Nous sommes moyennement rassurés de nous
engager de ce côté-là de l'archipel,
pleins de récifs et de hauts-fonds.
En chemin, nous décidons finalement de
trouver un autre mouillage pour la nuit. Proche
et si possible nouveau: nordisqui ou Cayo Vapor,
2 petites îles au nord est de l'archipel,
à 3 milles de là.
L'accès se fait à vue, et pendant
près d'1/2 mille, nous slalomons entre
les récifs et les bancs de sables affleurant.
L'approche se fait alors que le soleil est encore
assez eau pour que l'on distingue aisément
les différences de couleurs des fonds.
Quelques tâches sombres nous inquiètent
un peu, car nous n'avons pas d'autre choix que
de passer dessus, mais il s'avère que ça
passe largement à chaque fois (nous n'avons
jamais moins de 4,5 mètres de fond).
Arrivés devant nordisqui, nous constatons
qu'il y a moins de place qu'il ne paraissait sur
le guide. Nous mouillons entre un banc de sable
à 50m devant le bateau et un long récif
50 mètres derrière. Autour, beaucoup
de tâches sombres, dues pour la plupart
à des algues au fond, et quelques récifs.
Avec 35m de chaîne, le bateau a assez de
place pour tourner autour de son ancre sans rien
toucher.
Mais tout est question de point de vue. Et puis
la loi de Murphy (vous savez, celle de l'emmerdement
maximum), qui sévit avec force sur la majorité
des voiliers rencontrés, veut que lors
de nos mouillages un peu chauds, Fleur commence
à se réveiller en pleurant, les
enfants à se disputer ou réclamer
le goûter, quelqu'un nous appeler à
la VHF...
Bref, ce mouillage n'échappe pas à
la règle, et s'ensuit une jolie engueulade
à haut niveau sonore. Il faut dire que
la veille, nous avons dérapé en
pleine nuit devant Gran Roque, de près
de 40m vers le large... ici nous n'avons pas beaucoup
de marge de sécurité et remouiller
en pleine nuit sans voir le fond serait très
aléatoire!
Mais contrairement à Gran Roque, la couche
de sable est profonde et l'ancre s'y est bien
enfoncée.
Je pêche un pagre que nous mangeons le soir-même:
ceux qui aiment le moins le poisson le trouvent
très bon: "on dirait du Findus!".
Les autres ne lui trouvent qu'un léger
goût, plutôt mauvais. Nous éviterons
le pagre à l'avenir.
Et pour la sérénité de l'équipage,
la prochaine fois, nous irons directement au mouillage
prévu initialement, Boca del Medio, certainement
pas plus difficile d'accès!
Le lendemain matin, nous profitons d'une jolie
petite plage pour nous tout seuls quelques heures
avant de lever l'ancre.
Los Roques : partie est jusqu'à la passe
de Sebastopol
Après 1/2 heure de slalom pour sortir
de nordisqui, nous quittons ce mouillage "tonique"
et retrouvons Harem en chemin.
Nous poursuivons ensemble vers le sud-est de
l'archipel, entre 2 longues bandes de récifs
coralliens. de temps en temps, une patate ou un
ban de sable à contourner mais avec le
soleil au zénith, tout cela est très
prévisible et tout se déroule sans
aucun problème ni angoisse particulière.
Peut-être l'entraînement de la veille?
Plus certainement le fait que les cartes donnent
l'impression que l'on ne peut pas faire 10m sans
avoir à éviter un récif,
alors qu'en réalité, avec les différences
de couleurs, tout est finalement très simple!
Nous sommes contents d'avoir pu repasser par
Los Roques : sans cette partie-là de l'archipel,
notre séjour ici n'aurait pas été
complet!
Vers 14h, nous mouillons pour l'après-midi
juste avant la passe de Sebastopol, que nous franchirons
vers 17H, pour une nav de nuit jusqu'à
Carenero sur le continent.
Nous profitons de ce tout dernier mouillage pour
nous détendre: baignade entre les bateaux,
toboggan sur la jupe arrière d'Apache, balade
sur le récif : d'un côté,
la mer des Caraïbes, très calme aujourd'hui,
de l'autre les eaux transparentes de l'archipel
de Los Roques.
A 17h30, nous levons l'ancre et quittons Los
Roques après 2 fois 9 jours passés
ici. Appel radio à Téou pour un
dernier au-revoir, et c'est parti pour une nouvelle
partie du voyage: quelques jours le long des côtes
Venezuéliennes!