Porlamar
(2 au 7 février): Carnaval - Formalités
à rallonge - Taux de change officieux
Nous arrivons à 16h à Porlamar,
la plus grande ville de Margarita. Nous mouillons
par 3,5m d'eau sur un fond de sable, mais des
algues empêchent l'ancre d'accrocher. A
la 3ème tentative, nous trouvons un emplacement
sans algues et tout va bien.
Nous sommes donc là pour:
- un gros plein avant de partir quelques semaines
sans possibilité d'approvisionnement
- les pleins de carburants, d'eau et de gaz
- les formalités d'entrée/sortie
du Venezuela
Mais nous tombons en plein week-end de carnaval : tout
est à priori fermé jusqu'à
mardi 5 février!
Pour les formalités, après une
bonne surprise (bureau ouvert ce week-end de carnaval,
ouf!)) et malgré l'accueil très
souriant des fonctionnaires, nous retiendrons
que c'est vraiment pénible: entre les absences
et les erreurs, il nous faut 3 jours et 300 Bolivars
(environ 20 euros) pour l'entrée, et 2
jours et 69 Bolivars pour la sortie...
Pour les courses, nous utilisons le service proposé
par la "marina Juan" (un peu surfait
comme nom: il n'y a qu'un ponton accessible aux
seules annexes!) : aller/retour gratuit en bus
à touristes pour le super-centre commercial
Sigo, bien entendu ouvert et bondé ce week-end
où tout le reste est fermé. Pratique
de pouvoir se faire transporter nos 4 caddies
jusqu'au ponton! Tout transporter dans l'annexe
sans rien faire passer par dessus-bord est plus
périlleux mais on y arrive!
Il semble que ce soit courant au Venezuela
: impossible depuis 2 semaines de trouver du riz,
du sucre, du lait, du PQ!!!
Pour les pleins d'eau et de gasoil, nous prenons
notre mal en patience et attendons sagement le
passage des "lanchas" (bateau à
moteur hors-bord), vendant à la criée
entre les bateaux au mouillage. Plein de gasoil
un jour, plein d'eau le lendemain.
Pour le gaz, nous n'avons plus la patience d'attendre:
bientôt une semaine que nous sommes là
alors que nous espérions boucler le tout
en 2 jours!!!
Je fais l'aller-retour en taxi (20 Bolivars,
soit 3 euros seulement pour 20km!) jusqu'au central
et rentre 1h après avec nos 2 bouteilles
de camping-gaz pleines! Il était temps:
la 3ème et dernière est déjà
bien entamée!
Pour tous ces achats, nous devons faire du change.
Au Venezuela, il faut éviter
les banques et les "casa de cambio",
qui pratiquent le taux officiel : 2,9 Bolivars
pour 1 euro.
En cherchant un peu, on trouve des boutiques
qui font le change à un taux plus en phase
avec la réalité : selon les jours
et les personnes, de 5 à 6,5 Bolivars pour
1 euro! Au bord de la mer, c'est le cas de Juan
(de la marina du même nom) et de Luis (son
concurrent infiniment plus sympathique) qui nous
avance même 200 Bolivars le premier jour
alors que nous n'avons pas d'euros sur nous!
A Sigo, pas de change possible, mais les caisses
acceptent le paiement en euros, au taux incroyable
de 7 Bolivars pour 1 euro!
En ville, à moins de bien connaître,
mieux vaut pour des raisons de sécurité
éviter de se balader en demandant "qui
veut changer mes euros?"...
Nous faisons la veille du départ un petit
aller-retour en ville en taxi pour assister au
défilé du carnaval. L'occasion pour
les enfants d'exhiber fièrement les masques
fabriqués à l'école des Testigos!
Nous n'amenons pas l'appareil photo, histoire
de ne pas attirer les pickpockets... et de bien
surveiller les enfants.
C'est d'abord nous qui avons l'impression de
défiler avec la foule de part et d'autre
de la rue, qui nous regarde passer en attendant
le défilé officiel!
Puis c'est le tour des majorettes, fanfares et
chars de passer. Ambiance bon enfant, mais les
bousculades lorsqu'ils envoient des bonbons, et
l'agitation qui monte nous font renoncer. Nous
préférons rentrer au bateau avant
la nuit.
Juangriego (7/8 février): 1 an Fleur - Halte-éclair
Nous partons le 7 février à 7h
de Porlamar : aujourd'hui, Fleur a 1 an: après
son 1er Noël et son 1er jour de l'an sur
l'Océan Atlantique, Fleur souffle sa 1ère
bougie sur la Mer des Caraïbes!
Bon anniversaire petite voyageuse!
Nous devions partir avec Thasard, le catamaran
français rencontré aux Testigos.
Mais son équipage, refroidi par la recrudescence
d'actes de violence envers les plaisanciers sur
le Venezuela, a décidé
de rebrousser chemin et repart aux Testigos avant
de remonter l'arc Antillais.
De notre côté, nous avons sans succès
passé des appels radios les jours précédents
pour prendre contact avec des bateaux allant sur
La Blanquilla.
Pas mal le gâteau au chocolat de maman!!
Par chance, nous levons l'ancre en même
temps qu'un bateau italien, Tomoe, et un canadien,
Eccentricity!
Comme nous, ils contournent par l'ouest l'île
de Margarita, jusqu'à Juangriego où
nous faisons halte pour éviter la navigation
de nuit jusqu'a La Blanquilla.
Nous faisons une rapide balade dans cette petite
station balnéaire, bien plus agréable
que Margarita! Si la station de carburant n'était
pas réservée aux pêcheurs,
ce serait parfait!
Juangriego en fin d'après-midi
Traversée
Margarita - La Blanquilla - 8 février
2008
Nous repartons de Juangriego le lendemain à
5h en compagnie de Tomoe et Eccentricity. C'est
parti pour 60 milles avec 15-20 nuds de vent
au travers, 3m de vagues et 1 nud de courant
portant.
Ça commence mal, puisque 10 milles plus tard,
toutes voiles dehors, nous traversons un filet
de pêche. Heureusement, il passe sous le
bateau sans se prendre dans l'hélice. Mais
la bobine de traîne, elle, se dévide
à toute allure: vite, des ciseaux! Ouf!
coupée!
Il n'y a plus qu'à refaire un bas de traîne!
Le reste de la navigation est mitigé:
les enfants ont un peu mal au cur, et de nombreux
grains nous imposent autant de manuvres de prises
et lâchers de ris.
Mais nous marchons à près de 8
nuds de moyenne, et pendant 3/4 d'heures, 4
dauphins nous accompagnent: à l'étrave
d'abord, puis à l'arrière du bateau,
où nous retournons pour plus de sécurité,
la mer étant très agitée.
Nous croisons un cargo à mi-course. Il
fait route vers l'Est, probablement vers Grenade.
Los Hermanos, un ensemble d'îles au sud-est,
nous annonce l'approche de La Blanquilla. Puis,
1 heure seulement avant l'arrivée, cette
île toute plate finit par apparaître
à l'horizon.
Nous arrivons par 25 nuds de vent, 2 ris dans
la GV et autant dans le génois.
La
Blanquilla - 8 au 16 février 2008
Playa
Falucho : Attention, Patates!
Le fond de sable est parsemé de nombreuses
patates de corail. Nous prenons soin de viser
un espace de sable, mais avec ce vent, ça
ne rate pas : l'ancre n'a pas le temps d'accrocher;
elle dérape et, tirée par les 10
tonnes du bateau emporté par le vent, vient
se coincer solidement entre 2 patates par 8m de
fond!
C'est sûr, elle ne bougera plus, de ce
point de vue là, on est "tranquille"
pour la nuit! Le vrai problème est: comment
repartir? Mes efforts le soir même pour
décoincer l'ancre sous l'eau restent vains
: la tension sur la chaîne est trop forte.
Il fait déjà sombre, nous verrons
demain.
Eccentricity, arrivé peu après,
décide d'aller mouiller plus à l'ouest
de l'île. Nous nous donnons rendez-vous
le lendemain.
Quant à Tomoe, il a fait route beaucoup
plus à l'est que nous, et à mi-chemin,
nous l'avons perdu de vue... où est-il
donc parti?
Nous passons l'après-midi sur la petite
plage de sable blanc et aux eaux turquoises.
Un garde-côte, venu de la caserne située
au bout de la plage, vient nous saluer et demande
à "inspecter" le bateau.
En fait, il s'agit plus pour lui de saisir l'occasion
de remplir une de ses fiches: du fait de sa position
en dehors des routes habituelles, La Blanquilla
est l'une des îles les moins fréquentées
du Venezuela! Lorsque je
lui propose de rejoindre le bateau avec notre
annexe, il répond qu'il préfère
utiliser celui de la caserne, car il a besoin
de faire tourner le moteur de temps en temps!
Il s'aperçoit d'ailleurs que le bateau
est un peu lourd et appelle 2 collègues
en renfort!
A bord du bateau, l'inspection consiste simplement
en une série de questions du style "Avez-vous
une VHF? Une pompe de cale? Combien de moteurs?"...
Suivi d'une très brève visite à
l'intérieur.
Le tout a duré moins de 20 minutes (hors
attente des collègues pour la mise à
l'eau!), et s'est terminé par une bière...
pas forcément intéressée,
mais on ne sait jamais: peut-être aurons-nous
besoin d'eux demain pour décoincer l'ancre!
Apache est fortement balancé par la houle:
la nuit est très mauvaise! C'est donc fatigués
et de mauvaise humeur que nous reprenons à
7h du matin nos efforts: Philippine est à
la barre, (Juliette surveille Fleur), Carole au
guindeau pour remonter la chaîne, et moi
dans l'eau. Le vent s'est un peu calmé,
mais l'ancre est toujours à 8m de fond...
j'attache un bout à la tête de l'ancre
pour tirer, les pieds calés contre les
patates, dans le sens opposé à la
traction du bateau. Mais mon souffle est insuffisant
et l'énergie dépensée réduit
la durée des plongées. Après
1/2 heure, je n'ai pas beaucoup avancé.
Arrivent alors spontanément à la
rescousse 3 pêcheurs, à bord d'une
lancha équipée de 2 gros moteurs...
Ils prennent moins de précaution que moi
avec le corail, tirent sur le bout, et en 2 minutes,
l'ancre se soulève, brisant les 2 patates!
Désolé pour le corail: l'important
pour nous à ce moment-là est qu'Apache
soit à nouveau libre de ses mouvements!
Les pêcheurs nous saluent. Nous aimerions
pouvoir les remercier d'une façon ou d'une
autre, mais les voilà déjà
qui s'éloignent!
Nous quittons ce premier mouillage de la Blanquilla
et partons rejoindre Eccentricity à l'ouest.
Playa El Yaque : Carte postale - Langoustes - 1ers
pas Fleur
Nous jetons l'ancre par 7m de fond. Mais encore
une fois, pas de chance: le vent est remonté,
et notre ancre, probablement tombée sur
du rocher de la même couleur que le sable,
dérape. La profondeur augmente vite et
bientôt, nos 30m de chaîne se retrouvent
pendus dans les profondeurs à l'aplomb
du bateau. Le guindeau ne veut rien savoir : trop
lourd. Moi non plus, je ne peux pas faire grand
chose! Nous commençons à remonter
l'ancre à l'aide des drisses de trinquette
et de spi utilisées tour à tour,
lorsqu'un homme vient nous prêter main forte.
A 2, nous parvenons rapidement à remonter
l'ancre. Il nous confirme que par endroit le sable
s'est transformé en pierre : impossible
d'y faire tenir une ancre.
Le deuxième essai est le bon. Nous voilà
mouillé en face de notre plus belle plage
depuis le début du voyage! Les couleurs
du cadre (ça fait du bien de les répéter
: sable blanc, eaux turquoises et bleues, végétation
vert vif) et celles des maillots mettent en valeur
les bronzages!
Les fonds sont légèrement troublés
à cause du vent, mais restent magnifiques
et poissonneux. Que ce soit depuis le bateau ou
de la plage, les enfants commencent à vraiment
apprécier les sorties PMT. Avant, nous
leur disions: "Venez voir le poisson!".
Maintenant ils se lancent: "Oh! Y'en a aussi
des tout petits rouge et noir!"
Playa El Yaque
Pour l'école, nous adaptons notre emploi
du temps à celui de Fleur et du soleil.
Le soleil se lève tôt, vers 6h00,
et se couche vers 18h00. Nos journées au
mouillage ressemblent donc plus ou moins à
cela :
2 heures et demi d'école pour les 4 grands,
puis baignade tous ensemble ou pêche. Ensuite,
déjeuner à bord. Puis 1h30 d'école
et fin d'après-midi à la plage.
Oui, oui, il y a plus stressant comme programme...
Le 10 février, un bateau de pêcheurs
vient mouiller parmi les voiliers. Un des pêcheurs,
Bernardo, accepte de m'amener avec lui pêcher
la langouste. Après 15mn en annexe, nous
jetons l'ancre dans une petite baie renfoncée
et plongeons. Quelques minutes plus tard, il m'appelle
: "Hai aqui!" (il y en a ici!). Tout
un groupe de langoustes se cachent sous des branches
de corail. Nous en attrapons 6 petites dont nous
nous régalerons le soir même! Fleur
aura droit à une bouchée, mais pas
plus parce que nous ne sommes pas sûrs que
ça soit une bonne idée à
son âge.
En échange de sa gentillesse et de son
temps, Bernardo finit par accepter une bière...
puis devient moins timide et nous demande franchement
si nous avons: des piles, des hameçons,
un bout pour attacher son canot!... que nous lui
donnerons volontiers. Mais quand même :
gentils, ces pêcheurs, mais les pieds sur
terre!!!
Malgré le vent fort permanent et le temps
souvent couvert voire pluvieux, nous sommes vraiment
bien ici et décidons de profiter encore
un peu de ce joli mouillage tranquille.
Ces quelques jours d'entraînement permettent
à Fleur de faire ses premiers pas: 1, 3,
7, 10 pas... puis elle se lance, toute seule,
dans le sable, et en pente!
Bon, pour l'instant, elle marche un peu en crabe...
mais l'on pouvait s'y attendre!
Une fin d'après-midi, une vague remplit
l'annexe alors que nous embarquons pour rentrer
au bateau. Tout le monde est trempé.
1ers pas de Fleur
(là, elle est encore un peu aidée
par sa maman)
Il fait frais, et il y a beaucoup de vent; le
lendemain matin, Fleur a 39 de fièvre,
et il faut 3 jours avant que ça passe!
Privée de sortie, elle continue de s'entraîner
dans le bateau... ce qui n'est pas plus facile,
car ça bouge tout le temps!
Les jours suivants, nous essayons de pêcher.
Au fusil, malgré la profusion de poissons,
difficile de prendre une prise de taille correcte.
Et puis, on ne peut quand même pas tirer
les curieux qui viennent observer le bout du fusil!
Résultat : seulement un barracuda en une
semaine!
A la traîne, derrière l'annexe,
nous avons encore moins de succès : bredouilles!
Nous faisons donc à appel à d'autres
pêcheurs, qui nous échangent 3 petits
thons contre 4 piles, puis 2 poissons non identifiés
contre une bouteille de sangria achetée
au Canaries.
Le dernier après-midi, les enfants font
du "ski nautique" (allongés sur
un bodyboard) derrière l'annexe.
Nous quittons la Playa Yaque, et La Blanquilla,
le 16 février à 16h30.
Direction : l'archipel de Los Roques!